Bissandougou : la capitale de « l’empire de Samory Touré » en manque de tout…

KANKAN-Le constat est patent. Situé à 40 kilomètres au sud Kankan, principale ville de la Haute Guinée, le district de Bissandougou vit dans une précarité insoutenable. Une réalité qui contraste avec la grande réputation que cette localité avait dans les années 1833. En effet, c’est dans cette célèbre localité que l’Almamy Samory Touré avait établi sa base. C’était la capitale de l’empire Wassouloun, fondé par le résistant Samory. Ce lieu emblématique rempli d’histoire ne garde que quelques cicatrices de son passé glorieux.

La bourgade ne dispose d’aucune infrastructure digne de nom, montrant une présence de l’Etat. Pourtant, c’est là où en 1887 un traité historique fut signé entre les colons français et le résistant Samory Touré, permettant à l’envahisseur de naviguer sur le fleuve Niger.

De nos jours, le peu d’infrastructures qui s’y trouvent sont dépourvues de personnels et d’équipements. Le seul poste de santé de ce district est dans un état de dégradation très poussé. Le personnel dévoué qui y travaille, bien qu’insuffisant en nombre, fait de son mieux pour répondre aux besoins médicaux de la population. Toutefois, les installations sont inadéquates. Ce qui entrave leurs efforts, laissant de nombreux malades sans soins appropriés.

« Aujourd’hui, nous avons besoin d’équipements pour notre poste de santé. Le bâtiment a été construit par la communauté elle-même, mais il n’y a pratiquement pas d’équipements et l’infrastructure est vieillissante. Il n’y a même pas de lits pour les patients. En tant que responsable du poste de santé, je n’ai pas encore été engagé par l’État, ce qui pose problème, et il y a également un manque de personnel qui frappe fort ici. Nous souffrons énormément ici dans la prise en charge des patients. Nous manquons de tout pour assurer le service sanitaire minimum. Nous espérons que les autorités nous viendront en aide pour le bonheur des citoyens de Bissandougou », explique l’infirmier.

Construite en 1990 par l’État, la seule école primaire appelée Général Lansana Conté où tous les enfants de cette localité apprennent à lire et à écrire se trouve aujourd’hui dans un état très délabré.

« Nous rencontrons de nombreuses difficultés ici. Regardez l’école vous-même, c’est une vieille école, les plafonds, la charpente, les murs… sont en mauvais état.  Les tôles sont percées. Nous ne sommes que deux enseignants ici, et c’est la communauté qui prend en charge notre rémunération, car l’État est pratiquement absent.

Nous avons également du mal à percevoir nos primes. La communauté peine à nous payer la somme qu’elle nous doit », explique Djoumé Sidibé, le directeur de l’école primaire de Bissandougou.

Ce n’est pas tout. Le manque d’eau potable est l’un des problèmes auxquels les habitants de Bissandougou sont confrontés, comme le témoigne cette mère de famille.

« Nous avons des problèmes d’eau potable ici. Nous avons creusé un puit, mais à chaque fois nous devons payer des sommes importantes pour la maintenance. Aujourd’hui, nous avons payé plus de 20 millions de francs guinéens, mais jusqu’à présent, nous n’avons rien obtenu. Nous manquons vraiment d’eau. Nous avions trois puits, mais aujourd’hui, c’est un seul qui fonctionne. Parfois nous passons la nuit à la cherche de l’eau potable », pleure cette femme.

Côté infrastructures sportives et de loisirs également, les jeunes de Bissandougou affirment être en manque de tout, comme le souligne Moussa Camara.

« Nous les jeunes de Bissandougou, nous n’avons vraiment pas d’infrastructures sportives et de loisirs. Il faudrait que les autorités nous viennent en aide pour que nous puissions disposer d’infrastructures sociales de base. Même les écoles ne sont pas en bon état…Nous souffrons vraiment à Bissandougou », explique ce jeune.

Outre ces tristes réalités, les jeunes de Bissandougou sont également confrontés à l’éternel problème de chômage. De nos jours, la capitale de Samory Touré reste en marge du développement et souffre d’un manque criard d’infrastructures sociales de base.

De retour de Bissandougou, Facely Sanoh

Pour Africaguinee.com

Créé le 31 juillet 2023 13:32