Arrêt de la Cour Suprême, exigences de l’opposition: les confidences de Cellou…
CONAKRY- Jusqu’où l’opposition est-elle prête aller pour obtenir la satisfaction de ses revendications ? A part les manifestations, Cellou Dalein et ses alliés ont-ils d’autres stratégies pour faire plier le président Alpha Condé ? En marge de l’inhumation du jeune Mamadou Aliou Diallo ce vendredi 27 décembre 2019, le chef de file de l’opposition s’est prêté à quelques questions de notre reporter. Dans cette interview, le leader l’UFDG évoque aussi l’arrêt de la Cour suprême qui est tombé hier par rapport à l’installation des chefs de quartiers.
AFRICAGUINEE.COM : la Cour Suprême a ordonné hier le gouvernement d’installer les chefs de quartier et les conseils régionaux suite à une plainte que vous avez déposée. Quels sont vos sentiments ?
CELLOU DALEIN DIALLO : Il faut d’abord que le gouvernement accepte cette injonction puisque la Loi était là. Elle est plus forte que la décision de la Cour Suprême. Parce que c’est clair, il n’y avait aucune ambigüité sur la Loi. Si le gouvernement n’obéit pas à la justice et aux lois, ça peut arriver, vous connaissez Alpha. Sinon normalement, on doit installer les conseils régionaux, les conseils de quartiers. On devait suspendre les processus électoral des législatives, terminer ça, trouver un chronogramme consensuel et continuer, si on veut organiser des élections inclusives. Mais c’est la défiance, pousser l’opposition dehors, faire ce qu’on veut sans aucun dialogue et refuser d’appliquer la Loi. Donc, nous attendons. Si on devait nous écouter, arrêtons le processus électoral, voyons ce qui a été mal fait, corriger ça, installer les conseils de quartier et régionaux, conformément à la Loi et maintenant conformément à la décision de la Cour suprême. Mais Alpha s’en fout de la Loi. Pour le moment nous attendons de voir.
L’opposition a annoncé qu’elle boycottera et empêchera les élections du 16 février. A part les manifestations qui semblent avoir montré leur limite quelles stratégies l’opposition a pour empêcher ces élections ?
D’abord, on n’a pas commencé par dire qu’on boycotte. On a dit qu’on exige que les conditions d’un scrutin équitable et crédible soient réunies pour qu’on participe aux élections. Ce qui n’est pas le cas. Vous avez vu comment s’est déroulée la révision des listes électorales. On a enrôlé à tour de bras des enfants partout, et on a refusé à des guinéens qui ont le droit de s’enrôler. Il y a beaucoup de villages au foutah dans lesquels on n’a pas vu des équipes pour faire l’enrôlement, sans compter nos compatriotes de l’étranger à Dakar, en Angola, en Belgique… Comment vous pouvez l’expliquer ? Alors l’opposition politique s’est retrouvée pour poser des conditions de notre participation aux élections.
Premièrement, nous voulons que le fichier soit assaini et qu’on ait des garanties qu’il reflète fidèlement l’état du corps électoral, que ceux qui ont été exclus volontairement par les caprices de la CENI et de son président soient réintégrés, que les mineurs soient extirpés. Nous exigeons aussi que les quartiers et les régions soient installés. C’est des choses tout à fait normales qu’on demande. On ne peut pas entamer une élection alors qu’on n’a pas terminé une autre. Dans quel pays vous avez vu ça ? Nulle part ! Ensuite, nous voulons quelqu’un à la tête de la CENI qui rassure la classe politique, quelqu’un tiendra la balance égale entre la mouvance et l’opposition. Aussi, il faut que monsieur Alpha Condé renonce au changement de constitution. Voilà les conditions qu’on a posées.
La vocation des partis politiques n’est pas de boycotter les élections. Mais c’est de leur devoir d’exiger que les conditions d’un scrutin équitable et transparents soient réunies pour qu’on participe à des élections avec un minimum de confiance.
Vous dites que les manifestations ont montré leur limite. NON. Je ne suis pas d’accord. Tout ce qu’on a obtenu d’Alpha Condé, nous ne l’avons pas obtenu parce que la Loi l’a prévu. On l’a obtenu parce qu’on a marché. Les élections législatives passées, c’est après avoir perdu 57 citoyens guinéens qu’on les a organisées. On a obtenu les élections locales au forceps, après elles ont été organisées dans des conditions chaotiques. On a marché pour que les vrais résultats soient publiés, nous n’avons pas obtenu. On a marché pour que la haute cour de justice soit mise en place, mais Alpha Condé qui veut se garantir une impunité n’a pas fait. Parce qu’il sait que cette Cour l’aurait jugé avec toutes les violations récurrentes de la constitution et le non respect des calendriers électoraux. Donc les marches n’ont pas montré leur limite, nous allons continuer parce qu’elles sont autorisées par la constitution, jusqu’à la satisfaction de nos revendications.
A suivre…
Propos recueillis par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
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Créé le 27 décembre 2019 17:45
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