Alhousseine Makanera : « J’applique la politique du gouvernement… » (Entretien)
CONAKRY- Faut t-il craindre une certaine cacophonie au sommet de l’Etat guinéen ? Le ministre guinéen de la communication, Alhousseine Makanera, a réagi suite aux propos tenus par son homologue chargé des droits de l’Homme et des libertés publiques, Gassama Diaby. Dans cet entretien, le numéro un du département de la communication s’est défendu d’avoir violé les lois de la république.
AFRICAGUINEE.COM : Dans le bras de fer qui vous oppose à une télévision privée de la place, votre collègue des droits de l’Homme a estimé que vos arguments n’étaient pas si convaincants. Que répondez-vous ?
Je pense qu’il faut commencer par dire que je n’applique pas la politique de Alhousseine Makanéra kaké, j’applique la politique du gouvernement. Par conséquent, tous les membres du gouvernement sont concernés. J’applique la politique du gouvernement dans mon domaine, donc il est impossible que je sois opposé à un membre du même gouvernement. Ça c’est la première remarque. La seconde , et la plus importante c’est ce qui me fait douter effectivement que cette interview vienne de monsieur Gassama pour lequel j’ai beaucoup de respect d’abord en tant que ministre des droits de l’Homme et juriste de surcroit, c’est de dire que la loi n’a pas été respectée , techniquement mes arguments ne sont pas convaincants et que l’on demande à un ministre de trouver un moratoire alors que le ministre n’est pas législateur, mais plus tôt celui qui applique la loi voulue par le peuple de Guinée à travers les députés de l’Assemblée Nationale. Mais si chaque ministre pouvait dans son domaine changer les lois on ne serait plus dans une république. Troisièmement, ce qui est plus important et même inquiétant c’est le dernier paragraphe ou on dit aucun pouvoir public, aucun représentant de l’Etat, je crois aucun c’est trop dire (…). Si on revient en Guinée c’est excessivement grave, je suis convaincu que ce n’est pas Gassama qui a écrit cela. Puisque même les étudiants de la deuxième année de la faculté de droit savent au moins qu’il y a deux possibilités pour contredire la constitution, à priori et à postériori. A priori c’est réservé au premier groupe le président de la république, l’Assemblée Nationale et m$eme un dizième des députés. Mais à postériori l’article 96, troisième alinéa de notre constitution dit ‘’Tout plaideur peut soulever l’exception d’inconstitutionnalité d’une loi devant toutes les juridictions‘’. La juridiction saisie, sursoit à statuer et renvoit l’exception devant la cour constitutionnelle pour qu’elle statue dans les 15 jours de sa saisine. A moins maintenant que notre professeur ne connaisse pas ce qu’on n’appelle pas l’exception d’inconstitutionnalité parce que je peux vous apprendre depuis 1803 l’exception d’inconstitutionnalité est connue par la constitution américaine. La Guinée c’est en 2010 q'un on a intégré l’exception d’inconstitutionnalité dans notre constitution parce qu’on est lié à la France où il y a eu un débat de soixante ans. Ce n’est qu’entre 2009 et 2010 qu’ils ont intégré cette exception d’inconstitutionnalité dans leur constitution.
Donc je ne voulais pas réagir, mais si je ne le faisais pas aussi ceux qui liront ces articles vont dire que tous les guinéens ont le même niveau. Surtout quand on attribue cet article à un ministre de la république censé être un professeur de droit qui a enseigné en France, ça devient trop grave.
Moi j’estime que le ministre qui a été professeur de droit ne peut pas aller jusqu’à ignorer un point aussi important dans la constitution et qui dit que tout citoyen qui estime qu’une loi organique est contraire à la constitution peut refuser que cette loi lui soit appliquée. C’est pourquoi on dit que c’est contraire à la constitution, parce que l’article 8 de la constitution si je ne me trompe pas dit que tous les citoyens sont égaux devant la loi. Je ne suis pas juriste, mais je demande aux juristes guinéens et même étrangers qui lisent vos écrits qu’ils réagissent pour éclairer la population. Sinon c’est trop grave pour la jeunesse et cela met même les étudiants dans une position difficile entre ceux qui lisent dans les livres et ceux qui lisent sur les sites. Si l’on ne parvient pas à les convaincre cela peut les troubler. Et c’est à juste raison que j’ai réagi, pour en tout cas emmené les gens qui ont une notion en droit puis que je ne le suis pas, je suis juste un technicien, qu’ils interviennent pour éclairer les lanternes des citoyens.
Ne craignez-vous pas une certaine cacophonie au sein de l’équipe gouvernementale sur ce dossier ?
Je ne crois pas qu’il puisse y avoir de la cacophonie. Mais je crois vous avoir dis que le ministre Makanéra n’est pas opposé à ESPACE (télévision privée, Ndlrà. Je dis que c’est inapproprié de vous dire que je suis membre du gouvernement et j’applique la politique du gouvernement. Donc en aucun cas je ne saurai être opposé à un autre membre du gouvernement. Durant tout le temps que j’étais conseillé au ministère de l’administration de la décentralisation vous ne m’avez pas entendu parler de ce dossier. J’applique la politique du gouvernement dans mon domaine, et je suis fier car même mes détracteurs n’ont pas dit que j’ai violé la loi. Le rôle du ministre c’est quand tu poses un acte, que tu expliques l’acte conformément aux lois de la république.
Propos récueillis par SOUARE Mamadou Hassimiou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
Créé le 29 août 2014 00:43Nous vous proposons aussi
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