Affaires des mines en Guinée : les révélations du président Alpha Condé …

CONAKRY- Le président Alpha Condé a annoncé cette semaine les ‘’grandes reformes’’ qu’il a engagées dans le secteur minier depuis son arrivée au pouvoir en 2010. En conférence de presse le mercredi 26 novembre dernier, le chef de l’Etat a évoqué la question des blocs 1et 2 retirés du groupe BSGR du milliardaire israélien Benny Steinmetz.
Nous vous livrons l’intégralité des propos du chef de l’Etat sur le volet des mines…
La Guinée en dehors du barrage Kaléta, a les minerais les plus riches au monde. Ça veut dire qu'avec les minerais de fer de Guinée vous avez toute suite de l’acier. Donc ce sont des minerais les plus attrayants.
En dehors du mont Nimba on a beaucoup d’autres. Pourquoi, depuis 1958 on n’a pas sortie une tonne de minerais de fer ? Deuxièmement, on n’a la moitié de réserve mondiale de bauxite, pourquoi on n’a que cette petite usine d’alumine à Fria ? Avant que je sois président, la chambre des mines (…) quand je vois la totalité des mines ça n’apporte pas plus de 200 milliards de dollars à la Guinée. Comment vous pouvez expliquer que malgré toutes nos richesses les mines ne rapportent même pas 300 millions de dollars ?
Quand je suis venu j’ai dit d’abord il nous faut un nouveau code minier qui va permettre de défendre les intérêts de la Guinée. J’ai fait un code minier et j’ai exigé que toute personne qui a une concession minière, qu’il donne 15% d’actions gratuites à l’Etat et si c’est pour transformer en aluminium on a 7%. Deuxièmement nous avons la possibilité d’acheter jusqu’à 20%. Donc ça nous amène à 35%. Ça veut dire aucune décision ne peut être prise sans votre accord.
Ensuite, nous avons dit protection de l’environnement, parce qu’il ne faudrait pas qu’on fasse l’erreur comme les pays développés. Qu’on détruise notre environnement et que demain on soit victime du changement climatique. Troisièmement, la lutte contre la corruption, toute personne qui a obtenu une convention ou un permis par corruption, son permis sera annulé.
Quatrièmement, les réalisations au niveau des populations, dans les investissements locaux, les écoles, les dispensaires etc. cinquièmement, l’emploi et la sous-traitance guinéenne. Voilà ce que nous avons exigé dans les conventions ou permis mais s’il y avait des permis passés (…). On n’a dit qu’on va faire la révision de tous les permis. La Guinée est le seule pays minier qui a publié tous les contrats sur l’internet. C’est la transparence totale, ce qui a fait que j’ai été invité à Londres pour la transparence.
Les contrats on les revoit, si votre contrat est juste on le maintien. S’il est en défaveur avec la Guinée on renégocie. Si vous remplissez toutes les conditions on vous laisse. Mais si vous n’avez pas rempli on voit si vous pouvez remplir ou on annule. On a récupéré 800 permis. Pourquoi ? Il y a des gens qui récupèrent un permis à Kérouané, ils ne savent même pas ou se trouve Kérouané. Est-ce qu’on peut permettre ça ? Il y a des permis de deux ans ; renouvelable deux ans. Mais s’il y a des gens qui ont des permis depuis dix ans qui ne savent pas si c’est au bord de la mer, en Haute Guinée et en forêt. Ils n’ont jamais mis pied là-bas, ils sont en train de manger notre argent sur notre dos. On ne peut pas accepter.
Nous avons signé et ratifié il n’y a pas longtemps avec Rio Tinto, Simandou 3 et 4 avec un investissement de 20 milliards de dollars , la route et le port en eau profonde et les mines. Nous avons signé pour Sangarédi avec Mobadala pour 5 milliards de dollars d’investissements, ça été ratifié il n’y a pas longtemps. Nous avons signé avec CPI (China Power Investment, Ndlr) 5 milliards à Boffa et ça été ratifié.
Nous avons signé pour RUSAL, le projet Dian Dian et ça été ratifié. Nous avons donné des permis pour les exploitants de l’or. Nous sommes en train de faire la révision des contrats comme par exemple avec Hero Nimba. Quel est le problème avec Hero Nimba ? Il était prévu que les mines qui sont à la frontière du Liberia qu’elles sortent par le canal à deux conditions : Un la reverse n’est pas importante et deux le minerai est moins riche. Donc le contrat a été signé avec Héro Nimba bien avant que je devienne président pour l’exportation.
Par après on s’est rendu compte que la réserve est plus importante que ce qu’on nous a dit. Evidemment la qualité est meilleure. Qu’est-ce que Rio Tinto dit, vous n’allez pas m’obliger de construire un chemin de fer de six cent kilomètres et vous allez dire à mon concurrent de construire dix kilomètres et d’avoir le marché avant moi, c’est illogique.
Par contre si la mine n’est pas plus importante et que la teneur est moins bonne, on ne peut pas m’obliger de faire le chemin de fer. Tu ne peux pas demander à quelqu’un d’investir 15 milliards et permettre à l’autre de faire dix kilomètres. C’est le problème qu’on a aujourd’hui avec Hero Nimba. C’est leur faute parce que quand je suis venu je leur ai dit vous avez déjà la concession, juridiquement je ne peux rien. Ça veut dire vous garantissez la stabilité des contrats. Je ne peux rien vous imposer, discutons, parce qu’en âme et conscience vous savez que ce contrat n’est pas bon.
