Route Boké-Québo ou la longue et périlleuse traversée sur le fleuve Kogon…
CONAKRY- ‘’Nous avons enregistré de nombreuses pertes en vies humaines et de biens matériels dans ce fleuve ces dernières années pendant la traversée…’’. Le fleuve Kogon que certains appellent par analogie la traversée de ’’Sirât’’ sur la route Boké-Québo, est un véritable cauchemar pour ses usagers. Africaguinee.com vous embarque dans cette aventure très périlleuse.
Le Kogon d’une longueur de 379 km, connu à l’ère coloniale sous le nom de ‘’rio Compony’’ est un fleuve côtier situé à l’ouest de la préfecture de Télimélé. Il se jette dans l’océan à proximité de la frontière avec la Guinée-Bissau.
Nous sommes à Manguodjè, un village situé aux bords du fleuve Kogon. C’est un passage obligé pour tous les voyageurs en provenance de la Guinée via Boké pour la Guinée-Bissau et vice-versa. Les usagers de cette « route » sont obligés de faire escale pour la traversée du fleuve, non sans risque. Les moyens utilisés sont rudimentaires. Il s’agit d’une pirogue en bois non motorisée. Les voyageurs sont partagés entre peur et inquiétudes de ne pas rejoindre l’autre rive du fleuve. Ibrahima Diallo conducteur de mototaxi habitué de la route Boké-Québo, décrit un calvaire quotidien.
« Nous demandons à l’Etat de nous aider à avoir des moteurs pour les pirogues et des pirogues modernes pour diminuer les risques de pertes en vies humaines. En plus, nous avons besoin urgemment de pont sur le fleuve Kogon parce qu’à chaque moment, on est victime de naufrage ici. Nous avons perdu des marchandises, des motos et mêmes des usagers de la route dans ce fleuve ces dernières années par noyade », soupire le jeune Ibrahim.
Ce conducteur traverse en moyenne trois fois ce fleuve dans la semaine. Depuis plusieurs années, aucun véhicule ne traverse le fleuve Kogon à partir de Manguodjè. Et pour cause, le bac est en panne depuis près de dix ans. Chaque jour, entre 40 et 50 motos traversent le fleuve. Comme l’a expliqué ce piroguier en plein manœuvre.
« Même si tout le monde ne passe pas par-là mais par jour on peut faire traverser entre 40 et 50 motos et on fait payer 15 mille gnf pour chaque moto. Actuellement les véhicules ne passent pas par ici parce qu’il n’y a pas de pont et le bac qui était là aussi est tombé en panne depuis 2016 », a expliqué Amadou Oury Sow.
En plus de cette insécurité à laquelle font face les usagers de cette route, le chef du port de Manguodjè confie qu’ils sont confrontés à un autre calvaire qui dure depuis une éternité. Trouvé en train de débarquer des marchandises dans une camionnette en provenance de Boké, Amadou Camara explique qu’ils sont victimes de rackets alors qu’ils sont en manque de tout.
« Nous souffrons énormément ici. Premièrement, l’Etat guinéen nous réclame chaque année le droit de port mais on ne voit pas du tout l’importance de ça. Puisqu’ils ne réparent jamais la route. En plus, les autorités ne nous assistent pas. Chaque année ils viennent nous retirer entre 250 mille gnf et 300 mille gnf. Mais ils refusent catégoriquement de nous réparer la route, regardez il n’y a même pas des ponts au niveau des petites rivières qui se trouvent sur cette route. Ils n’ont pas pu faire des ponts sur ces petites rivières donc on n’a pas d’espoir qu’ils construisent un grand pont sur le fleuve Kogon ici », dénonce Amadou Camara.
Le manque d’ouvrages de franchissement complique l’écoulement des produits agricoles, comme l’acajou. La traversée des colis est chèrement facturée. Le prix de la traversée oscille entre 450.000 à 500.000. « Il y a toutes sortes de marchandises qui passent par ici. Il y a par exemple l’acajou, du riz et autres. Mais on fixe le prix en fonction des camions ou des véhicules. Si c’est un camion des fois on demande de payer entre 450 mille gnf et 500 mille gnf. Dès fois on casse le prix parce qu’on voit qu’ils souffrent énormément sur la route, des fois ils peuvent rester jusqu’à trois jours sur la route entre Boké et ici (environ 70 km ndlr) », explique le piroguier.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
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Créé le 3 août 2023 12:28Nous vous proposons aussi
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