Algérie: Voyage au bout de l’enfer pour les immigrés guinéens…
ALGER-La chasse aux migrants reprend de plus belle en Algérie. Ils sont près d’un millier à être reconduits vers la frontière avec le Niger depuis le mois de septembre dernier. Parmi eux, des centaines de guinéens qui sont dans des situations difficiles. Récemment près de 500 autres sub-sahariens dont des guinéens déposés à Tamanrasset étaient en passe d’être mis dans les camions afin d’être convoyés sur le territoire Nigérien, a appris africaguinée.com auprès des guinéens basés en Algérie.
Cet immigré qui vivait à Alger avant d’être jeté dans le désert de Tamanrasset avec d’autres sub-sahariens explique le calvaire qu’ils sont en train de vivre : « nous avons été cueillis à Alger dans différents quartiers pour être jetés dans ce désert de Tamanrasset sans eau ni nourriture. Tout le monde a été pris au dépourvu. Il y a plus d’un millier de migrants de toutes les nationalités sub-sahariennes. Pour ce qui est des guinéens, je ne connais pas le nombre exact, mais nous pouvons être des centaines. Et puis notre destination ne s’arrête pas là, à l’heure qu’il fait (20h40), ils nous ont dit de nous apprêter, les camions arrivent pour nous conduire au Niger. L’opération a commencé au mois de septembre, on pensait que c’était fini, mais avec notre capture, on se rend compte que ça continue. Nous sommes à la merci de la faim et des nuits froides », a déclaré Adama Touré, Guinéen joint au téléphone par un reporter de notre rédaction.
Un guinéen résident à Alger a donné quelques explications qui seraient à l’origine de ces expulsions inopinées : « les arrestations ont repris depuis le mois de septembre suite à des occupations anarchiques de la part des sub-sahariens venus du Niger, du Mali, et de la Guinée qui évoluent dans les chantiers et d’autres endroits inhabités. Les raisons de ce mouvement ne sont autres que l’afflux énorme de nos frères sub-sahariens, leurs comportements (répondant aux attaques des nationaux). Et pendant l’hiver, vu qu’il n’y a pas d’abris conséquents, alors pour les algériens, cette anarchie risque de leur donner des maladies. Durant des opérations, des blessés légers ont été enregistrés. Dans le lot, 250 guinéens ont été convoyés à la frontière de Tamanrasset, d’autres sont déjà arrivés au Niger. Un mort a été enregistré côté guinéen, son nom c’est : Saliou Diallo qui a fait un saut à partir d’un bâtiment à étage quand les forces de sécurité s’y approchaient. Un autre groupe est auprès de l’OIM (Organisation Internationale pour la Migration) et avec le mouvement en cours, certains sont laissés dans le désert, mais nous sommes en contact jusque-là ».
Un étudiant guinéen à Alger, A.B, invite le gouvernement guinéen à démanteler les réseaux de trafic humain installés en Guinée et à aller ramasser tous les compatriotes en situation irrégulière en Algérie : « M. Bah ! la vie n’est pas rose ici et les guinéens constituent la couche la plus vulnérable de toutes les nationalités. Les réseaux de trafic sont à Mamou, N’Zérékoré, Conakry, au Mali, au nord surtout (Kidal, Gao,) au Niger(Agadez, Arlit jusqu’à la frontière de l’Algérie où le noir migrant est une marchandise. Le mieux, c’est d’envoyer un cargo pour ramasser tous ces guinées sans issue en Algérie ».
Le président actuel du bureau des ressortissants guinéens en Algérie promet de donner dans les prochains jours des explications concernant un couple guinéen dans les mains de la gendarmerie. Ce couple est poursuivi pour immigration clandestine.
Une autre source a annoncé qu’une mission du consulat guinéen s’est rendue à Tamanrasset pour faire l’état des lieux. La même source explique que le nombre exact des guinéens n’est pas connu en Algérie, on les estime à plus de 15 mille. Mais la plupart d’entre eux refusent un rapatriement volontaire vers la Guinée pour des raisons qui leur sont personnelles.
Alpha Ousmane Bah
Tel. (00224) 657 41 09 69
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