Affaire du 28 septembre en Guinée : grosse polémique sur une déclaration d’Alpha Condé…
CONAKRY-« Inculpé ne veut pas dire coupable. En droit, la liberté est le principe, la prison l’exception (…) Beaucoup de gens sont accusés à tort dans cette affaire. Certains n’étaient même pas à Conakry ». Cette déclaration du Président Alpha Condé sur le massacre du 28 septembre suscite la colère et l’indignation des avocats de Toumba Diakité. Ces hommes en robe noire crient à l’interférence de l’exécutif sur le judicaire.
Maître Paul Yomba, l’avocat même qui avait défendu Alpha Condé alors opposant en 1998, pourfend son ancien client en ces termes : « Nous avons toujours dénoncé l’exécutif comme étant le mal de la justice et que tout l’opprobre qui est jeté sur la justice est dû au fait de l’interférence de l’exécutif dans le judicaire. Le Chef de l’Etat je l’ai souvent dénoncé parce qu’il est en réalité notre problème. Pour peu qu’il se retire, le droit sera dit dans ce pays. La Justice fera peau neuve, nous le disons parce que nous en avons beaucoup souffert. Quand il parle de la liberté comme étant le principe et la détention l’exception, il devait l’étendre aussi à Toumba. Il va dans la stratégie de défense de ses protégés, de ceux-là qu’il a lui-même nommé après les évènements. Il sait que ces hommes-là ont les mains et les cœurs souillés, ensanglantés. Mais il les a élevés en dignité pour prospérer au-dessus de la nation.
Que l’humanité toute entière s’insurge contre cela et qu’une telle maxime est donnée, c’est banaliser toute cette tragédie survenue le 28 septembre. C’est empêcher même les familles de victimes de faire leur deuil et de savoir même où ont été enfouillies les dépouilles des leurs. Dire que pour des gens qui étaient aux leviers de commande, qui sont inculpés, la détention est l’exception, la liberté la règle, c’est quelque peu moqueur, vexatoire. Que le Chef de l’Etat sache que beaucoup de ceux qui trempent dans cette affaire sont innocents, c’est dire qu’il en sait beaucoup lui-même. Et qu’il ne veut pas rétablir la justice puisqu’il a toujours un pied dans la justice. Nous avons tous un combat à mener pour que la Haute Cours de Justice soit mise en place pour que le Chef de l’Etat soit discipliné (…) », a déclaré cet avocat ce jeudi 13 avril 2017, interrogé par Africaguinee.com.
Son confrère maître Aboubacar Sylla n’est pas allé non-plus du dos de la cuillère pour fustiger les propos du Chef de l’Etat qu’il a qualifié d’extrêmement grave. « Le Premier magistrat de ce pays ne peut pas, pendant qu’il y a un procès aussi sérieux que celui des crimes perpétrés au stade du 28 septembre, les magistrats sont sur les enquêtes, déclarer déjà qu’il y a des gens qui sont accusés à tort dans cette affaire. C’est gravissime. Où est la sécurité dans la justice ? Il y a de bons magistrats dans ce pays, mais tout le problème, c’est l’interférence de l’exécutif dans le judicaire. Lorsque le Président parle comme ça, ne donne-t-il pas une indication aux magistrats ? Je crois qu’on aurait gagné à éviter de telles déclarations surtout venant du Premier magistrat de ce pays », s’est insurgé pour sa part maître Sylla.
A suivre…
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 311 112
Créé le 13 avril 2017 19:53Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: 28 septembre, Alpha Condé, Colonel Pivi, Politique