Amadou Damaro Camara : ‘’L’Etat doit sévir avec toutes ses forces…’’ (Interview)
CONKARY-Alors que l’opposition guinéenne promet de braver l’interdiction des autorités du pays par rapport aux manifestations de rue, le président du groupe parlementaire RPG arc-en-ciel, Amadou Damaro Camara invite l’exécutif de sévir pour maintenir l’ordre dans la cité. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le Chef de file de la mouvance présidentielle s’est exprimé également sur plusieurs sujets d’actualité. Exclusif !
AFRICAGUINEE.COM : L’opposition accuse à la fois le Gouvernement et la mouvance de mauvaise foi dans le règlement du contentieux électoral. Que répondez-vous ?
AMADOU DAMARAO CAMARA :Je ne sais pas ce qu’ils appellent mauvaise foi. Premièrement, j’aimerais faire un petit retour sur les accords politiques. Nous avons presque apuré tous les points des accords politiques. Nous avons une loi sur la CENI, nous avons obtenu les élections communales et fait le code électoral. Il n’y a pas de personnes arrêtées lors des élections législatives de 2013 qui sont encore en prison. L’indemnisation dont ils réclament, aujourd’hui nous attendons toujours au niveau du comité de suivi la liste de ce qu’ils considèrent être des victimes qui répondent aux critères établis dans les accords politiques. A mon niveau d’information nous étions à 21 victimes. Les deux dernières lois des finances ont fait des provisions pour ces indemnisations.
Il y a quand même l’audit du fichier électoral qui n’a pas encore débuté…
C’est demain (Mercredi 8 août 2018, Ndlr) que l’audit du fichier va commencer en fonction du chronogramme établi entre l’opposition, la mouvance et la CENI avec les partenaires au développement. Je ne vois pas comment le Gouvernement et nous pouvons être de mauvaise foi. Le contentieux ne demande qu’une résolution politique, qui ne peut être qu’un arrangement parce qu’encore une fois, il faut qu’on aille en contournant la loi au nom du consensus. Même si on fait toujours des consensus pour avoir la paix et la stabilité, on n’a ni paix ni stabilité, ni respect de la loi. Mais des propositions ont été faites de part et d’autre. Et parfois mises sur papier, mais chaque fois qu’on arrive à une attente possible, l’UFDG sort dans sa besace magique une autre revendication souvent qui n’a rien à voir avec le contentieux électoral. Finalement, on n’a qu’à se résoudre que ces manifestations n’ont d’autre but que de déstabiliser et c’est tout. Tous les autres arguments ne sont que des alibis.
N’est-ce pas gênant pour vous acteur politique le fait que 5 mois après les élections locales les conseillers communaux ne sont toujours pas installés ?
Absolument, on devrait les installer depuis la semaine qui suit la proclamation définitive des résultats. Dans les 342 circonscriptions électorales, les contentieux ont été évacués par la justice. Mais les contestations sont à propos de 12. Qu’on refuse d’installer, les 330 j’avoue que ce n’est pas à l’opposition que j’ampute cela. C’est la faiblesse de notre Etat, qui a fait que 5 mois après des communes qui n’ont pas de contentieux, les conseillers ne soient pas installés. Moi, je l’ai dit, j’aurais installé le lendemain. Et j’ai même appelé de toutes mes forces pour que ces installations aient lieu.
Ce jeudi 09 août l’opposition projette pour la énième fois une manifestation sur l’autoroute Fidèle Castro pour dénoncer la non-application de l’accord politique. Est-ce opportun à vos yeux ?
Notre opposition aime toujours dire qu’il faut respecter la loi. Ce n’est pas à l’opposition de déterminer l’itinéraire. Quand on informe, l’autorité a le droit de dire par exemple je préfère pour telle ou telle raison objective que ça soit cet itinéraire au lieu de tel autre. Mais, nos opposants disent nous passerons par ici comme pour dire de gré ou de force. Evidemment, l’Etat doit sévir avec toutes ses forces dans son rôle régalien. Il revient à l’autorité d’être respectée et de se faire respecter.
Que préconiseriez-vous pour régler le contentieux et préparer les échéances futures ?
On ne préconise rien pour régler les contentieux. On n’a fait ce qu’on n’a pu. Pour eux, la bonne foi c’est de donner tout ce qu’ils réclament. Et quand on fait une réclamation, on en pose dix autres. De deux choses l’une, c’est eux qui gouvernent ou c’est l’élu du peuple qui gouverne. Les échéances futures, la CENI est en train de travailler, il est dans son temps, pour avoir les élections à bonne date.
Que pensez-vous de la récente sortie de Dr OumaneKaba qui soutient que le Général Konaté a fourni assez d’efforts pour donner le Pouvoir à la haute Guinée en 2010?
Je crois que je me suis suffisamment exprimé sur ça. Et dans une de vos pages un de ces sabirs a essayé de me répondre. Mais moi je ne réponds jamais au sabir.
Selon vous le Gouvernement doit-il reculer face aux syndicats et à la société civile sur le prix du carburant ?
Ce n’est pas un problème de recul ou pas. C’est une absolue logique. Quand on ne produit pas une marchandise, quand on acheté une marchandise à un prix donné, aujourd’hui, tu le revends à un autre prix. Quand tu l’achètes demain à un prix élevé, tu es obligé de revendre à un prix plus élevé. La Guinée n’est pas productrice de pétrole, pourquoi elle devrait vendre beaucoup moins cher que les autres pays voisins ? Ce n’est pas possible. On s’est suffisamment expliqué. Mais c’est une perte de temps comme dit le Roi Hassan II d’expliquer des choses de bonne foi à des personnes de mauvaise foi.
Votre message à l’endroit des syndicats et de la société civile…
Que chacun soit dans son rôle, les syndicats parlent au nom des syndiqués. Ils ne peuvent parler au nom du peuple. La société civile est plutôt éducative et non revendicative. Le seul qui est légitimité de parler au nom du peuple, c’est celui qui a été élu par le peuple au suffrage universel.
Interview réalisée par Bah Aissatou
Pour Africaguinee.com
Tél : (00224) 655 31 11 14
Créé le 8 août 2018 15:20Nous vous proposons aussi
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