Camp Koundara « Makambo »: Comment les détenus étaient torturés?
CONAKRY- C’est un des camps militaires les plus sulfureux au temps du CNDD (conseil national pour la démocratie et le développement), selon plusieurs témoignages concordants. Le camp Koundara, actuel camp Makambo.
Dans cette garnison militaire située au quartier Boulbinet, dans la commune de Kaloum, des scènes de tortures atroces ont été commises sur des citoyens, selon ses anciens pensionnaires. C’est dans ce camp où Toumba Diakité avait ouvert le feu Dadis Camara en 2009 et assassiné le commandant Makambo Loua.
Ce mardi 7 février 2023, Paul MANSA Guilavogui, le dernier dans le box des accusés dans le procès sur le massacre du 28 septembre 2009, a expliqué la façon dont les détenus y étaient torturés. Arrêté en 2015, l’accusé a nié sa participation dans les infractions pénales commises le 28 septembre 2009.
Après sa déposition, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara lui a posé un certain nombre de questions sur sa participation aux événements du 28 septembre 2009. L’accusé affirme qu’il n’était pas à Conakry à cette date précise. Que savez-vous des évènements du 28 septembre 2009 ? lui a demandé le juge. Sans tarder, l’accusé répond : « Je ne sais rien ».
Paul Massa Guilavogui a cependant expliqué au détail près la façon dont des tortures étaient infligées aux personnes retenues au camp Koundara, actuel camp Makambo, sous le CNDD. A l’en croire, des actes d’atrocité flagrants ont été commis là, sur ordre de l’ex commandant du camp Beugré.
L’accusé à la barre ce mardi 7 février 2023, a soutenu que ce sont les commandos chinois qui infligeaient ces tortures aux détenus sur ordre de feu Beugré, de son vrai nom Mohamed Camara, ex commandant du camp Koundara baptisé Camp Makambo plus tard.
« C’est Beugré qui torturait les gens. Je défie quiconque qui dirait que j’ai torturé une seule personne. D’ailleurs, que la personne victime de ces actes de tortures se présente à cette barre pour témoigner », a martelé l’accusé.
« Pourquoi avez-vous été radié de l’armée ? », lui a demandé un membre du ministère public. En réponse, Paul Massa Guilavogui signale avoir été ‘’chassé’’ des rangs de l’armée à cause des évènements du 28 septembre. Il dit être le seul à subir cela, puisque d’après lui, « les cinq personnes avec lesquelles il a été radié, ont repris service moins d’une semaine après ».
Emprisonné pour avoir refusé d’obtempérer aux ordres de son chef…
« Personne n’osait Beugré ? C’est lui en personne qui frappait les gens au camp. Il était le seul à le faire. Dès fois il donnait des instructions à ses hommes pour le faire. Il me donnait de l’ordre également, mais je n’appliquais que ceux (ordres) qui étaient conformes à la loi. Et non les ordres manifestement illégaux. C’est pour cela qu’il m’a enfermé », a raconté l’accusé.
L’accusé Paul Massa Guilavogui révèle avoir une autre fois subi une injustice de la part de feu Beugré, alors qu’il avait porté secours à un détenu victime d’atrocité.
« Il y avait un détenu nommé Karamoko. Il avait sa main enflée et il se tordait de douleur. Quand j’ai su cela, je suis allé acheter du beurre de karité et je l’ai isolé pour lui masser la main. Je lui ai donné ensuite le reste de ce produit pour qu’il cache et continue à l’utiliser. C’est ce produit qui a été découvert plus tard avec lui par la hiérarchie. On lui a demandé celui qui lui a offert ça, c’est ainsi qu’il m’a indexé…», narre-t-il précisant avoir durement subi les conséquences par la suite.
Paul Mansa Guilavogui a été interrogé sur la participation du commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, dans ces actes de tortures. « Non, Toumba ne faisait pas partie…de ceux qui torturaient », a-t-il répondu.
Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com
Créé le 7 février 2023 19:47Nous vous proposons aussi
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