Changement au Ministère de l’administration du territoire : Qu’en pense l’opposant Cellou Dalein Diallo ? (Interview)
CONAKRY- Comment l’opposition guinéenne a accueilli la nomination d’un militaire à la tête du département chargé de l’administration du territoire et de la décentralisation ? Le Général Bouréma Condé qui a été nommé ce mardi par le chef de l’Etat, remplace désormais Alhassane Condé. Le chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo s’est montré pessimiste quant à un changement réel dans les relations entre les partis politiques de l’opposition et le pouvoir du président Alpha Condé. Dans cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, le leader de l’UFDG fait également une critique très acerbe sur le retour des militaires au sein de l’équipe gouvernementale. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Cellou Dalein Diallo bonjour !
CELLOU DALEIN DIALLO : Bonjour Monsieur Souaré !
Comment avez-vous accueilli l’arrivée à la tête du département de l’administration du territoire du Général Bouréma Condé à seulement quelques mois des prochaines consultations électorales ?
Je n’ai pas beaucoup de commentaires à faire. Je sais que la politique se définit à Sékhoutouréya. Alhassane Condé, avant d’être ministre était un intellectuel apparemment honnête, mais une fois qu’il a pris ses fonctions, personne ne l’a reconnu. A travers des propos contradictoires, des contrevérités qu’il défendait ici et là. Il n’a rien fait pour rendre les élections libres et transparentes, il n’a rien fait pour favoriser un dialogue de bonne foi entre le pouvoir et l’opposition.
En ce qui concerne, Monsieur Bouréma Condé qui était Chef d’Etat Major particulier de Monsieur le Président de la République, je ne pense pas que son arrivée au ministère de l’administration du territoire puisse être traduite par des changements importants, dans la mesure où je sais la politique se définira à Sékhoutouréya, et il ne fera que l’appliquer.
Quelle est votre opinion sur le retour des militaires au sein de l’équipe gouvernementale ?
C’est une militarisation du département, mais je ne sais le motif réel qui a fait que Monsieur Alpha Condé a choisi un militaire plutôt qu’un civil. Tout ça peut être considéré comme quelques pas en arrière. Mais ça dépendra aussi du comportement du nouveau ministre. Est-ce qu’il va travailler pour la consolidation des règles démocratiques ? Je doute qu’on puisse le faire sous le règne d’Alpha Condé, parce que ce n’est pas sa vocation, ni sa préoccupation. Le Général Bouréma Condé connait la Guinée plus qu’Alhassane Condé, il a été sous-préfet, gouverneur de région, il connait bien le pays, il connait les préoccupations des guinéens, mais est-ce qu’il aura la volonté ou la marge de manœuvre de mener une politique qui va dans le sens de la consolidation de la démocratie, de la paix et de l’unité de la nation ? Parce que le ministre de l’administration du territoire a un rôle central à jouer dans l’instauration du dialogue politique, dans le respect des lois de la République, celle en particulier relative aux élections, mais vraiment je ne me fais pas d’illusion, je sais, tant qu’Alpha Condé sera là, c’est lui qui définira les politiques et les pratiques à mener.
Voyez-vous en cette nomination une volonté du Président Alpha Condé d’avoir une main mise sur tous les administrateurs territoriaux ?
Avec un militaire ça sera certainement plus rigoureux, sinon les administrateurs territoriaux sont au service du RPG (parti au pouvoir, Ndlr). Vous avez vu récemment ce qui s’est passé à Labé. C’est parce que le coordinateur du RPG qui est l’inspecteur régionale de l’éducation mène une guerre sans merci à tous les enseignants qui refusent de rejoindre l’association de soutien à Alpha Condé qu’il a créée. Les enseignants qui n’ont pas accepté de rejoindre cette association sont victimes de discrimination, d’exclusion.
Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que l’opposition a peur ?
Non, l’opposition a toujours des préoccupations avec ce pouvoir. Ce n’est pas seulement lié à un homme. C’est lié au régime. M. Alpha Condé, ses pratiques et la qualité des politiques qu’il mène, aussi bien en termes de développement qu’en termes de démocratie, de respect de l’Etat de droit et des droits humains, nous sommes convaincus qu’elles ne vont pas changer. C’est pourquoi l’objectif de l’opposition est de faire partir Alpha Condé pour assurer une meilleure protection des droits humains, pour assurer une plus forte consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit dans notre pays.
Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 655 31 11 11
Créé le 25 février 2015 12:09
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