Ils ont accepté donc de payer 100 millions de dollars à la Guinée, plus 25 millions pour faire l’aéroport de N’zérékoré. Ça trainé, ensuite on a signé l’accord, j’ai envoyé au parlement. Yamoussa a dit président est ce que vous avez regardé avant d’envoyer au parlement ? Effectivement il est signé, ils ont écrit à la main que les 100 millions devraient être dépensés avec l’accord de la société. Comment moi je vais dépenser l’argent avec l’accord d’une société privée ? En ce moment je ne suis pas souverain, j’ai retiré du parlement. Donc on n’a pas ratifié.
Rio Tinto a dit que toutes les mines qui ont la voie de situer à telle attitude, vont être exportées par le trans-guinéen. Il y a une deuxième société qui veut exporter, parce que la réserve est faible. Vous n’allez pas demander à quelqu’un qui exporte cinq millions de tonnes de faire un chemin de fer. Simandou c’est 100 ans d’exploitation. Donc ça n’a rien à voir avec une petite mine. Ça c’est Simandou 3 et 4 ensuite nous avons Simandou 1 et 2 que nous avons retiré à BSGR grâce au soutien des américains, des français et de la suisse qui est un paradis fiscal.
Nous sommes en train de travailler avec les avocats pour mettre cela sur le marché. Mais Simandou 1 et 2 est un gros morceau, ce n’est pas quelque chose que vous allez vendre à 100 millions. Donc, il faut un appel d’offres correcte. On ne peut pas retirer à quelqu’un et ne pas être correcte.
Nous avons le cas de la bauxite de Boffa, les blocs que BHP a eu , ce n’est plus un permis c’est une concession. Pour cela aussi, on est obligé de faire un appel d’offres. On n’a quelques problèmes, parce qu’il y a eu des offres pas claires. Nous avons donné jusqu’au 30 novembre à la société chinoise pour remplir ses obligations sinon on fera de l’appel d’offres infructueux et en ce moment on recommence de nouveau. Parce que cela va toujours nous rapporter de l’argent. Demander à la commission de revue où ils en sont, quels sont les contrats qu’on n’a revus.
On n’a beaucoup de problèmes, vous avez vu l’analyse de CBK (Compagnie des Bauxites de Kindia, Ndlr) quand on n’a sorti les audits. CBK a un contrat (…). On ne peut pas imaginer que les guinéens pouvaient signer un contrat comme ça même un enfant, pourtant ça été signé. Même lorsque le parlement sous le régime de Conté a ratifié, il l’avait fait avec réserve. Malheureusement, ils n’ont pas dit réserve avec quoi. Parce que s’ils avaient dit automatiquement tout ce qui est considéré comme réserve ne serait pas ratifié.
Nous voulons utiliser le chemin de fer de CBK, parce qu’il ne faut plus que les camions conteneurs, remorques ou citernes viennent au port. Ils doivent aller maintenant à Kagbelen. Donc, pour ça Bolloré a proposé pendant qu’on va commencer la construction du chemin de fer, en attendant qu’il arrive à Kagbelen, on va faire la jonction avec CBK. Ce qui est tout à fait normal. Toute de suite là on peut commencer à ce que tout le monde aille déjà à Kagbelen. Pendant ce temps on va continuer la construction, c’est le chemin de fer qui va jusqu’à Bamako.
On va casser l’attroupement de Conakry, avec tous les conteneurs et camions citernes non seulement il y a les embouteillages mais, tout le temps des accidents. Mais CBK a dit non ! Comment le chemin de fer que nous avons construit peut appartenir à la société ? Ils disent que ça les appartient. On a eu une grande bagarre. Avant qu’ils n’acceptent un multi usage c'est-à-dire que d’autres personnes puissent utiliser. La seule chose on prend un consultant qui va voir comment on peut utiliser sans qu’il n’y ait des embouteillages entre les compagnies. Et même ça ce n’est pas difficile, on fait les voies de dégagements.
On n’a publié le contrat de CBK, c’est inadmissible. Comment on peut signer une convention comme ça ? Sans même parler de Fria (usine d’alumine, Ndlr) où il y avait un preneur à 200 millions de dollars, on a vendu finalement à 21 millions de dollars. Il faut qu’on sache pourquoi Fria a été vendu à 21 millions et dans quelles conditions ? Alors qu’on n’a proposé 200 millions.
Les mines nous voulons la transparence ça veut dire qu’il faut être extrêmement prudent. Nous n’avons pas les compétences juridiques en Guinée pour être capables de négocier avec les sociétés. Donc, nous sommes obligés de prendre des cabinets. Il faut qu’on s’assure, avoir des grandes banques d’affaires pour nous munir et que la Banque Mondiale nous accompagne. Il ne faudrait pas qu’on se presse sinon on va signer n’importe quoi.
Propos recueillis par SOUARE Mamadou Hassimiou
Transcrits par BAH Aissatou
Pour Africaguinee.com
Tél. : (+224) 655 31 11 11
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