Banjul: A la rencontre de Souadou Diallo, guinéenne de 22 ans qui fait mémoriser le Coran

Souadou Diallo assise au milieu de ses disciples

BANJUL- A Abuko, nouveau quartier situé dans la haute banlieue Est de Banjul, vit une forte communauté guinéenne. Les villas cossues et des lieux culte ont poussé ces dernières années. Des signes qui traduisent la parfaite intégration de la communauté guinéenne en Gambie, petit pays de 11 000km enclavé dans le territoire sénégalais.


Plusieurs ressortissants guinéens vivant dans ce quartier font la promotion des foyers islamiques (écoles coraniques) pour la mémorisation du Coran. Si d’ordinaire, ces centres de mémorisation sont gérés en grande partie par des hommes, une jeune dame en fait exception. Souadou Diallo, âgée seulement de 22 ans mariée et mère d’une fillette fait son chemin dans ce travail qu’elle a épousé de son propre gré à IBN MASSOUD SCHOOL FOR QUARANIC MEMORIZATION/ISLAMIC EDUCATION (école de mémorisation coranique et éducation islamique Ibn MASSOUD). Cette jeune femme qui a mémorisé le Coran à bas âge se distingue par son courage.  Après son mariage, elle opte pour travail : aider les autres mémoriser le Coran, comme elle. Nous l’avons rencontré, assise au milieu de ses disciples.

En 2010, Souadou Diallo avait à peine ses 10 ans quand elle a été inscrite dans centre de mémorisation du coran. 4 ans après, elle arrive à réciter le livre sait entièrement. Après l’obtention de son diplôme, l’amour d’enseigner nait en elle. Tous les après-midis, du lundi au vendredi, après ses travaux ménagers, Souadou Diallo va enseigner ses disciples constituées de filles au moins 4 heures par jour. Elle explique.

« Je suis allée à l’école de mémorisation du coran en 2010, j’ai terminé la mémorisation en 2014 et j’ai reçu mon diplôme au mois de mars 2015. Ensuite, je suis allée en Guinée, à mon retour on m’a retenu un peu de temps pour assister certains disciples dans mon ancienne école. Finalement, je suis venue moi-même solliciter le travail dans cette école Ibn Massoud à Abuko. Les maitres que j’ai trouvés sur place ont vraiment apprécié ma démarche, ils m’ont donné une classe entière pour faire mémoriser le Coran. Aujourd’hui j’ai 23 disciples, des filles seulement, je sais que l’effectif va augmenter progressivement. Elles avancent dans la mémorisation. J’attends mes premiers disciples à encore qui vont mémoriser. Mon souhait est qu’elles sortent toutes après la mémorisation et qu’elles dépassent toutes mon savoir.

Au-delà de la mémorisation on se parle en femme sur les principes islamiques, le comportement à adopter dans la société. Comment gérer les périodes de menstrues. Vous savez c’est des choses s’il s’agit de parler avec un homme, il y a une gêne de part et d’autre, mais entre femmes il n’y a pas de complexe. Nous parlons de l’éducation islamique en quelque sorte. J’invite les femmes à se lancer dans ce métier d’enseignement coranique, qu’elles enseignent leurs enfants en famille, qu’elles demandent des heures de cours dans les foyers islamiques comme les hommes. Le prophète a recommandé d’étudier et de faire enseigner, ceux qui sont les plus aimés parmi les croyants, c’est ceux-là qui ont mémorisé le coran et le font mémoriser à autrui », enseigne Souadou Diallo, maitresse coranique, catégorie mémorisation.

Souadou Diallo s’est vite fait remarquer dans son voisinage à cause de son courage « d’homme ». Le centre de mémorisation a connu également une notoriété depuis son arrivée. Abdoulaye Demba Diallo marchand et voisin à cette école coranique y a inscrit ses deux fillettes. Ce père de famille est marqué par la prouesse de cette jeune dame et la détermination des disciples à rentrer avec un diplôme. Il ne cache pas son admiration pour la jeune Souadou.

 « Ici de façon générale, les maitres sont très motivés malgré leur jeune âge. Ils ont tous moins de 30 ans mais ils refoulent de détermination quant à l’apprentissage des enfants, c’est là que la jeune dame est venue les rejoindre. Les enfants qui sont les disciples sont également déterminés comme des personnes âgées à remplir les exigences pour mémoriser vite. En ce qui concerne madame Souadou, chacun souhaite d’avoir un tel voisinage. C’est une femme qui rivalise avec les hommes pour faire rayonner l’islam, c’est un courage à saluer fortement. Chaque famille souhaiterait avoir une femme comme Souadou chez soi. Depuis son arrivée dans ce foyer, les filles comprennent vraiment, elle a des techniques pédagogiques particulières pour faire avancer le niveau de compréhension. C’est une jeune bien éduquée et respectueuse, tous les après-midis elle est là. La lecture est vraiment claire avec une très bonne diction », témoigne ce père de famille.

Muhamad Abdullahi Jallow, responsable des études à l’école Ibn Massoud salue la bravoure de Souadou Diallo qui cumule « vie de couple et enseignement coranique » qu’elle décide de faire elle-même. Il indique qu’au-delà la mémorisation, plusieurs types d’enseignement sont dispensés jusqu’à l’apprentissage des langues arabe et anglaises.

« Souadou Diallo est à encourager vraiment.  Elle n’est pas la seule femme qui a mémorisé le Coran, elles sont des milliers les femmes qui ont le Coran en tête, c’est indéniable mais elle est la seule à avoir le courage de venir vers nous et demander des charges pour nous épauler dans ce travail difficile. Nous avons compris en elle, elle veut partager son savoir. Nous avons compris qu’elle veut continuer à garder et à renforcer son savoir de peur de désapprendre. Parce que l’important, ce n’est pas d’apprendre mais de faire en sorte de ne pas oublier. Elle aime bien ce qu’elle fait, elle vient enseigner 5 jours dans la semaine, ce qui veut dire qu’elle passe l’essentiel de son temps à l’école ici. Elle est d’un apport important à la formation des enfants. Nous apprenons aux enfants, les lois et l’éducation islamique Tawhid, Fighu. Parce qu’il ne sert à rien de faire mémoriser le coran aux enfants sans qu’ils n’apprennent à côté l’islam et ses principes. L’islam, c’est l’éducation. Donc les deux vont de pair. Les enfants qu’ils soient filles ou garçons, ils ont terminé la lecture plurielle, ils sont en phase de mémorisation. Ils apprennent aussi l’anglais et l’arabe en même temps. Ça avance comme on peut » rassure ce collègue de Souadou Diallo.

Dans ses projets, Souadou Diallo compte bien élargir les centres de mémorisation du coran au-delà des frontières gambiennes, avec toile de fond des femmes aux commandes comme elle.

 

Reportage réalisé par Alpha Ousmane Bah (AOB)

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 664 93 45 45

Créé le 4 janvier 2022 10:30

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