Cellou brandit ses preuves et avertit le CNRD : « On n’acceptera pas une loi qui n’existe nulle part… »

Cellou Dalein Diallo, leader de l'UFDG

CONAKRY-Sommé de quitter sa résidence à Dixinn, Cellou Dalein Diallo n’entend pas se laisser faire. L’ancien Premier défend avoir acquis son domaine de manière transparente et régulière. L'homme politique avertit qu’il n’acceptera pas une loi qui n'existe nulle part, ni qu’on lui colle une « ardoise » dans un dossier où il n’a fait qu’exécuter un décret pris par un président démocratiquement élu.


Outre la sommation de quitter son domicile, le leader de l’UFDG est également sous le coup d’une procédure judiciaire pour « corruption et enrichissement illicite » devant la Crief. Jusque-là silencieux, ce jeudi 17 février 2022, il a brisé le silence. L’homme politique qui dénonce un « acharnement » n’était pas venu les mains vides face à la presse. Explications.

Des conditions d’acquisition de son domaine

« Il est important de m’expliquer, pas pour défendre un terrain ou une propriété, mais pour défendre ma réputation et mon honneur, puisque j’y tiens quel que soit l’issue. Le terrain m’a été cédé dans des conditions transparentes et régulières. Je ne suis pas là pour défendre un terrain, mais comme l’idée persiste comme si je me suis emparé d’un bien public, il est temps que je m’explique dans quelles circonstances ce terrain et le bâtiment de deux chambres, un salon et l’annexe -que le président Conté appelait ton hangar- m’a été cédé.

Comme vous le savez, j’ai eu une relation de confiance forte avec le président Lansana Conté (…) Il me dit un jour de choisir mon terrain pour qu’il construise pour moi. Pour que le jour où je viendrais lui rendre visite en tant que président à la retraite que je reste dans ma maison.  Cet acte s’est passé devant l’ancien ministre de l’Habitat Ouo-Ouo Foromo qui est encore vivant. Un jour on rentre à la maison et il me dit : ‘’ Toi tu me fais construire des maisons, mais regarde le hangar où tu habites ? On va te vendre ici et je vais te donner le matériel avec lequel tu va construire une maison et mettre ta famille à l’aise. Je dis bon d’accord (…), c’est resté un moment, il a dû oublier. Sa perception de ma personne était fondée, parce que je suis quelqu’un qui n’est pas intéressé par le matériel, je ne l’ai pas rappelé.  Un jour, il me dépose et ma femme lui rappelle. Le lendemain, c’est Foromo qui m’appelle pour dire : l’autorité m’instruit d’aller expertiser et évaluer le domicile. Il faut prévenir la famille que je vais envoyer une équipe. Quelques temps après, il m’a tendu un dossier pour dire que l’évaluation est terminée et l’autorité a ordonné qu’on me le vende. Le coût du terrain dans ce quartier, avec le coût du mètre-carré à l’époque a été acquitté et maintenant c’est à moi de voir. C’est ainsi que j’ai décidé si je dois acheter ; mieux vaut le faire avec le prix du marché. Je suis resté quelques semaines et Foromo m’a envoyé une lettre qui dit de verser le montant de 406 millions gnf à l’ordre du patrimoine Bati Public. Il m’a dit que c’est la lettre de l’expertise.

C’est ainsi que j’ai appelé le directeur de la Société Générale et lui a dit qu’on me proposait d’acheter le terrain et la maison que j’habite et que je voudrais qu’il me consente un prêt (…). Lorsque je faisais des études en banque j’étais le SAF de la société Générale des Banques en Guinée, à la direction des affaires internationales. Il m’a indiqué qu’il fallait qu’il se réfère à Paris pour l’autorisation puisque je suis politique. Une semaine après il revient pour me dire que Paris était d’accord (…), il a exigé un contrat de prêt me prêtant l’argent assorti d’un échéancier de remboursement. Donc, il a émis un chèque de banque et il m’a dit qu’on prendra l’hypothèque. Il a fait donc ce chèque de banque à l’ordre du Patrimoine Bâti Public (PBP) et il m’a envoyé (…), c’est la société générale qui paye directement sur son compte. C’est ainsi que j’ai transmis au ministre de l’Habitat suite à sa lettre me demandant de verser. Ensuite il a transmis au PBP qui l’a encaissé et délivré une quittance de 406 millions reçu par le patrimoine Bati Public.

C’est après que le président de la république a pris un décret m’autorisant au bout de tous les payements, la cession de cette parcelle. Il m’a même d’ailleurs lancé une boutade en disant que j’étais riche et que j’ai tout payé. Je lui ai dit que c’est la banque qui m’a prêté l’argent. C’est à l’issu de cela qu’une copie m’est revenue, une autre copie est allée à la conservation foncière pour prouver que j’ai payé, d’où j’ai reçu mon titre foncier. Donc, je ne me suis pas emparé d’un domaine public de l’Etat (…), le président de la république qui en avait le pouvoir ne me l’a pas donné. Bien entendu c’est la première fois que j’exhibe ces documents dans la presse.

