Aly Kaba avertit : « il est hors de question de s’abriter derrière le dialogue pour effacer les crimes… »
CONAKRY-Alors que l'UFDG pose trois conditions {libération de ses responsables et militants, ouverture de ses bureaux et siège, levée de l'interdiction de voyager infligée à son président} pour "son éventuelle participation" au dialogue, le chef de la majorité présidentielle au parlement avertit.
Honorable Aly Kaba, qui a accordé un entretien à votre quotidien en ligne a martelé qu'il "est hors de question de s'abriter derrière le dialogue pour effacer les crimes". Ce responsable du camp présidentiel invite le parti de Cellou Dalein Diallo, à saisir cette opportunité d'aller au dialogue, au lieu de poser des préalables. Dans cet entretien M. Kaba revient également sur les consultations entamées par les diplomates occidentaux. Entretien exclusif !
AFRICAGUINEE.COM : L'UFDG pose comme préalables de son implication au dialogue politique la libération de ses militants et cadres incarcérés en prison, l'ouverture des locaux abritant son siège et ses bureaux et permettre à son président de voyager librement. Quelle est votre réaction ?
HONORABLE ALY KABA : Merci beaucoup monsieur Diallo. Je crois que le dialogue est le meilleur moyen de régler les différends entre les personnes. Mais je le dis, il est hors de question de s'abriter derrière le dialogue pour effacer les crimes. Cellou doit sortir du refus de l'évidence, en reconnaissant que sa stratégie politique a toujours été mauvaise et a justifié ses échecs électoraux.
Il est évident aujourd'hui que l'arrogance et sa victimisation ne lui profiteront plus. L'heure est arrivée pour lui et son parti de profiter du prochain dialogue. Dialogue au cours duquel, ils peuvent poser leurs préoccupations. C'est mon avis. Au lieu de continuer aujourd'hui à lister une panoplie de préalables, je me dis que c'est une occasion qu'il faut saisir, et ne pas continuer à s'abriter derrière des préalables pour pouvoir participer à ce dialogue.
A l'occasion de l'Assemblée Générale virtuelle de l'UFDG, Cellou Dalein Diallo a déclaré citation : "Le despote Alpha Condé, après son coup de force, est aujourd’hui semblable à un animal blessé, acculé et cerné de toutes parts. Il est devenu infréquentable à l’international et n’a plus pour amis que les autres dictateurs du continent". Que répondez-vous ?
Cellou doit sortir de son arrogance. Apparemment, il ne maîtrise pas tout ce qui se passe. Plutôt, l'agressivité est de son côté, le Professeur Alpha Condé est très serein. Depuis les élections du 18 octobre jusque maintenant, les agitations, les appels à la violence… proviennent du camp de Cellou Dalein Diallo, qui en est l'auteur. De son auto-proclamation jusqu'à maintenant, il ne doit pas sauter sur les effets, mais les causes naturellement. Il dit aujourd'hui : mon siège est fermé, je ne peux pas voyager…".
Pour autant, il doit s'interroger sur tout ça. Il est l'un des tous premiers à pouvoir engendrer la violence après les élections en réunissant son parti, ses alliés pour s'autoproclamer et en demandant ensuite à ses militants de descendre fêter et défendre cette victoire. On connait la suite. Il ne doit pas bondir aujourd'hui sur les effets qui sont là, pour dire qu'il fait de cette situation des préalables. Le Président est serein.
Il dit que le Pr Alpha Condé n'est pas fréquentable alors qu'on assiste à des ballets diplomatiques à Conakry. En moins d'une semaine, on a vu combien de chefs d'Etat et de hauts responsables à l'échelle internationale qui ont eu des audiences avec le Président de la République. Plutôt, c'est lui qui a des problèmes, le Président n'a pas de problèmes.
La semaine dernière des diplomates occidentaux mais aussi de la CEDEAO ont rencontré Cellou Dalein Diallo. Que pensez-vous de leur implication dans la recherche de solutions à la crise actuelle ?
Vous savez, la diplomatie a toujours œuvré pour le rapprochement des personnes, des entités et des blocs politiques. Donc, diplomatiquement, cela est tout à fait normal. Les diplomates dans un pays, essaient toujours d'entendre tout le monde. Et c'est mieux comme ça, parce que de l'autre côté, il y a toujours cette victimisation qui apparaît en permanence. Donc, il est important au lieu d'être à distance, il faut vivre les réalités, et écouter. Nous ne reprochons pas du tout cette démarche. Au contraire, nous l'encourageons. Cela vaut mieux que rester à l'extérieur, écouter des informations relayées contre l'Etat guinéen.
Sur un autre volet, on a vu le cardinal Robert Sarah qui a rencontré successivement le Président Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo. Pensez-vous que son implication va favoriser le rapprochement des positions pour aboutir à un dialogue inclusif ?
Avant le cardinal, il y avait déjà le cadre du dialogue mis en place. Je crois que ça ne peut pas être forcément les raisons parce que, c'est un guinéen qui a une réputation internationale, qui séjourne au Vatican. Quand il est dans son pays, il rend visite au président de la République, à un leader politique venu deuxième à l'élection présidentielle. Je ne pense pas que cela puisse être un sujet à interprétations allant jusqu'à dire que ça doit être à l'origine du dialogue. Il peut aller chez tout bon guinéen pour parler, parce qu'il a toujours prêché la paix.
Est-ce que le camp présidentiel a des préalables en ce qui concerne sa participation au dialogue ?
Pour le moment, je ne saurai vous le dire. Mais apparemment, le minimum de considération à accorder, lorsqu'on ouvre un dialogue, si on a des préalables, il faut les poser à la table de négociations mais pas en dehors.
Interview réalisée par Abdoul Malick Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 14 juin 2021 12:51
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