Cellou Dalein : « Lundi, nous invitons tout le monde à être dans la rue… » (Interview)

Cellou Dalein Diallo, leader de l'UFDG

CONAKRY- C’est depuis le Maroc que Cellou Dalein Diallo a livré sa première réaction sur la situation qui prévaut à la Cour Constitutionnelle. Le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée affiche une fermeté quant à son opposition à ce qu’il a qualifié de « coup de force » perpétré à la Cour Constitutionnelle pour déloger Kelefa Sall. Le Chef de file de l’opposition guinéenne estime qu’il y a un seul coupable, le Président Alpha Condé à qui il lance d’ailleurs un appel. Cellou Dalein appelle également à la mobilisation de ses militants ce lundi 1er octobre, ainsi que les jours suivants pour participer à une série de manifestations visant à s’opposer à la « destitution » de Kèlèfa Sall.


 

AFRICAGUINEE.COM : Ce vendredi 2 septembre, plusieurs conseillers de la Cour Constitutionnelle ont décidé de faire remplacer leur Président Kèlèfa Sall. Quelle a été votre première réaction en apprenant cette nouvelle ?

CELLOU DALEIN DIALLO : Ce sont les responsables de l’UFDG qui m’ont appelé pour m’informer des résultats de cette fameuse élection d’un nouveau président de la Cour Constitutionnelle. Après j’ai lu dans la presse étant au Maroc. J’ai été vraiment choqué par cette violation flagrante de la Constitution et d’une Loi organique portant création, organisation, fonctionnement de la Cour Constitutionnelle. J’ai retenu que la destitution du Président de la Cour  Constitutionnelle était très bien encadrée  par ces deux textes. Il ne peut, selon les dispositions de ces textes, être révoqué que dans deux cas. Le premier, c’est s’il est dans l’incapacité d’exercer ses fonctions suite à des problèmes de santé physique ou morale. De tels problèmes doivent être constatés par un groupe de médecins assermentés. Mais la preuve n’a pas été fournie qu’il était dans l’incapacité d’exercer la fonction de Président de la Cour Constitutionnelle. Le second cas, c’est s’il y ait parjure, un crime ou un délit commis. Mais de telles fautes doivent être d’abord constatées et qualifiées par la Cour Suprême qui a la seule compétence pour le juger et le condamner. C’est dans cette hypothèse seulement qu’on peut au cours de son mandat de neuf ans, le récuser et le destituer.

Il n’appartient pas aux membres de la Cour Constitutionnelle de juger qu’il est incapable, de juger qu’il a fait un parjure, de juger qu’il a commis un crime ou délit. Il est élu pour une durée de neuf ans. Pendant ces neuf ans, ses collègues ne peuvent pas le destituer et voter pour un autre. Donc, c’est une violation flagrante aussi bien de notre Constitution que de la Loi organique portant création de la Cour Constitutionnelle. Mais la preuve vient d’être apportée que c’était un coup de force de monsieur Alpha Condé qui a déjà décidé de faire retirer Kèlèfa Sall ses gardes. Parce qu’en tant que président d’une Institution il peut bénéficier d’une garde de protection composée des membres des forces de défense et de sécurité. Je suis choqué, mais je suis naturellement engagé à tout faire pour refuser avec d’autres citoyens guinéens, ce coup de force. Tout cela s’inscrit dans le cadre de la volonté d’Alpha Condé de tout faire pour s’éterniser au Pouvoir.

L’opposition dont vous êtes d’ailleurs le Chef de file a décidé de se joindre à la société civile pour organiser une série de manifestations en guise de protestation. Pensez-vous que cela ferait plier les Conseillers à la Cour Constitutionnelle ?

Nous allons utiliser tous les moyens légaux pour refuser ce coup de force. La manifestation pacifique sur la voie publique est un droit Constitutionnelle. Monsieur le ministre de l’administration du territoire ne peut pas l’interdire. Ce qui est une violation de la Constitution. Le peuple de Guinée ne se soumettra pas à une telle violation. En tout cas, nous invitons tous les citoyens épris de justice et de paix à se mobiliser pour marquer leur opposition à ce 3ème mandat et surtout à ce coup de force qui vient d’être mené à la Cour Constitutionnelle. Lundi, nous invitons tout le monde à être dans la rue, accompagner le balai citoyen pour s’opposer à ce coup de force  qui n’est qu’une étape dans la course effrénée de monsieur Alpha Condé pour un 3ème mandat.

