Alerte/Santé : le VIH-Sida se propage à Kindia…

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KINDIA-Le VIH-Sida sévit dans la région de Kindia et continue de se propager comme dans toutes les régions du pays. Conscientes du danger lié à cette propagation, les autorités sanitaires organisent des campagnes de sensibilisation pour freiner le fléau. Mais les populations évoluent toujours avec les vieilles pratiques. Beaucoup de mariages sont célébrés sans test prénuptial. Les rares conjoints qui le font ne se présentent devant un centre de dépistage qu’à la veille du mariage. A cela s’ajoutent les rapports sexuels non-protégés qui sont récurrents. 


2 910 personnes vivant avec le VIH Sida à Kindia sont officiellement recensées à la direction régionale de la santé de Kindia. Parmi ces personnes porteuses du virus, il y a plusieurs dizaines d’enfants. Les autorités sanitaires de Kindia sont conscientes de la propagation du VIH dans la région et savent que ces chiffres ne sont pas exhaustifs. Pendant le premier trimestre de 2019 sur 800 personnes testées dans les CDT de la région de Kindia, 140 étaient séropositives. Les chiffres se répartissent comme suit : 94 à Coyah, 4 à Dubreka, 7 à Forécariah, 31 à Kindia et 4 à Telimélé.  C’est du moins ce qu’explique le directeur régional de la santé de Kindia. 

« Dans la région administrative de Kindia, la situation du VIH sur la base des données du dernier comité technique se présente comme suit. Nous avons enregistré au total des patients ayant subi un test au VIH 800 personnes dont 140 séropositifs. Parmi ces malades, 35% souffraient de co-infection c’est-à-dire, qui ont à la fois la tuberculose et le VIH/Sida. Sur la base de ces données semestrielles, il faut dire que le constat est alarmant dans notre région. Aujourd’hui, officiellement nous avons 2 910 patients qui vivent avec le VIH. Parmi cette importante frange de la population, il faut compter les femmes en état de famille. Si vous prenez les femmes qui ont accouché, 10 enfants ont été trouvés séropositifs à la 6ème semaine de leur naissance. En dehors du cercle des professionnels de santé, il faut que tout le monde se donne les mains pour lutter avec beaucoup plus d’efficacité contre cette maladie », interpelle Docteur Fakourou Dansoko, directeur régional de la santé de Kindia. 

Enseignante de profession Mme M.F 36 ans est veuve et mère de 3 enfants. Elle réside à Sinaniya. Depuis qu’elle a perdu son mari. Elle a noué des relations amoureuses avec un musicien local qui est peintre. Elle dit avoir contracté la maladie avec ce dernier malgré les mesures de prudence. 

« C’est vers la fin de l’année 2017 que j’ai été testée positive au VIH. Je me plaignais de bronchite que je n’avais pas avant, avec beaucoup de fatigue. C’est pendant les examens médicaux qu’on m’a convaincu de faire aussi le test de dépistage VIH. Les résultats m’ont fait savoir que je suis atteinte du Sida et de la tuberculose. À cause de ça, on m’a obligé d’arrêter l’enseignement pour ne pas contaminer les élèves surtout avec ma tuberculose. Depuis, je suis à la maison je suis le traitement avec les médicaments. En fait, mon partenaire était très mobile avec la musique. Un jour je suivais un film camerounais à la télé dans lequel on sensibilisait contre le Sida. Une dame a dit son mari, je sais que ce n’est pas facile pour un homme de rester fidèle à sa femme. Donc le mieux, c’est de le conseiller de sortir avec le préservatif pour éviter de ramener des maladies à la maison. J’ai appliqué la même mesure pour mon partenaire. Quand il bougeait je lui en donnais en mettant dans sa valise. Mais apparemment il n’a pas respecté mes consignes. Finalement il m’a ramené la maladie. Il est là aussi malade et il ne suit même pas le traitement. les signes ne se sont pas manifestés tôt chez lui. C’est quand j’ai été testée positive qu’on m’a demandé de faire en sorte qu’il le fasse aussi avant même que je ne lui dise mon statut. C’est après tout que chacun de nous a avoué à l’autre mais son évolution précédait la mienne. Avec les soins je me sens bien, je suis là à attendre la fin de mes jours», a avoué MF lors d’un court entretien facilité par  un centre qui lui fournit des ARV (anti rétroviraux)

Malgré le nombre élevé de personnes vivant avec le VIH, la file active au niveau de l’hôpital régional est très faible. Ceux qui se présentent pour les prises en charge ne sont 407 malades jusqu’au mois de septembre 2019 alors que plus d’un millier est répertorié. On les appelle les perdus de vue qui constituent un facteur de propagation potentielle du VIH dans la nature. 

« Sur la file active, nous avons 407 jusqu’au mois de septembre. je vous parle ici de ceux qui viennent prendre leurs ARV. Mais en tout, j’ai 1 668 depuis 2005 à peu près. Parmi ceux-là, il y a des perdus de vue, des transferts sortants et des décédés, certains ne sont pas comptés dans la file active parce qu’ils ne viennent plus. Ce n’est ni la préfecture, ni la région de Kindia, ce que je vous dis c’est seulement ceux qui sont répertoriés à l’hôpital régional de Kindia. Il y a des centres de santé disposant des PTME qui reçoivent des cas où nous avons fait la formation des agents pour faire la prise en charge des Adultes, des enfants et les femmes. Donc chaque structure a sa file active en son sein. Donc c’est difficile de faire la situation de la file active générale de la région de Kindia. Quant aux professionnels de sexe, les HSH (Hommes sexuellement hommes Ndlr) et les autres sont centralisés à Manquepas où ils font leur prise en charge », déclare Docteur Faber, point focal suivi et traitement des malades du Sida à l’hôpital régional de Kindia.  