Dadis, Konaté, Alpha avaient aussi tenté…

Lorsque le capitaine Dadis est arrivé au pouvoir, ils ont affecté le bâtiment à un Membre du CNDD, et m’ont demandé à ce que je libère les lieux. Lorsque je me suis expliqué, les gens ont compris et le Capitaine Dadis m’a appelé pour me présenter des excuses parce qu’il ne savait pas que j’ai acquis ce domaine dans des conditions transparentes. Du temps du General Sekouba (président de la transition 2010 ; ndlr), ils ont encore essayé et ce dernier leur a dit qu’il connaissait le dossier. Il a dit que le domaine a été acquis dans le respect de toutes les procédures et les règles en vigueur et qu’il ne peut pas contester le décret du président de la république, d’annihiler un bien privé de l’Etat.

Alors mon grand frère Alpha Condé arrive et vous imaginez (…), automatiquement il veut tout récupérer mais pour la première initiative il a renoncé, à la veille des élections de 2015, il relance, il envoi des missions dans toutes les structures, y compris à la Société générale pour vérifier l’authenticité du chèque et l’authenticité de l’accord de prêt, le respect de l’échéancier, au point que la Société générale s’est sentie harcelée. Il a tout vérifié et finalement a définitivement renoncé. Si Alpha Condé, qu’on ne peut pas soupçonner de complicité ou de complaisance avec Cellou Dalein Diallo, a reconnu ma propriété sur ce terrain, si Dadis et Konaté l’on fait avant lui, pour moi donc c’était terminé et je suis tranquille. Si maintenant à fin novembre 2021 on parle de bâtiments appartenant à l’Etat qu’occupent certains cadres, je ne suis pas concerné. J’ai le titre foncier, la mutation a été faite, le transfert du titre foncier est fait et établi en mon nom, pour moi, c’est mon bien (…).

C’est dans ce contexte qu’avant-hier donc, je reçois une lettre du patrimoine Bati public qui dit dans le cadre du recensement, nous vous demandons de libérer votre bâtiment de toute occupation avant le 28 février à 10 heures. Alors j’étais surpris et j’ai répondu par une lettre au PBP qui a encaissé le chèque, qui a délivré les quittances qui sont destinées à moi et à la conservation foncière qui me disent de céder un bâtiment que j’ai eu. C’est cette même direction qui a encaissé l’argent qui a délivré la quittance, qui me somme de quitter le bâtiment de ‘’l’Etat’’.  Il y a un problème dans nos pays en ce qui concerne nos dirigeants. Lorsque les gens négocient avec un pouvoir en place.  Les contrats sont établis, dès qu’il y a changement, il ne s’agit pas de confisquer, il faut renégocier (…), je ne parle pas de mon cas mais de façon générale ce qui porterait préjudice. J’ai entendu que des investisseurs qui ont construit des usines, après avoir bien entendu obtenu toutes les autorisations nécessaires et qui ont utilisé leur épargne pour investir. Mais si ont saisi ces biens, généralement cela porte préjudice à l’Etat. Il y a ce qu’on appelle la continuité de l’Administration (…).

Je puis vous assurer c'est moins pour défendre un bien, une propriété que pour défendre mon honneur et ma réputation. J'ai travaillé pendant une trentaine d'années pour l'Etat guinéen à différents postes dont une dizaine en tant que ministre, je n'ai jamais été entendu par un officier de police judiciaire ou par un juge pour des faits présumés de corruption ou de détournement des deniers publics. J'ai toujours dit que je suis un homme d'honneur, pas un homme d'argent. Pendant cette carrière administrative je me suis fait une réputation d'homme intégré, relativement compétent. C'est pourquoi, j'ai été appelé au gouvernement en 1996. J'ai essayé dans l'exercice de mes fonctions qui m'ont été confiées de m'imposer une rigueur exceptionnelle.

Il y a un acharnement, je ne peux pas ne pas lier cet acharnement au poids politique du leader politique que je suis. Vous connaissez le poids de l'UFDG, sa capacité de mobilisation. La confiance dont le leader jouit auprès de la population. (…) Pour des raisons qui leur sont propres, ils ne veulent pas que l'UFDG accède au pouvoir, c'est tout sauf l'UFDG. Nous craignons que ça ne soit ces forces hostiles qui sont en train de manipuler le CNRD pour qu'il y ait le moyen de nous exclure par le harcèlement judiciaire auquel on est déjà exposé.

C'est évident que nous nous interrogeons et nous nous préparons aux conséquences parce qu'on a dit qu'on ne peut pas accepter une loi qui n'existe nulle part. On ne peut pas aussi accepter qu'on te colle une ardoise dans un dossier où tu n'as absolument rien fait sauf peut-être exécuter un décret pris par le président élu. L'acharnement nous le sentons.  Il y a des forces occultes qui essayent de pousser le CNRD à l'exclusion de certains leaders pour que leur candidat éventuel puisse l'emporter parce qu'aujourd'hui la force de l'UFDG vous la connaissez ».

A suivre…

Une synthèse de Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 17 février 2022 21:00

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