Mais le président Alpha Condé ne s’est pas prononcé ouvertement sur ce sujet…

Mais il n’a pas besoin de se prononcer. Vous voyez il a déjà retiré à Kèlèfa Sall sa garde. Et il semble que des gendarmes ont été déployés à la Cour Constitutionnelle pour empêcher Kèlèfa Sall d’accéder à son bureau. Cette opération vise à éliminer Kèlèfa Sall qui a déjà pris position contre le tripatouillage de la Constitution auquel Alpha Condé veut se livrer pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats. On ne peut pas attendre que Alpha le déclare, nous savons que c’est lui qui est derrière.

Que feriez-vous si le Président Alpha Condé prenait un décret entérinant la décision des conseillers à la Cour Constitutionnelle ?

S’il entérine ça, nous allons manifester non pas pour demander l’annulation de la décision, mais pour demander le départ d’Alpha Condé. Puisqu’en ce moment, il aura trahi son serment. C’est un parjure contre lequel il faut qu’il y ait une mobilisation citoyenne dans tout le pays pour exiger son départ.

Que dites-vous de l’interdiction faite par le Ministre Bouréma Condé par rapport à l’organisation de toute forme de manifestation ?

C’est le  moment de lancer un appel aux forces de défense et de sécurité. Elles ne doivent pas se mettre du côte des putschistes, elles doivent se mettre du côté de ceux qui défendent la Constitution, de ceux qui défendent la République, de ceux qui défendent la Loi. Elles ne devraient pas se mettre du côté des putschistes pour réprimer ceux qui sont en train de défendre la Constitution. Je leur lance un appel pour qu’elles aient une attitude républicaine en s’abstenant  tout au moins de réprimer les guinéennes et les guinéens qui vont se mobiliser pour marquer leur opposition à ce coup de force qui vient d’être perpétré à la Cour Constitutionnelle avec la bénédiction de Monsieur Alpha Condé.

Jeudi dernier, Dr Faya Milimouno et d’autres acteurs politiques ont été molestés par les agents postés à la Cour Constitutionnelle. N’est-ce pas un mauvais signe ?

Nous assistons à une tentative de confiscation de nos libertés de manifester, on a assisté ces derniers temps à la suspension officielle du droit de manifester dans la rue. Ce n’est pas acceptable. Les syndicalistes ont été bastonnés, certains sont en prison comme Cheick Touré, des acteurs de la société civile ont été gazés. L’Etat est en train de confisquer les libertés, les droits prévus par nos textes de Loi, notamment la Loi fondamentale. Il faut que les guinéens se mobilisent pour refuser cette dictature qui est en train de remettre en cause les acquis démocratiques et les droits et libertés des citoyens guinéens.

En tant que chef de file de l’opposition, quel appel lanceriez-vous au président Alpha Condé et à vos compatriotes par rapport à ce qui prévaut à la Cour Constitutionnelle ?

C’est de se ressaisir et de chercher à finir dans la paix, dans l’unité de la nation son dernier mandat. Mais aujourd’hui, les actes que posent monsieur Alpha Condé sont contraire à la paix. D’abord, vous avez suivi tout ce que je viens de rappeler comme tentative de brider nos libertés, nos droits par le Gouvernement, le refus de mettre en place toutes les institutions notamment la Haute Cour de Justice. Tout ça signifie clairement qu’il a failli à son serment. Aujourd’hui  le coup de force qui vient d’être encore perpétré à la Cour Constitutionnelle n’est qu’un élément de plus dans sa marche vers l’instauration en Guinée d’un pouvoir personnel et d’une présidence à vie. Ce que le peuple de Guinée n’acceptera pas. Les guinéens doivent refuser ça en usant de tous les moyens légaux y compris la manifestation pacifique pour montrer à l’opinion nationale et internationale qu’ils n’acceptent pas cette remise en cause de nos libertés et de nos droits.

Serez-vous intransigeant par rapport à cette question ?

Absolument !  Vous pouvez le dire sans risque d’être démenti.  

 

Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 29 septembre 2018 21:56

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