Alghassimou Diallo, procureur de Pita: « Les députés ont légiféré sur les mariages… »
PITA-Le procureur de la République près le tribunal de première instance Pita, Alghassimou Diallo vient de se justifier par rapport à sa décision, demandant à la notabilité de Timbi-Tounni de retoquer la charte adoptée récemment pour encadrer les cérémonies de mariages et de baptêmes dans leur localité.
Interrogé par l'un de nos correspondants dans la région de Labé, le magistrat a expliqué que les rédacteurs de cette charte ont outrepassé sur leurs prérogatives. Le texte, a-t-il dit, est en contradiction avec le code civil guinéen.
« Les députés à l’Assemblée nationale ont légiféré par rapport aux mariages. C’est l’un des chapitres que contient le code civil. Donc, pour tout mariage en République de Guinée les futurs époux doivent se conformer strictement aux dispositions du code civil guinéen. Maintenant, que la commune rurale, la sous-préfecture et la ligue islamique de Timbi-Tounni se retrouvent pour faire un texte qui ne soit pas conforme aux dispositions du code civil, il y a problème. C'est un premier aspect.
Le second aspect, le texte national, la loi qui a la primauté sur les autres textes, qu'est la Constitution a prôné la laïcité de l’Etat en son article premier. Donc, ça veut dire : qu’on soit musulman, qu’on soit chrétien, qu’on soit athée ou païens, on a sa place en République de Guinée. Si vous voyez le texte que les gens de Timbi Tounni ont produit, ils ont légiféré strictement par rapport aux musulmans. Ce qui est discriminatoire. Ils ne peuvent pas exclure certaines sensibilités religieuses au motif qu’ils ont légiféré pour eux-mêmes », a fait savoir M. Diallo, soutenant les autorités de Timbi Tounni sont en porte à faux avec les lois guinéennes.
« S’ils avaient fait ça entre eux, sans que cela ne soit acté pour devenir loi, le problème ne se serait pas posé. Il y a beaucoup de chefs de familles comme vous et moi qui légiférons à l’intérieur de notre famille. Quand par exemple vous dites à votre femme et à vos enfants au-delà de 19 heures personne ne sort de la maison, c’est une législation. Mais c’est le fait que vous transformiez cela en une loi opposable aux tiers, c’est ce qui pose problème. La seule loi qui est opposable aux guinéens c’est le code civil qui est en vigueur en République de Guinée », indique le magistrat.
La communauté, si elle le veut bien, elle a la possibilité d'amoindrir les coûts, nuance le chef du parquet de Pita. Pour ce faire, a indiqué le procureur, elle peut se retrouver entre elles et décider de la célébration des cérémonies dans leurs localités, sans que cela ne soit acté.
« Lorsque je les ai reçu, je leur ai fait observer que je ne m’oppose pas à l’interne, qu’ils puissent réglementer les mariages et baptêmes, puisque dans certaines localités, nous savons tous que les mariages ont un coût faramineux, les baptêmes pareils. Il y a des responsables de familles qui se retrouvent au sein des communautés pour dire : on va faire un frein à ça sinon nos filles n’auront pas la chance d’être mariées. En communauté ils se retrouvent, ils décident, chaque chef de famille fait un compte rendu aux membres de sa famille pour dire désormais quiconque veut épouser ici, voici la règle à suivre, sans que ça ne soit acté encore une fois », a précisé le procureur près le TPI de Pita.
Depuis Labé, Thierno Oumar Tounkara
Pour Africaguinee.com
Créé le 12 juillet 2021 18:39Nous vous proposons aussi
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