Alpha Condé : « Ce qui me préoccupe… »

Alpha Condé, Président de la République de Guinée

CONAKRY-Le Président guinéen Alpha Condé n’est pas allé du dos de la cuillère pour assener ses vérités à l’endroit des compagnies minières. Dans un langage direct mais ferme, le Chef de l’Etat a mis en garde les sociétés minières qui ne respectent pas le contenu local. Le dirigeant guinéen promet d’être sans état d’âme dans la défense des intérêts des populations. Explications…


« Notre vision est de transformer nos matières premières agricoles et minières en produits finis à moyen et long terme. Nous ne devons pas être des exportateurs de produits agricoles bruts  ni de bauxite brut. Pour cela nous avons adopté un code minier avec l’aide de plusieurs partenaires, la Banque mondiale, la BAD, revenue Watch… nous avons voulu éviter les erreurs commises par d’autres pays et tirer les meilleures leçons. Cela nous a permis de redresser le secteur minier et de supprimer 800 permis parce qu’avant il y avait des gens qui venaient prendre des permis mais qui ne savaient même pas où se trouvait leur mine. Pendant ce temps, ils allaient négocier en bourse. D’autres aussi mettaient en jachère nos mies très riches (…) tout cela nous avons connu. Il était extrêmement important de sortir la Guinée de cette situation. On peut se demander pourquoi la Guinée a la moitié des réserves mondiales de bauxite en 2013, et on ne produisait que 13 millions de tonnes pour un  revenu qui n’atteignait même pas 200 millions de dollars. C’est pourquoi nous avons adopté un nouveau code minier en nous entourant de tous les spécialistes qui pouvaient nous aider.

Nous avons beaucoup de progrès c’est vrai, mais nous n’avons pas la maitrise réelle de ce que nous produisons et la teneur de ce que nous produisons. Parce que nous n’avions pas les cadres qu’il faut et les moyens. Dieu merci aujourd’hui nous savons les tonnages qui sortent. Dans les affaires tout le monde triche. Donc très souvent les miniers peuvent exploiter 10.000 tonnes et déclarer 5000, le minerai a 60%, ils disent 40%. Donc, il faut qu’on se donne les moyens pour empêcher cela. Aujourd’hui nous sommes sur cette voie. Le point faible des pays africains, nous n’avons pas la technologie pour savoir réellement nos ressources minières et pétrolières. C’est nos partenaires qui décident. Ils peuvent dire qu’il y a un milliard de baril de pétrole alors qu’il y en a dix. C’est l’un de nos points faibles (…) nous sommes dans un système de libre marche où chacun cherche à maximaliser les profits, très souvent c’est au détriment des pays moins avancés.

Dans le code minier, l’article 32 et l’article 50 sont très précis, mais  ils ne sont pas toujours respectés par les sociétés minières. Nous, nous faisons en sorte de respecter le code minier. Nous aurons bientôt une rencontre avec les miniers pour que tout le monde respecte le code. Nous voulons ensuite protéger notre environnement. Nous continuons toujours à essayer de nous améliorer et de suivre les meilleurs exemples tels que l’Australie, le Botswana  pour que l’environnement, les cultures, les populations soient protégés. Qu’on n’utilise pas les produits toxiques qui détruisent nos rivières (…). Je ne peux pas dire que je suis satisfait des réformes. Bien sûr qu’on en a fait beaucoup. Mais il reste à  faire. Par exemple, nous attendons rapidement que les miniers fassent la Contournante à Boké. Parce que les camions ne doivent pas traverser la ville. Vous avez fait la mutualisation des chemins de fer, il faut aussi faire la mutualisation des routes. Il est important aussi dans les routes secondaires qu’on construise des pavés (…).  Il y a encore beaucoup à faire. Nous ne devons pas nous enorgueillir de ce qui a été fait. Ce qui est important c’est ce qu’on doit conquérir.

Nous sommes ouverts, nous allons protéger les miniers, nous demandons aux populations de ne pas les gêner, de collaborer avec eux. Mais il faut aussi que le contenu local qui est très précis soit respecté par les miniers (…). Si nous voulons offrir aux sociétés minières les meilleures conditions, notre principale tache c’est de protéger les populations, de défendre les intérêts du peuple de Guinée. Qu’on ne soit pas un scandale géologique et qu’on se retrouve dans le lot pays les plus pauvres au monde. La coopération doit être gagnant-gagnant (…).  Nous souhaitons que le maximum d’investisseurs viennent investir en Guinée. Je ne vais pas laisser la bauxite guinéenne sous terre pour faire plaisir à d’autres. Nous travaillons avec ceux qui veulent sans état d’âme. La seule chose qui me préoccupe, ce n’est pas ce que  X ou Y pense à l’extérieur. Ce qui me préoccupe, c’est quel est l’intérêt du peuple de Guinée. L’intérêt du peuple de Guinée, c’est de développer ses ressources minières.  

Nous travaillons avec tous ceux qui veulent  exploiter nos ressources minières, qu’ils viennent de la planète Mars ou de Saturne, nous allons travailler avec eux. Voilà notre politique. Nous ne voulons pas de monopole, nous n’avons pas chasse gardée (…). Toutes les sociétés minières seront sur les mêmes pieds d’égalité. Je n’ai aucune préférence, je travaille avec tous ceux qui respectent le code minier et qui veulent que la Guinée avance. C’est la seule base et ceux qui veulent investir, je les soutiens dans la transparence et le libre marché. Nous aurons bientôt une réunion avec toutes les sociétés minières. Je préviens les sociétés minières. Si elles ne sont pas en règle, qu’elles se mettent en règle avant la réunion ».

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

Créé le 25 avril 2019 19:01

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