Cellou Dalein à Africaguinee.com : « Si j’étais Président de la République… »

Cellou Dalein Diallo, leader de l'UFDG

CONAKRY- Cellou Dalein Diallo vient de parler à nouveau. Le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée s’est exprimé sur plusieurs sujets liés à l’actualité sociopolitique de son pays. Au micro d’un journaliste de notre rédaction, le Chef de file de l’opposition guinéenne est revenu sur les opérations de déguerpissements à Kaporo-rails avec plusieurs confidences, mais également sur l’organisation des prochaines élections, avec à la clé la question d’une éventuelle nouvelle candidature du Président Alpha Condé.


 

AFRICAGUINEE.COM : A quelques jours de la rentrée parlementaire, la position de l’UFDG reste toujours inconnue si ses députés vont siéger ou pas ?

CELLOU DALEIN DIALLO : Je l’ai dit à l’occasion d’une conférence de presse de l’opposition que la décision de l’UFDG sera rendue publique, nous sommes toujours dans les délibérations et les consultations internes mais cette décision de ne tardera pas.

Un de vos fidèles militants, Boubacar Diallo dit « Grenade » a été condamné à une peine de dix ans d’emprisonnement. Quelle est votre réaction ? 

Ça fait très mal ! Il faut rappeler que l’arrestation, la détention, la torture dont Grenade a été l’objet précède du souci des autorités de salir la direction nationale de l’UFDG, notamment le président et son épouse. Je n’ai naturellement pas apprécié ça parce que ces méthodes policières du Gouvernement Alpha Condé (…), on a kidnappé grenade, on lui a extrait des aveux, on l’a torturé moralement, physiquement et sur cette base on a voulu créer un complot. Heureusement nos avocats ont pu le défendre, lui-même s’est bien défendu . Malgré l’annulation de la procédure à un moment donné parce que les gens se sont rendus compte que c’était en violation flagrante des dispositions légales de la loi qu’il a été arrêté. Donc le juge à un moment donné a annulé toute la procédure, mais les autorités ont refusé d’accéder à sa demande de libération, il a été maintenu illégalement en prison pendant longtemps et finalement on le condamne à 10 ans de prison, bien entendu nos avocats ont fait appel de cette décision absolument arbitraire.

Le Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a indiqué qu’il est possible d’organiser les élections législatives avant la fin de cette année. Etes-vous optimiste ? 

Nous attendons que soit décliné le chronogramme identifiant les actions à mettre en œuvre pour rendre ces élections possibles, transparentes et crédibles. Vous savez il y a un processus, il y a le fichier qu’il faut assainir. Il faut pratiquement créer un nouveau fichier conformément aux recommandations de la mission d’audit qui a fait un excellent travail, qui a constaté que notre fichier n’est pas bon du tout, et qui a recommandé qu’il soit repris en invitant tous les électeurs à venir s’enregistrer normalement dans les mêmes conditions, conformément à un cahier de charges qui sera élaboré à cet effet. Donc nous n’avons pas de chronogramme mettant en évidence la possibilité d’organiser ces élections au mois de novembre, nous le souhaitons vivement parce que nous sommes dans une situation d’illégalité absolue. Donc il est important que la CENI diligente justement l’élaboration de ce chronogramme pour rassurer le peuple de Guinée, les partis politiques sur sa volonté réelle d’organiser ces élections parce qu’il y a beaucoup de suspicions, beaucoup de rumeurs qui prêtent à Monsieur Alpha Condé l’intention d’organiser plutôt un referendum et ça ce n’est pas acceptable. Le mandat des députés est arrivé à terme, on aurait pu organiser ces élections depuis 3 mois, on l’a pas fait, on doit se hâter à les organiser le plutôt possible pour être dans la normalité.

Vous nous tendez un peu la perche. Que pensez-vous de ces mouvements de soutien d’un troisième mandat pour Alpha Condé ? 

Vous savez j’ai déjà pris position en tant que leader de parti, l’UFDG est contre un 3èmemandat. Alpha Condé a prêté serment sur une constitution qui stipule que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ou non, il a été élu sur la base de cette constitution, il a prêté 2 fois serment sur cette même constitution, il ne peut pas avoir le droit d’exercer plus de deux mandats. Donc il faut que lui-même il ait à cœur de respecter cette constitution. Mais je sais que les guinéens sont attachés à cette disposition, et que si Monsieur Alpha Condé tente de s’octroyer un troisième mandat les guinéens ne le lui permettront pas.

L’UFDG est prête à aller aux législatives cette année si toutefois le calendrier les confirme ?

Oui l’UFDG est toujours prête à aller aux élections, nous n’avons malheureusement pas finis avec les élections locales et on ne le dit pas. Les élections locales comportent trois volets, l’élection communale, la mise en place des conseils et des chefs de quartiers et la mise en place des conseils régionaux. Il a fallu un pour mettre en place les conseils communaux plus d’un an d’ailleurs et jusqu’à maintenant on ne parle pas de la mise en place des conseils de district et de quartiers et les conseils des villes personne n’en parle et les conseils et régionaux. Donc cette procédure d’élections est loin d’être terminé, il faut finir ça organiser les élections législatives et puis préparer les présidentielles en 2020 conformément aux dispositions légales mais comme j’ai dit le pays fonctionne en fonction de l’agenda de Monsieur Alpha Condé que personne ne maitrise et ne connait. Il n’organise les élections que lorsqu’il veut ça dépende donc de son humeur alors que c’est du domaine de la loi ; c’est la loi qui fixe la durée des mandats malheureusement ici Monsieur Alpha Condé n’a jamais organisé à bonne date sauf celle de la présidentielle de 2015.