« S’agissant de la sensibilisation, l’AGBEF le fait avec certains centres comme le CECOJE de temps à autres. Ils le font par le biais des DPS (Directions préfectorales de Santé) et DRS (directions régionales de la santé) de Kindia. À l’hôpital la sensibilisation ne se fait pas en tant que telle mais j’assiste ce que font les autres. Récemment nous étions à l’université de Kindia où des universitaires sont venus volontairement se faire dépister. Nous avons échangé sur le changement de comportement, l’utilisation des préservatifs », rajoute-t-il. 

Test prénuptiaux…

Les tests prénuptiaux ne sont pas souvent pris au sérieux par les conjoints avant le mariage. La plupart des personnes qui s’aiment pour le mariage n’y pensent qu’à la dernière minute pour le complément de dossiers, regrette Docteur Fakourou Dansoko.

« Les tests prénuptiaux constituent un problème tout à fait particulier en ce sens que sur le plan comportemental au moment où les conjoints se présentent pour ce test il se trouve que les familles sont très en avance dans le cadre du mariage. Sur 99% des cas, c’est après avoir fixé la date du mariage que les couples se présentent pour des fins de composition de dossiers, parce que l’officier de l’état-civil exige les documents. A ce stade-là, même si le certificat est délivré aux deux prétendants, quel que soit le résultat, il est difficile pour les familles de résilier le contrat de mariage. Ce qui fait que nous avons l’habitude de sensibiliser. Ce n’est pas pour rien que les tests doivent être faits aussitôt que les 10 premières noix de colas sont présentées parce que la sérologie VIH est relativement une nouvelle donne mais avant l’heure du VIH, il y avait d’autres affections qui nécessitent qu’un examen prénuptial soit fait pour garantir une bonne santé à la progéniture. Si La drépanocytose, est partagée au sein du couple, les enfants qui naissent grandiront difficilement et le pourcentage de décès avant l’âge adulte est souvent très élevé. Donc c’est pourquoi le certificat prénuptial aujourd’hui est nécessaire », conseille-t-il. 

Hôtels, Motels, Bars, lieux de transmission par excellence de la maladie…

Les rencontres amoureuses sont fréquentes à Kindia. La zone est devenue un véritable carrefour pour les personnes venues de partout pour des ateliers, séminaires, formations ou pour de simples week-ends. Les motels et hôtels ne désemplissent pas. Et bonjour les plaisirs charnels souvent non protégés.  

Un infirmier militaire  tenancier d’un motel  dans un quartier de Kindia sensibilise ses clients sur l’utilisation des préservatifs mais déplore que ses conseils ne soient pas pris en compte par le plus grand nombre des personnes qui fréquentent son lieu. 

« A cause des risques qui guettent les gens, chez moi ici je place des préservatifs dans toutes les chambres de passage. Et si de nouveaux clients arrivent avec des partenaires, je conseille. Malheureusement si vous venez le plus souvent le lendemain pour nettoyer les chambres vous constaterez que les préservatifs ne sont pas utilisés. Ce qui est plus grave, c’est de penser que le VIH n’atteint que les autres. Pourtant même rester comme ça sans connaitre son statut vous devenez un propagateur potentiel de la maladie. Des éducateurs passent souvent rencontrer les Professionnels de Sexes (PS) ou des clients dans le cadre de la sensibilisation mais c’est de difficile de faire comprendre aux gens » regrette l’homme en uniforme. 

Conscient du nombre élevé de motels et d’Hôtels dans la ville des agrumes, le directeur régional de la santé de Kindia tire la sonnette d’alarmes. Il invite surtout les PS qui connaissent généralement leurs statuts à penser à leur bien-être d’abord au risque d’avoir d’autres complications en se protégeant. 

« Je ne pense pas qu’il y ait une ville en Guinée en dehors de Conakry où il y a autant de motels, hôtels et bars qu’à Kindia. Mais aujourd’hui ces professionnelles de sexes qui fréquentent des lieux de ce genre connaissent généralement leur statut et prennent par conséquent des dispositions. Il y va d’abord de leur bien-être avant de penser à leur conjoint parce qu’une séropositive ou un séropositif qui se permet d’avoir des relations par-ci par-là qui ne soient pas des rapports protégés se vouent à d’autres infections qui viendront à brèves échéances créer d’énormes problèmes au risque de leurs vies de façon prématurée. De ce point de vue, la séropositivité se gère et si elle est bien gérée l’intéressé vivra plusieurs dizaines d’années. Donc c’est un comportement », prévient-il  

La propagation du VIH SIDA est légion dans tout le pays malheureusement. Pendant ce temps, les sensibilisations pour la prévention de cette maladie semblent prendre du recul. 

 

Alpha Ousmane Bah (AOB)

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 664 93 45 45

Créé le 9 décembre 2019 15:02

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