Bogola Haba : « Seul le rapport de force permettra le départ d’Alpha Condé… »

Kéamou Bogola HABA

CONAKRY-Le couple UFDG-ANAD va-t-il donner le "feu vert" pour la reprise des manifestations de rue ? Quelle était l'opportunité de répondre au rapport du Gouvernement guinéen sur les violences politiques ? Que compte faire le camp de Cellou Dalein Diallo pour obtenir la libération des détenus ? Kéamou Bogola Haba, a répondu aux questions d'Africaguinee.com. Selon lui, seul le rapport de force pourra permettre le départ d’Alpha Condé du Pouvoir en Guinée.


AFRICAGUINEE.COM : Vous avez commenté le rapport du gouvernement sur les violences politiques que vous avez qualifié de concentré d'inepties. Quelle était l’opportunité ?

C’est extrêmement important dans le cadre de nos communications thématiques. M. Alpha Condé et son gouvernement illégitime à travers les ministres de l’Administration du territoire, de la Sécurité et de la Justice ont publié un rapport pour accuser Cellou Dalein d’être un chef rebelle qui avait amassé à nos frontières avec la Sierra Léone, le Sénégal et la Guinée Bissau des mercenaires et qu'il se préparait à aller se réfugier dans une ambassade afin d’activer cette rébellion pour venir tuer des personnalités. C’est ce qui était la position de défense de M. Alpha Condé pour justifier les arrestations des militants, la mise en résidence surveillée Cellou Dalein et son entourage.

Maintenant que M. Alpha Condé a finalement décidé d’ouvrir les frontières avec la Sierra Léone, personne n’a vu, 8 mois après, un seul rebelle. On a vu qu’il a eu tort. La Cedeao l’a donné tort et il a été humilié à Accra. Cela nous permet de rappeler aux Guinéens que tout ce qu’il a dit est faux. L’ensemble de nos frères arrêtés sont innocents. Le fait déjà pour l’instruction de libérer une trentaine de personnes pour délits non constitués prouve que nos frères en détention sont innocents. La requalification des charges initialement retenues contre Chérif Bah, Abdoulaye Bah, Cellou Baldé, Ousmane Gaoual Diallo, Etienne Soropogui prouve qu’ils sont pris en otage par M. Alpha Condé pour les utiliser comme monnaie d’échange pour qu’on le reconnaisse.

Bien que l’instruction soit close, le procès tarde à s’ouvrir alors que la vacance judiciaire c’est pour bientôt. Qu’en dites-vous ?

Vous savez que la justice n’existe plus parce que M. Alpha Condé et son Premier ministre Kassory ont dit clairement qu’ils préfèrent l’ordre à la loi. Ils ont relégué la justice au second rang. Des militants de l’Ufdg de Mamou arrêtés depuis 2018, c’est maintenant qu’ils sont en train d’être jugés alors que la procédure de détention provisoire est claire. Mais comme c’est M. Alpha Condé qui les pris en otage, qui contrôle l’agenda des jugements, et également des peines à infliger à chaque accusé. C’est lui aussi qui décide de libérer X ou Y après un pardon et des excuses publiques comme au temps du Camp Boiro. Cela ne nous étonne pas qu’il les garde encore en prison autant qu’il veut. C’est pourquoi, nous pensons que seul le rapport de force pourra permettre le départ d’Alpha Condé et de libérer tous ceux qui sont dans les prisons comme à Faranah et les militaires à Siguiri. Seul le départ de M. Alpha Condé nous permettra de retrouver le chemin de la justice et de la démocratie.

 

Il faut reconnaitre quand même que le chef de l’Etat a accordé la grâce à plusieurs détenus. N’est-ce pas une réelle volonté de décrispation ?

 

Vous savez au temps du Camp Boiro, on obligeait des prisonniers à reconnaitre des contrevérités soit pour accélérer leur mort ou pour accuser X ou Y ou pour être libérés. C’est ce qui se passe, ce sont des otages qui, à la demande de M. Alpha Condé, ont été condamnés. Pour pouvoir les gracier, il exige expressément qu’ils demandent pardon. Finalement, il se présente en agneau alors que c’est lui le lion. Il faut rappeler que dans nos prisons, on n’a pas des ordinateurs dans nos cellules. C’est des juristes et des avocats assermentés qui écrivent ces lettres où on oblige ces prisonniers à signer.

Avez-vous des preuves que ces lettres sont rédigées par des juristes ?

Vous ne pouvez pas me dire qu’aujourd’hui, on a dans nos cellules des ordinateurs et des imprimantes permettant de faire des écrits que vous avez suivis. Au temps du Camp Boiro, les détenus écrivaient avec leur sang, ils se blessaient pour écrire à leurs parents. M. Alpha Condé et son équipe préparent des déclarations qu’ils viennent faire signer par les prisonniers. Je ne doute pas de la qualité intellectuelle de Souleymane Condé et de Dioubaté, mais si vous voyez l’introduction, le corps et la conclusion de leur texte, les mots et les terminologies montrent à suffisance que ce sont des juristes assermentés qui ont fait le travail. L’autre preuve ce que le matériel utilisé n’est pas en prison.

Nous condamnons cette pratique. La gravité de cette pratique ce qu’on exige des détenus dès qu’ils sortent de prison, soit d’attaquer leur parti ou de dire qu’ils font plus la politique.  Finalement, on laisse la politique aux analphabètes et aux démagogues. Feu général Facinet Touré disait qu’ils ont pris le pouvoir en 1984 parce que le Camp Boiro avait tué presque tous les intellectuels et envoyé les autres en exil. Alpha Condé veut forcément tuer les intellectuels comme le cas de Roger Bamba, les envoyer en exil ou les soumettre sous silence.

Des jeunes de l’Ufdg réclament la reprise des manifestations. Est-ce que le contexte sied ?

Depuis très longtemps, nous avons une pression énorme des militants par rapport à la reprise des manifestations. Comme l’a dit le président élu Cellou Dalein Diallo, nous comprenons le ras-le bol de la jeunesse de l’Ufdg. La situation est vraiment intenable.  M. Alpha Condé a eu une période de grâce de 9 mois à cause de la pandémie et à la sagesse de l’Anad et de son président. Pendant ce temps, il n’a pas pu se remettre en cause pour quitter le pouvoir par la petite porte parce qu’il a raté de sortir par la grande porte. La situation est devenue très grave avec la détention des leaders politiques, la cherté de la vie, le déguerpissement. Nous pensons que la population est dans sa logique de réclamer la reprise des manifestations.

Est-ce que c’est le moment ?

Les instances de l’Anad vont se retrouver pour évaluer la réponse par rapport à notre stratégie d’accéder au pouvoir avec le moins de victimes. La route Leprince et la ville de Nzérékoré ont payé un lourd tribut pour la démocratie alors que nous sommes 12 millions des Guinéens et plus 3 millions dans le Grand Conakry. Tous les Guinéens sont conscients que nous devons tous nous battre. La pauvreté et l’injustice dont nous sommes victimes n’ont pas de partis politiques et d’amis. Même les Damaro aujourd’hui ne sont plus protégés parce que personne n’est plus protégé par la loi. Soit l’Ufdg et l’Anad donneraient le feu vert aux manifestations ou bien elles seront spontanées parce que la situation est très grave.   

Interview réalisée Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 669 91 93 06

Créé le 6 juillet 2021 12:12

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