Le Gouvernement guinéen semble déterminé à récupérer tous les domaines de l’État. Après Conakry, le Ministère de la Ville de l’Aménagement du Territoire serait tourné vers Labé. Il semblerait d’ailleurs que votre domicile privé serait concerné. Êtes-vous inquiet ? 

Ça m’inquiète pas du tout, parce qu’ici contrairement à ce qui a été dit, je me suis pas emparé d’ici, j’ai reçu des arrêtés du ministre de l’urbanisme et de l’Habitat à l’époque, Monsieur Alpha Oumar Diallo, après que Monsieur Jean Paul Sarr, ministre de l’agriculture ait fait un courrier pour mettre le domaine à la disposition du ministère de l’habitat, donc j’ai tous les actes qui m’ont attribué le domaine où j’ai construit ma maison.

Certains déguerpis de Kaporo-rails et de Kipé 2 disposeraient eux aussi de documents. N’est-ce pas un motif d’inquiétude ?

Oui malheureusement il n’y a pas de justice, personne n’est à l’abri de l’injustice en Guinée, je ne vous dis pas ici que je ne suis pas à l’abri mais je vais tout simplement vous faire savoir que j’ai tous les documents légaux qui m’ont permis d’occuper ce terrain comme celui que j’occupe à Conakry.

Quelle lecture faites-vous des évènements de Kaporo-rails où des citoyens continuent encore à dormir à la belle étoile ? 

Je dis que c’est un règlement de compte politique, les déguerpissements dans les conditions qu’on connaît, des citoyens qui habitaient Kaporo-rails, avec une brutalité inouïe, sans aucune indemnisation, sans aucun recasement, comme si c’était des délinquants, cela n’a pas été une bonne chose pour nous. Donc l’opposition républicaine et l’UFDG, nous avons tous condamné cette manière d’agir. Nous avons des guinéens qui étaient là avant même que la zone ne soit déclarée réserve foncière de l’Etat en 1988 dans le cadre du schéma directeur de la ville de Conakry. Depuis lors l’Etat n’a pas protégé le site, les gens ont acheté parfois avec les autochtones, parfois avec les chefs de quartiers, avec même les gens de l’urbanisme naïvement, il n’y avait pas d’information   pour leur dire ici c’est une réserve foncière de l’Etat. Ils ont investi leurs épargnes sur le site, on les a laissé construire, on les a laissé habiter depuis 25 ,30 ans, on ne peut pas venir détruire ces investissements, des investissements réalisés grâce à des épargnes de longue durée d’ouvriers, d’artisans, d’enseignants, venir détruire ça avec la haine qui a caractérisée cette opération.

J’ai dit si j’étais président de la République ce que j’aurais fait, c’est de réévaluer d’abord ce schéma directeur, est-ce que l’Etat a besoin de ce domaine ? Et pour faire quoi ? Pour quelle urgence et quel intérêt ? Si je n’ai pas d’arguments suffisants je modifie même le décret parce que je vois maintenant que la zone est occupée, il y a des bâtiments de grande valeur, des villas, des bâtiments à étage qui sont là, réalisés sur la base d’une épargne des citoyens guinéens. Donc j’évalue ça parce que nous sommes dans un environnement, je connais l’histoire du droit foncier, avant c’était les P.R.L qui étaient responsables, ensuite les chefs de quartier, après le ministère de l’urbanisme, donc après l’évaluation  si l’Etat a besoin de ces domaines-là, c’est prouvé, évidemment je fais une étude d’impact, je vois le coût de l’opération, l’Etat fait des efforts pour exproprier les gens dans les règles prévues par le code foncier en les indemnisant, je les recase, et puis on donne ce qu’on peut donner pour dire aller reconstruire vos maisons là-bas. Il est urgent, il est important pour l’Etat de récupérer ces domaines pour tel motif, pour que les gens se rendent compte qu’il y a l’utilité publique. Mais ici on vient avec des bulldozers, avec l’armée la gendarmerie et la police. On frappe les gens, on les sort, on détruit leurs maisons sans aucune forme d’indemnisation, sans même discuter et essayer de les sensibiliser sur l’importance du caractère de l’utilité publique de l’opération. Ce qui se passe est vraiment pour moi un règlement de compte, sinon un Etat ne peut pas se comporter comme ça avec ses citoyens.

Vous sembliez pourtant soutenir ces opérations de déguerpissement lorsque vous étiez aux affaires en 1998…

Je n’étais pas pour les casses en 1998, j’ai dit à l’époque si vous avez bien écouté mon interview j’ai dit qu’il est bon que la zone soit viabilisée et que les voies soient ouvertes, c’est au nom de ça que j’ai dit il n’était pas une question de droits humains mais c’est une question de viabilisation des domaines. J’étais à l’étranger lorsque cette opération a commencé et lorsque je suis rentré j’ai vu la casse, j’ai vu des victimes dont des pauvres petits enseignants qui avaient accumulé difficilement une épargne pour se construire une maison. Du coup j’ai pris ma position, j’ai dit au Général Lansana Conté que ce n’était pas une bonne opération, j’ai des témoins et je n’ai pas manqué de faire une démarche avec Kassory Fofana et nous avons obtenu du Général Lansana Conté l’arrêt de l’opération des casses.

 

Entretien avec Alpha Ousmane Bah

Pour africaguinée.com

Tél. (00224) 664 93 45 45

Créé le 26 mars 2019 14:59

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