Cellou Dalein Diallo : ‘’Ce que je vais dire au Président Alpha Condé…’’ (Entretien exclusif)
CONAKRY- S’achemine-t-on vers un dénouement de la crise politique guinéenne après l’invitation du Chef de file de l’opposition par le Président Alpha Condé ? Quel message Cellou Dalein Diallo va délivrer au Chef de l’Etat lors de leur entretien de ce vendredi 8 mai 2015 ? Voici autant de questions abordées dans cette interview avec le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée. Dans cet entretien, Cellou Dalein Diallo revient également sur les stratégies que l’opposition compte mettre en place pour faire plier le pouvoir du Président Alpha Condé. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Cellou Dalein Diallo bonjour !
CELLOU DALEIN DIALLO : Bonjour monsieur Souaré !
Comment avez-vous accueillie l’invitation qui vous a été faite par le Chef de l’Etat dans le cadre de la décrispation du climat politique ?
Je ne sais pas si c’est une main tendue. Je note que le président m’invite à le rencontrer à 10 heures pour parler des questions d’intérêt national notamment je cite « les contradictions soulevées par le calendrier électoral ». Je pense que c’est une opportunité pour nous d’échanger sur ces questions et pour moi de mettre en évidence justement les questions de violation de la loi. Je pense que ça pourrait amener le président à comprendre qu’au-delà des intérêts qu’une mouvance peut tirer de l’existence des délégations spéciales il y a un fait. La CENI ne peut pas s’enfermer et violer la constitution, les accords politiques, le code des collectivités et celui électoral sans que cela ne soit le résultat d’un dialogue politique qui aurait décidé en fonction de circonstances particulières, de faire dérogation à ces textes fondamentaux.
Donc je pense que c’est une bonne opportunité que le chef de l’Etat et moi-même échangent sur toutes ces questions parce que je pense qu’il y a un dialogue de sourds en ce moment.
Quel va être le message que vous allez délivrer au Chef de l’Etat ?
Je vais attirer son attention sur les violations des textes que je viens de rappeler plus haut et lui demander en tant que président de la république qui a juré de respecter et de faire respecter la constitution et les lois de la République ce qu’il pense des protocoles d’accord de la CEDEAO sur la bonne gouvernance et les élections. Et en tant que garant de toutes ces lois et Président de la République, je vais lui dire d’interpeller la CENI pour quelle procède sans délai à l’annulation de ce calendrier, afin que le dialogue puisse s’ouvrir et que nous examinions en toute responsabilité les contraintes auxquelles cette CENI pourrait être confrontée et pour décider s’il y a lieu de faire des dérogations ou des arrangements susceptibles de satisfaire les deux mouvances.
Est-ce que cette rencontre constitue selon vous un pas en avant pour un dénouement de la crise politique ?
Je pense que si le président prend l’initiative d’échanger sur ces questions avec moi , je crois qu’il pourra prendre en compte les revendications légitimes de l’opposition qui considère qu’il faut respecter les lois et que seul un dialogue politique franc peut décider de faire des dérogations aux lois et de changer la séquence des élections, ce n’est pas la CENI. Comme vous le savez depuis 2010 le mandat des élus locaux est échu, et au lieu d’organiser ces élections le président a procédé à la dissolution des communes et à la mise en place des délégations spéciales notamment dans les communes urbaines. Les délégations spéciales même si elles sont légalement mises en place elles n’ont qu’un mandat de six mois, pourtant elles sont là, depuis trois ans qu’elles exercent un pouvoir totalement illégitime et illégal. Donc la CENI ne peut pas décider de pérenniser ça lorsque des accords politiques ont décidé depuis le premier trimestre de 2014 la tenue de ces élections communales pour mettre fin à cette situation d’exception que constituent les délégations spéciales.
Comptez-vous renoncer à vos différentes manifestations si le Président Alpha Condé s’engageait à satisfaire vos revendications ?
C’est vrai que je suis le chef de file de l’opposition qui est constituée de plusieurs partis politiques. Naturellement je vais défendre les positions de l’opposition qui sont fondées sur les lois et les accords politiques et donc mon devoir c’est d’attirer l’attention du chef de l’Etat sur la nécessité de revenir à la normale pour que le dialogue puisse s’ouvrir. Ce dialogue ce sont les partis politiques de l’opposition, la mouvance présidentielle et le Gouvernement. Donc aujourd’hui ce n’est pas un dialogue qui s’ouvre mais c’est une consultation entre le président delà république et le chef de file de l’opposition.
Cette invitation n’a-t-elle pas créé des suspicions dans le camp de l’opposition ?
Non pas du tout. Je crois qu’on se fait confiance au sein de cette opposition, j’en ai parlé avec la plupart des leaders, on est d’accord que je réponde à l’invitation. Comme il ne s’agit pas d’ouvrir un dialogue mais plutôt d’une consultation entre deux personnalités, naturellement je défendrais comme il le faut les positions de l’opposition et je prendrais note et le compte rendu sera fidèlement fait à l’opposition.
Quel pourrait être le « plan B » de l’opposition si le Chef de l’Etat maintenait sa position ?
Pour le moment il n’y a pas de plan B ou A. Ce qui reste évident c’est de manifester pour exiger le respect des engagements pris dans le cadre des accords et les dispositions de la constitution et les lois de la république. Vous savez il y a un mal entendu, les gens ont tendance à croire qu’on proteste contre le calendrier électoral, ce n’est pas le cas. Nous protestons plutôt contre les violations des lois de la République c'est-à-dire la loi fondamentale. Vous savez que les accords politiques ne peuvent pas être annulés par la CENI. Seul un accord politique issu d’un dialogue peut décider d’annuler un ancien accord. La CENI ne peut pas s’isoler et décider de faire administrer les collectivités par des citoyens nommés alors que la loi dit que les collectivités doivent être administrées par des élus.
Est-ce qu’un boycott des prochaines élections est aujourd’hui envisagé par l’opposition au cas où vos revendications ne seraient pas satisfaites ?
Pour le moment on n’en est pas là, nous sommes entrain pour l’instant d’exiger le respect des lois de la République, de la constitution, des engagements internationaux de la Guinée et des accords politiques. Je pense que M. Alpha Condé qui a juré de respecter tous les textes, doit se rendre compte que ce calendrier décliné par la CENI viole ces lois et doit l’interpeller en tant que président pour que la CENI annule son calendrier. Le report des communales (…), par ce que ce n’est pas dans les prérogatives de cette commission de prolonger le mandat des délégations spéciales. Cela ne relève ni de sa compétence ni de ses prérogatives. Il n’est ni aussi de la compétence du Président ou du Gouvernement de violer les lois. S’il y a des circonstances exceptionnelles aux quelles le pays est confronté, la classe politique se retrouve et constate que ces circonstances sont bien là, décide de prendre une position, en ce moment la Cour Suprême et l’Assemblée Nationale seront impliquées pour que l’on décide de faire une dérogation à la constitution et des lois de la République. Mais la CENI toute seule ne peut pas s’enfermer et le faire, et que l’on reste indifférents, au-delà des avantages que nous aurions à tirer électoralement parlant de l’organisation de ces élections communales.
Merci monsieur Diallo !
C’est moi qui vous remercie monsieur Souaré !
Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 6 mai 2015 16:46
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