Brésil: l’immigration africaine a-t-elle joué dans le succès de Bolsonaro?

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Ces derniers mois, plusieurs affaires d’immigration ont défrayé la chronique brésilienne. Car ces migrants, contrairement à ceux qui viennent du continent américain (Haïti compris), arrivaient de très très loin. Des terres situées de l'autre côté de l'Atlantique, l'Afrique.


«Les demandes d'asile ont grimpé en flèche de 800% sur quatre ans, principalement des Africains fuyant le conflit et la persécution», titrait al-Jazeera il y a déjà 4 ans. Mais depuis cette date, plusieurs histoires ont marqué les Brésiliens, accréditant l'arrivée de migrants venus d'Afrique. C’est ainsi qu’on a évoqué en mai 2018 ces Africains dont le catamaran est arrivé au Brésil en provenance du Cap-Vert après 33 jours de mer.

«Des dizaines de milliers de Sénégalais, Guinéens, Nigérians et Angolais»
«C’est une nouvelle route de l'immigration dont on n'a pas fini d'entendre parler. Comme l’Europe leur a fermé ses portes, les migrants africains cherchent d’autres terres d’accueil», affirmait RFI qui ajoutait: «Au cours des dernières années, des dizaines de milliers de Sénégalais, de Guinéens, de Nigérians et d’Angolais se sont installés au Brésil. Une fois arrivés en Amérique du Sud, certains sont partis tenter leur chance en Amérique du Nord. Mais la vaste majorité est restée sur place puisque le Brésil donne aux demandeurs d’asile un récépissé qui les autorise à travailler.»

Selon Duval Fernandes, démographe, professeur d'université et auteur d'une étude sur l'immigration africaine au Brésil, «il y a de plus en plus de migrants au Brésil, car une fois que vous entrez dans le pays et que vous faites votre demande d'asile, vous avez les mêmes droits que tout Brésilien. Contrairement aux Etats-Unis où on vous met en prison le temps de recevoir votre statut de réfugié, ou encore à l'Allemagne qui ne vous donne pas accès au marché du travail.»

Collaboration Brésil-Afrique à l'époque de Lula
Le Brésil, qui a connu des années de croissance rapide, est devenue une puissance économique importante aux exportations en progression constante. Il y a quelques années «le président Lula avait entrepris un renforcement de la collaboration économique entre le Brésil et l’Afrique» rappelle JolPress qui précise que «la migration importante venue d’Afrique crée une diaspora africaine de plus en plus importante sur le continent. Elle a pourtant des difficultés à se mêler à la population nationale. Bien que les populations noires et métisses représentent près de la moitié de la population, une partie, d’origine africaine, n’est pas favorable à leur établissement. Certains interprètent cet établissement comme une appropriation du travail disponible.»

Certes, l'immigration africaine ne représente quasi rien dans un pays de plus de 200 millions d'habitants. Selon le professeur Duval, les migrants africains sont passés de 1054 en 2000 à 31.866 en 2012. «Jusque-là, explique-t-il au Point, le pays était une terre d'accueil pour les migrants des pays lusophones, notamment les Angolais fuyant la guerre. Aujourd'hui, ils viennent de toute l'Afrique et en grande partie du Sénégal, du Nigeria, de la République démocratique du Congo, mais aussi de la Somalie, de l'Ethiopie ou encore de l'Erythrée. Et chaque pays a sa filière d'immigration.»

Mais le thème de l'immigration a pris de l'importance dans l'actualité brésilienne avec l'arrivée de nombreux réfugiés venus du Venezuela en raison de la crise qui sévit dans ce pays frontalier du Brésil. Et le candidat d'extrême-droite Jair Bolsonaro, très largement vainqueur du premier tour de la présidentielle, n'avait pas hésité à mettre ce sujet dans sa campagne, faisant du pays de Maduro un symbole de l'échec de la gauche.

Jar Bolsonaro aurait traité les migrants de «canailles» pendant la campagne et dans un tweet, il avait lancé en avril «Si nous ouvrons notre frontière délibérément, nous aggraverons la situation en créant des désordres et de la misère.» Un discours constant chez lui. On a vu que cette immigration africaine reste très marginale, même si la question a pu être abordée.

Sur Arte, l'historienne Armelle Enders a cependant tenu à relativiser ce thème dans le triomphe (provisoire?) du candidat d’extrême-droite. «Le racisme a pesé plus pour des raisons internes. Les Africains sub-sahariens n’ont pas été tellement évoqués».

Dans Le Monde, Sylvie Kauffmann voit dans la poussée de Bolsonaro la revanche de «l'homme blanc en colère». Une thématique qui ne peut pas laisser indifférents les migrants venus d'Afrique subsaharienne.

Source: Franceinfo

Créé le 10 octobre 2018 20:24

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