Cas de Ousmane Gaoual et cie : les annonces fortes de l’avocat Mohamed Traoré…

Maître Mohamed Traoré

CONAKRY-C'est le dossier judiciaire le plus brûlant du moment ! Celui des opposant arrêtés dans le cadre de la commission rogatoire émise par le parquet de Dixinn. A quel niveau se situe-t-il? Ousmane Gaoual Diallo, Chérif Bah, Etienne Soropogui verront-ils bientôt le bout du tunnel ? Maitre Mohmed Traoré, l'un des avocats du collectif qui défend ces opposants incarcérés à la maison centrale depuis plus de deux mois, vient de faire des confidences. Dans cet entretien, l'ancien bâtonnier dénonce également les failles de la justice guinéenne, qui, selon lui, a tendance à être politisée. Entretien exclusif!!!


 

AFRICAGUINEE.COM : Dites-nous à quel niveau se situe aujourd'hui le dossier des opposants arrêtés il y a deux mois dans le cadre de la commission rogatoire ?

MAITRE MOHAMED TRAORE : Il y a une petite évolution de ce dossier parce qu’il y a quelques jours, le collectif des juges d’instruction, nous a adressé un courrier nous informant qu’il voudrait prendre contact avec nos clients à la maison centrale. Bien avant l’annonce de cette démarche, il y avait quand même quelques difficultés d’ordre logistique. Parce que le collectif des juges d’instruction se plaignait de n’avoir pas un local approprié pour travailler et de n’avoir pas d’outils informatiques. Je pense que ces difficultés ont été aplanies.

En ce qui concerne le local, le collectif va travailler dans l’enceinte du tribunal militaire. C’est donc là-bas que les juges d’instruction auront leur bureau. Parce qu’il est important qu’il y ait un local approprié pour un travail aussi important. Donc, cette question étant réglée, le pool des juges d’instruction rencontrera le vendredi prochain nos clients afin de prendre contact avec eux. Je pense que suite à cela, les interrogatoires vont commencer.

Auparavant vous aviez introduit une demande de mise en liberté. Est-ce que ça veut dire qu’elle est désormais en suspend ?

Je pense que c’est une demande qui était purement stratégique. Il s’agissait de bousculer un peu les juges d’instruction. Puisqu'en réalité, en l’état, cette demande de mise en liberté n’a aucune chance d’aboutir dans la mesure où nous sommes convaincus que les juges nous diront qu’ils n’ont pas encore interrogé nos clients et qu’il serait donc prématuré de les mettre en liberté.

Peut-on toutefois dire cette démarche stratégique a eu un effet sur les juges ?

Oui ! Mais ce n’est pas cette stratégie seulement. Il faut reconnaitre que nous avons adressé plusieurs courriers à ces magistrats, nous leur avons rendu plusieurs visites afin de leur demander de nous faire le point de la situation. Je pense que c’est l’ensemble de toutes ces démarches-là et l’ensemble de ces efforts qui ont contribué à obtenir au moins cette évolution qu’on a connu ces jours-ci.

Ces derniers jours on a appris que Ousmane Gaoual aurait été placé en isolement. Qu'en est-il concrètement ?

Je ne peux pas vous en dire davantage. Parce que quand même, tout établissement pénitentiaire, il y a un certain nombre de règles qu’il faut respecter. Est-ce que Ousmane Gaoual a enfreint à ces règles-là ? Je ne sais pas exactement. Mais tout ce que je sais par rapport à leur condition de détention, ce sont les mêmes conditions dans tous les établissements de cette nature. Lorsqu’on est privé de liberté je pense que c’est une situation difficile à supporter moralement mais sur le plan physique aussi. Il se peut que certains d’entre eux comme tous les détenus d’ailleurs soient exposés à un défaut de soin approprié. C’est pour toutes ces raisons que nous nous battons pour que la procédure démarre et puisse aller assez rapidement afin que chacun d’entre eux soit situé sur son sort.

Où est-ce que vous en êtes avec les autres dossiers tels que les responsables du FNDC ?

En ce qui concerne le dossier de Souleymane Condé et de Youssouf Dioubaté, il y a deux semaines de cela, nous avons débattu sur ce dossier. Le ministère public a requis 5 ans d’emprisonnement contre eux et nous du côté de la défense, nous avons demandé la relaxe. Parce que les faits qui leur sont reprochés ne sont pas constitués. Mais comme vous le savez, le grand problème qu’on a actuellement, c’est avec la justice. La justice a tendance à être politisée, a tendance à être un instrument dans les mains du pouvoir pour anéantir les adversaires. Sinon ce sont des dossiers qui ne reposent à absolument sur rien.

Quant au dossier du Fonikè Mangué, il est programmé aujourd’hui devant le tribunal de Mafanco. Là également nous serons présents et nous lui apporterons notre assistance de manière à faire en sorte que son innocence s’éclate au grand jour.

Dans quel état se trouve-t-il aujourd’hui ?

Il est physiquement faible mais je pense que sur plan moral il tient le coup. C’est vraiment un homme de conviction qui se bat pour ses convictions et qui curieusement a été obligé de se mettre en grève de la faim pour obtenir un procès. Cela veut dire qu’il n’a pas peur d’affronter les juges parce qu’il ne se reproche absolument de rien. Quand on voit le dossier, on dit qu’il est poursuivi pour attroupement sur la voie publique de nature à troubler l’ordre public. Je pense que tout cela ce sont des stratagèmes pour éliminer les voix discordantes.

 

Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 11 janvier 2021 08:25

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