Cas des détenus malades à la maison centrale : Accusé de « mauvaises pratiques », Dr Issiaga Camara brise le silence
CONAKRY-Du berger à la bergère ! Dr Issiaga Camara, médecin chef de l'infirmerie de la maison centrale de Coronthie a brisé le silence chez Africaguinee.com. Ce médecin accusé par Issa Kaba un prisonnier malade d’avoir fait obstruction à son hospitalisation, a balayé d'un revers de la main toutes les allégations portées à son encontre. D'ailleurs, Dr Issiaga Camara précise qu'il n'a aucun moyen ni le pouvoir de refuser l'hospitalisation d'un prisonnier. Car soutient-il, cette compétence est réservée au juge d'instruction.
« Ce sont des allégations qu'il est en train de faire. Je ne peux pas m'opposer à l'ordonnance d'un juge. Je suis médecin et je suis là pour soigner les malades. Je n'ai aucun pouvoir d'envoyer un détenu à l'hôpital. C'est le juge qui ordonne l'hospitalisation d'un prévenu. Selon ce que j'ai vu, j'informe le régisseur de la prison qui est en relation directe avec le juge qui a envoyé les gens en prison. A ce niveau, je n'ai rien à me reprocher parce que je suis là depuis 2008. Je suis le médecin des agents pénitentiaires et je sais ce que je fais pour les gens. Ce n'est pas avec lui que je peux faire des choses pareilles. Lui, il vient d'arriver à la prison. Il ne sait pas ce que je fais comme activité, il ne sait pas ce que je fais pour m'impliquer dans la prise en charge et le respect des droits des détenus dans la prison », s'est défendu Dr Issiaga Camara.
En ce qui concerne l'accusation portant sur la vente des produits pharmaceutiques hors de la maison centrale de Coronthie, le médecin chef de l'infirmerie a volé dans les plumes de Issa Kaba.
« La maison centrale de Conakry gère aussi les autres prisons de l'intérieur. Même maintenant là, on est en train d'envoyer les lots de médicaments pour les maisons centrales de l'intérieur. Chaque régisseur vient prendre ses médicaments et matériels pour envoyer. N'Zérékoré est venu aujourd'hui prendre son lot. Lui (Issa Kaba) c'est un monsieur que je ne calcule pas. Je suis là pour l'aider et pour aider tout le monde », a-t-il laissé entendre.
Poursuivant, Dr Issiaga Camara affirme être celui qui a mis fin à la vente des médicaments dans l'enceinte de la maison centrale de Coronthie.
« Quand je suis venu ici en 2008, les gardes pénitentiaires vendaient les médicaments aux détenus. C'était même la pharmacie par terre. C'est moi qui ai interdit ça et j'ai exigé à tous les visiteurs qui viennent pour envoyer les médicaments, je leur ai dit que c'est moi seul le médecin chef qui dois prescrire un médicament qui doit être entré pour donner à un détenu. Deuxièmement, c'est moi qui ai mis fin à ce que les personnels de santé des prisons vendent des médicaments aux détenus. Donc, je n'ai aucun intérêt parce que je connais le droit à la santé d'un détenu. Je suis un des formateurs qui a travaillé avec le CICR (comité international de la croix rouge), qui a visité toutes les prisons de la Guinée, qui a travaillé avec l'Union Européenne, qui a fait des études pour qu'un plan d'action opérationnel soit mis place pour faire respecter les droits des prévenus en matière de santé et alimentation », a fait savoir le médecin chef de l'infirmerie de la maison centrale de Coronthie.
Ensuite, notre interlocuteur a fait remarquer que la gestion des hôpitaux est différente de la santé carcérale. Selon lui, « les hôpitaux et les centres de santé fonctionnent en système de recouvrement c'est-à-dire, quand le malade va à l'hôpital, on le consulte et on lui donne l'ordonnance pour qu'il paie les médicaments à la pharmacie. Tandis que dans la prison, on doit fonctionner de telle sorte que tout ce qu'on doit faire soit gratuit pour la personne qui est mise en prison », confie Dr Issiaga Camara qui se félicite d'avoir formé une vingtaine d'étudiants en médecine dans le domaine de la santé carcérale.
Aux dires de Dr Issiaga Camara, Issa Kaba est frustré et ne veut pas que son grand frère Mamadi Kaba, présumé cerveau du réseau de trafiquants accusés dans l’affaire des 100 kg de cocaïne démantelé en 2021, ne le laisse en prison.
« Quand je le regarde, je ne m'intéresse pas à lui. Ce n'est pas moi qui l'ai envoyé en prison et donc je fais mon travail. A chaque fois qu'il se plaint, je fais le papier pour l'envoyer à l'hôpital au service diabétologie. Ce sont les diabétologues qui peuvent dire, oui il souffre de ça. C'est le juge qui doit faire une demande d'hospitalisation. S'il ne l'a pas fait est-ce que j'ai le droit d'hospitaliser un malade comme ça ? Issa Kaba a été pris au Mali pour être renvoyé en Guinée. Est-ce je peux hospitaliser une telle personne ? Si je le fais et qu'il fuit mais il dira que c'est moi qui l'ai laissé partir. Je ne le ferai jamais », a juré le médecin chef de l'infirmerie de la maison centrale de Conakry.
A suivre…
Siba Engagé
Pour Africaguinee.com
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Créé le 21 mai 2022 19:00Nous vous proposons aussi
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