Affaire Sable Mining : Ce qu’on ne vous a pas dit jusque là… (Enquête)

nimba

CONAKRY- L’ONG Britannique « Global Witness » a ouvert la boîte à pandore sur certaines concessions minières guinéennes. La Guinée et Libéria ont été les deux pays touchés dans le rapport produit par cette ONG. En Guinée, Global Witness parle de corruption dans l’attribution d’une concession minière à la société enregistrée dans les îles vierges Britanniques, Sable Mining. Les noms d’Aboubacar Sampil, le patron de West Africa Exploration, et celui du fils d’Alpha Condé, sont cités dans cette affaire. Selon Global Witness, Aboubacar Sampil aurait demandé à Sable Mining de transférer un montant de USD 15.000 dans le compte de Mohamed Alpha Condé. Cet argent devait servir à corrompre des cadres du Ministère guinéen des mines pour faciliter l’obtention du permis minier au compte de Sable Mining.


Global Witness, cette ONG qui a fait du secteur des mines son domaine de prédilection, soutient également que Sable Mining a participé indirectement au financement de la campagne d’Alpha Condé lors de la présidentielle de 2010. Sable Mining aurait affrété un avion pour la campagne d’Alpha Condé.

Ces accusations ont amené les autorités guinéennes à ouvrir une enquête. Le Ministre des Mines a demandé à son homologue de la justice de diligenter une enquête pour avoir toutes les informations sur cette affaire.

Ce dossier a fait les choux-gras de la presse locale guinéenne et même internationale. Pourtant, il y a lieu de rétablir certaines vérités dans ce « fameux » rapport présenté par Global Witness.

Une enquête minutieusement menée par notre rédaction révèle premièrement que la société Britannique Sable Mining ne dispose d’aucun permis minier en République de Guinée. C’est plutôt West Africa Exploration, la société dirigée par Aboubacar Sampil qui dispose d’un permis minier depuis le 23 septembre 2010, plusieurs mois avant l’arrivée au pouvoir du Président Alpha Condé. La demande d’obtention de ce permis minier avait été formulé le le 15 août 2010 à travers un courrier adressé au Département chargé des Mines et de la Géologie. Comme le recommande le code minier guinéen, ce permis a été renouvelé au mois de septembre 2013, trois ans après son obtention par West Africa Exploration.

Pourquoi alors ce rapport de Global Witness incrimine directement Aboubacar Sampil ?

Pour répondre à cette question, notre journaliste regardé dans le rétroviseur pour s’intéresser au passé de West Africa Exploration. Peu connu des guinéens et à l’étranger, Aboubacar Sampil a fait son entrée dans la « cour des grands » en s’invitant dans les mines. Sa concession minière qui se trouve sur les plateaux des monts Nimba, est très riche en fer. Sa teneur est de l’ordre de 62%. Selon un cadre du Ministère guinéen des Mines, seule WAE avait réussi à démontrer qu’il était possible d’exporter les premiers minerais de fer guinéens en 2017. Malgré la chute du prix du fer, la société du patron de l’Association Sportive de Kaloum (ASK), était en mesure de tenir ses engagements avant l’arrivée en Guinée de la maladie à virus Ebola. De nombreux travaux ont déjà été effectués sur le terrain par West Africa Exploration avant que les expatriés ne quittent le pays à cause de l’épidémie d’Ebola.

WEA dont la mine se situe à seulement quelques kilomètres du Libéria, a réussi à obtenir un accord avec les autorités de ce pays pour l’acheminement de son produit vers le port Buchanan. Cet accord permet à West Africa Exploration de réduire considérablement ses charges d’exploitation.

Il faut dire également que ce n’est pas une « faveur » qu’a obtenue West Africa Exploration, car ce n’est pas une première que les autorités guinéennes et libériennes se mettent d’accord pour l’acheminement de la production de cette mine vers le pays d’Ellen Jonhson Sierleaf. Déjà, le 22 janvier 1983, un protocole d’accord pour le transit du minerai de fer des monts Nimba, avait été signé par les autorités guinéennes et libériennes. Ce protocole d’accord avait été reconduit le 4 décembre 1989.

Avec ces nombreuses « facilités », WAE était en mesure de respecter les délais annoncés aux autorités guinéennes pour le début dans l’exploitation de sa mine.

Nombreuses sont ces multinationales évoluant en Guinée qui avaient fait la demande d’obtention d’une autorisation de transfèrement de leurs produits vers le Libéria. Cette demande avait été refusée par les autorités guinéennes, parce qu’elle mettrait à l’eau le rêve de la construction d’un chemin de fer qui relierait Conakry au sud du pays. Conakry a toujours avancé des arguments économiques avec les nombreux avantages de la réalisation de ce projet.

Si West Africa Exploration réussit son pari de sortir des plateaux des monts Nimba un métal (fer) dont la teneur est estimée à 62%, cela mettrait plusieurs grandes sociétés minières en danger. De nombreux géants dont la teneur du minerai de fer avoisine les 35%, pourraient perdre de nombreux marchés au niveau international. Cela provoquerait une ruée vers le minerai de fer exploité par West Africa Exploration.

Aboubacar Sampil semble avoir commis « l’erreur » de se retrouver dans la cour des grands. Après la déclaration officielle de la fin de l’épidémie d’Ebola en Guinée, les autorités guinéennes et libériennes avaient pris l’engagement de faciliter le démarrage effectif de ce projet minier. Le cas de la mine de West Africa Exploration avait été évoqué lors de la dernière visite de la Présidente du Libéria, Mme Elen Jhonson Serlief, à Conakry.

Il faut dire que ce n’est pas la première fois que les noms de Mohamed Alpha Condé et de Aboubacar Sampil sont cités dans une affaire de prétendue corruption liée à Sable Mining. En décembre 2014, le très célèbre journal Britannique « Sunday Times » avait présenté des « excuses » après avoir accusé Alpha Condé d’avoir financé une partie de sa campagne de 2010 par Sable Mining par l’intermédiaire de Aboubacar Sampil.

« Il n'y a aucune preuve qu'Alpha Condé ait utilisé Aboubacar Sampil, un homme d'affaires local, pendant sa campagne électorale (de 2010). Nous nous excusons pour cette erreur. Nous sommes aussi heureux de clarifier que les droits miniers de Sable Mining sont le résultat non seulement d'un accord bilatéral entre le Libéria et la Guinée, mais aussi dans le cadre d'un projet de développement d'infrastructure lié au secteur minier et qui a été conclu avec le concours de la Banque Mondiale », écrit le quotidien londonien.

 

Ahmed Tounkara

Pour Africaguinee.com

 

 

 

Créé le 13 juin 2016 08:18

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