Atrocités à Macenta: Une décision du colonel Doumbouya freine le procès
CONAKRY-Après plus d’une année passée en détention, les 38 accusés dans les violences intercommunautaires survenues à Macenta en 2020 peinent à être situés sur leur sort. Le procès tant attendu qui s'est ouvert, jeudi 30 décembre 2021 à la maison des jeunes de Nzérékoré sous haute sécurité, a aussitôt connu un coup d’arrêt. Et pour cause : Le tribunal de première instance de Macenta qui doit juger l'affaire s'est déclaré incompétent.
Les raisons sont simples. Tard dans la nuit du mardi 29 décembre 2021, le président de la République a promu plusieurs magistrats à des nouvelles fonctions alors que d'autres ont été mutés. Jusque-là président du TPI de Macenta, Abdoulaye Conté, été nommé président de la Cour d'appel de Conakry. Tandis que le procureur Abdoulaye Babady Camara, est muté à Boké, ainsi que son substitut et les deux accesseurs.
Alors que les avocats de la défense ont demandé une mise en liberté provisoire de leurs clients, le président du TPI de Macenta a renvoyé l'affaire au 10 janvier 2022 déclarant le tribunal incompétent à juger cette affaire dès lors un décret les a tous mutés.
" Le tribunal constate que le décret en date du 29 décembre 2021, a mis fin aux fonctions du président et accesseurs qui le compose. En conséquence, déclare l'incompétence temporaire de cette composition. Renvoie les accusés à mieux se pourvoir quant à leur demande de mise en liberté, le tout en application de l'article 642 du code pénal, renvoie l'affaire au 10 janvier 2022 pour la nouvelle composition", a déclaré Abdoulaye Conté, le désormais ancien président du tribunal de première instance de Macenta, après plusieurs heures de discussion.
Cette décision n’est pas du goût du pool des avocats de la défense. Selon eux, cela dénote du mépris à l’égard de leurs clients dont 3 sont morts en détention.
“C'est avec un cœur meurtri que je prends la parole devant vous. C'est inconcevable qu'il y ait plus d'un an de détention préventive, plus de 3 décès dans une maison d'arrêt, sans aucune forme de procédure pour élucider les causes de leur décès. Du moment où il y a la volonté politique de l'Etat de faire juger cette affaire, voilà un décret qui est venu muter tous les magistrats de Macenta ailleurs à la veille du procès. On se pose la question pourquoi ce décret ? Et pourquoi le décret n'a pas précisé que le tribunal de Macenta pouvait continuer les débats qu'ils vont ouvrir demain ? S'il y a une main invisible derrière ce dossier, c'est le bon moment de le dénoncer et de mettre à la portée du président de la République qui a promis que la justice sera la boussole qui doit orienter l'action de chaque citoyen. L'article 244, 235 et suivant du Code de procédure pénale dit que lorsque qu'il y a une question d'incompétence du tribunal, il est tenu de statuer sur la demande de mise en liberté des accusés. Le tribunal a fui sa responsabilité”, s'est insurgé Maître David Beavogui l’un des avocats de la défense.
Pour le moment, les 38 détenus retournent en prison en attendant le 10 janvier. La reprise ne semble pas pour bientôt en attendant que les nouveaux magistrats ne se familiarisent avec le dossier. Pendant ce temps, les parents des détenus s’inquiètent. Plus de 20 personnes poursuivies dans cette affaire sont en fuite.
A suivre…
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant régional d'Africaguinee.com
A Nzérékoré
Tél : (00224) 628801743
Créé le 31 décembre 2021 18:15Nous vous proposons aussi
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