Ali Saadi, PDG de SONIT pêche : « Notre ambition c’est d’être le plus grand armateur de la sous-région… »
CONAKRY- Quels sont les principaux défis qui attendent le nouveau Ministre guinéen de la pêche ? Quelles sont les attentes du secteur privé vis-à-vis du nouveau Ministre Frédéric Loua ? Monsieur Ali Saadi, PDG de SONIT pêche a bien voulu se confier à notre rédaction. Avec lui nous avons abordé plusieurs questions relatives au secteur de la pêche, notamment le rôle et les attentes de la Confédération Nationale des Pêcheurs et Exportateurs de Guinée (CONAPEG). Dans cet entretien, le patron de SONIT décline également ses ambitions. Exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Ali Saadi, lors de la passation de service au Ministère de la pêche vous étiez le porte-parole de la CONAPEG, vous avez fait l’éloge du Ministre sortant Monsieur André Loua, ne croyez-vous pas que vos propos sont en contradiction avec le Décret qui l’a fait remplacer ?
ALI SAADI : Non il n’y a aucune contradiction et je n’ai pas fait de publicité, je n’ai relaté que ce que le secteur privé a constaté durant les 20 mois de la gestion du Ministre André Loua. Je n’ai pas dit qu’il a réglé tous les problèmes, mais j’ai dit qu’il a soutenu le secteur et il a fait des actions positives, et cela est vrai et réel. Et son décret dit qu’il est appelé à d’autres fonctions. Nous n’avons pas à nous mêler des raisons de son départ. Nous avons simplement témoigné de ses actions positives.
Vous avez déclaré dans votre discours que l’avis de la CONAPEG est incontournable. Est-ce une façon de transmettre un message au nouveau Ministre pour qu’il ne néglige pas votre organisation ?
C’est effectivement cela. Si le Ministre n’écoute pas ceux qui sont sur le terrain, comment il pourrait travailler convenablement ? La CONAPEG regroupe toutes les familles du secteur de la pêche, en commençant par les mareilleuses, les pêcheurs artisanaux, jusqu’à la pêche industrielle. Elle dispose d’une expérience très large, c’est pourquoi elle peur donner des conseils très précieux.
Toujours dans votre discours vous avez parlé des problèmes existants encore et qui doivent être résolus par le nouveau Ministre ; Il s’agit notamment du code, du plan de pêche, de l’aide aux pêcheurs artisans et aux mareilleuses. De quoi s’agit-il exactement ?
D’abord la pêche artisanale mérite une attention particulière parce que nos pêcheurs artisans sont très braves et courageux. L’Etat pourrait importer des moteurs et des filets pour leur livrer à crédit. Quant au plan de pêche, il y a les zones autorisées pour la pêche pélagique qui mérite d’être revue, il y a le pourcentage des accessoires à revoir à la hausse, il y a le coût du transbordement qui est élevé, il est à 50 Euros par tonne ; Et beaucoup d’autres corrections qu’il faut faire. C’est cela notre avis.
Quels sont les avantages que le secteur privé tire de la levée de l’embargo de l’Union Européenne contre la Guinée ?
D’abord nos produits peuvent être exportés en Europe, ensuite le Gouvernement guinéen a imposé le respect des quotas de pêche arrêtés avec l’Union Européenne pour éviter un nouvel embargo ; Le respect des quotas crédibilise la Guinée dans sa gestion, limite le nombre de licences à octroyer, ce qui protège nos zones territoriales et renforce les moyens de surveillance de nos côtes pour réduire considérablement, sinon éliminer complètement les bateaux pirates clandestins notamment avec la création des licences sécurisées qui ne peuvent en aucun cas être falsifiés. Tout cela est positif pour les opérateurs honnêtes et de bonne volonté. L’embargo nous a donné une bonne leçon qui a servi à la Guinée.
Quel genre d’appui la CONAPEG apporte au Ministère de la pêche en dehors des conseils et des recommandations ?
La CONAPEG joue un rôle très important et crée une certaine stabilité sur le plan social. Elle encourage et organise le débarquement des quantités de poisson pour éviter des ruptures de stocks, et ravitaille suffisamment les populations. Elle maintient des relations de confiance avec les mareilleuses et accompagne souvent le Ministère de la pêche dans les négociations avec les bailleurs de fonds qui exigent la présence du secteur privé. La CONAPEG participe souvent aux forums et foires organisés à l’étranger pour représenter le secteur privé de la pêche, elle répond aux réunions des services administratifs de l’Etat, etc… Tout ce la est quand même très important. La CONAPEG est un partenaire indispensable du Ministère de la pêche.
Qu’est-ce que l’Etat vous donne en contrepartie ?
Rien ! Nous ne voulons rien du tout. Tout ce que nous demandons c’est d’être écouté.
De sources dignes de foi nous avons appris que les quotas de la pêche pélagique prévus dans le plan de pêche ne sont jamais atteints. Est-ce vrai ? Si oui pour quelle raison ?
C’est exact. La raison c’est que les licences de pêche pélagique en Guinée sont les plus chères comparativement aux tarifs appliqués en Guinée Bissau ou en Sierra Leone.
Avez-vous fait une proposition pour un réajustement ?
La CONAPEG l’a demandé, le tarif a été légèrement réduit en 2017 mais il demeure encore cher. Nous attendons la prochaine réunion pour le plan de pêche de 2018 pour en discuter.
Comment se portent les eaux territoriales guinéennes ?
Elles se portent bien, elles sont poissonneuses, et la Guinée n’importe presque pas le poisson. Ce qui est un effort considérable fait par le secteur privé.
Pourquoi très souvent certains citoyens se plaignent du manque de poissons dans nos différents marchés ?
Ce sont des histoires. Il y a toujours du poisson. Peut-être pendant la période de repos biologique (Juillet-Août) le stock peut être réduit. Mais en général le pays est assez ravitaillé en poisson.
Est-ce qu’à votre avis le Gouvernement guinéen accorde une importance au secteur de la pêche au même titre que l’agriculture ?
Au même titre que l’agriculture ? Je n’en sais rien. Mais le Gouvernement à sa tête le Professeur Alpha CONDE, a effectivement accordé une grande importance au secteur de la pêche, c’est grâce à cette attention que la Guinée a enregistré des progrès en sortant de l’embargo. Grâce aux efforts du Ministre André Loua et du Ministre Conseiller Ansoumane Fofana, aujourd’hui nous avons des licences sécurisées et les quotas sont respectés. Tout cela est positif. Et mieux, au cours de l’année, au moins deux fois le Président de la République a invité le secteur de la pêche pour l’écouter et dégagé la feuille de route à suivre par le Gouvernement. Tout cela est un témoignage qui atteste que le Chef de l’Etat accorde une importance au secteur de la pêche.
Quelles sont vos ambitions actuelles pour votre société SONIT ?
SONIT a actuellement 7 bateaux qui lui appartiennent, elle a des capacités de stockage à Conakry pour 17 000 tonnes, elle dispose de 17 points de vente à l’intérieur du pays.
Les ambitions de SONIT c’est de compléter sa flotte à 10 bateaux et compléter le nombre de points de vente à 25 d’ici la fin de l’année 2018 pour devenir le plus grand armateur dans la sous-région.
Interview réalisée par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 30 août 2017 10:06Nous vous proposons aussi
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