Affaire 15 milliards GNF : « L’honorable Damaro n’a détourné aucun franc de ce montant… », selon sa Défense
CONAKRY-Le 15 juillet dernier, le parquet spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a révélé que l'ancien président de l'Assemblée Nationale, Amadou Damaro Camara est accusé d’un détournement de 15 milliards de francs guinéens. Un montant qui, selon le parquet, était destiné à la construction du nouveau siège du Parlement sur le site directionnel de Koloma.
Le parquet spécial de la CRIEF a-t-il dit vrai dans ce dossier ? Ce mardi 19 juillet 2022, les avocats qui défendent l'honorable Amadou Damaro Camara ont démenti les accusations d’Aly Touré et ses substituts qui selon eux, ont occulté la vraie information dans le but d'intoxiquer l'opinion.
« Notre client est poursuivi de détournement de 15 milliards de francs guinéens. Quand vous prenez l'article 8 du Code de Procédure Pénale, cet article donne la possibilité au procureur de donner des informations au public mais en se fondant sur des éléments objectifs tirés du dossier. Je mets ce terme en relief pour dire que si le procureur a la possibilité de donner des informations relativement à un dossier pendant par devant un cabinet d'instruction, il doit se fonder sur des éléments objectifs tirés du dossier. Mais nous avons constaté que le parquet spécial près la CRIEF s'est arrêté à mi-chemin. Son objectif en se limitant à annoncer le montant de 15 milliards était d'intoxiquer l'opinion par rapport à la culpabilité de notre client.
Il devrait aller plus loin pour dire que sur le montant de 15 milliards reproché à Amadou Damaro Camara qu'il y'a 6 milliards de francs guinéens sur le compte de l'Assemblée Nationale domicilié à la Banque Centrale de la République de Guinée. Il devrait le dire parce que c'est un élément objectif qui est versé au dossier. Le procureur spécial de la CRIEF devrait également dire que sur le site de Koloma, il y a eu des réalisations qui sont tangibles.
Autre chose, le procureur spécial aurait dû dire qu'il existe au dossier de la procédure des pièces comptables qui sont versés. Quand vous faites la somme de 6 milliards GNF se trouvant sur le compte de l'Assemblée Nationale à la BCRG, si vous faites la somme des montants contenus dans les pièces déjà versées au dossier et le montant qui a été donné aux différents prestataires qui ont évolué sur le terrain, vous allez comprendre aisément qu'il existe un montant excédentaire de plus de 700 millions GNF sur le compte de l'Assemblée Nationale à la BCRG. Voilà des éléments objectifs du dossier. Si la loi lui donne le pouvoir d'intervenir pour informer, il doit informer. Mais nous avons constaté que le procureur, au lieu de donner des informations tirées des éléments objectifs du dossier, a plutôt préféré s'inscrire dans une dynamique d'intoxication de l'opinion », a flétri maître Santiba Kouyaté.
Le pool d'avocats qui défend l'honorable Amadou Damaro Camara persiste et signe que leur client est innocent. Pour preuve soutient-il, tous les fonds alloués à la 9ème législature guinéenne ont été versés sur le compte de l'Assemblée Nationale domicilié à la BCRG et non sur celui du président de cette institution dissoute après le coup d'Etat du 05 septembre 2021.
« Nous le disons et nous le répétons, monsieur Amadou Damaro ne se reproche de rien dans ce dossier. Il était question de construire le nouveau siège de l'Assemblée Nationale à Koloma. Pour la construction de ce siège qui devrait être financée par l'Etat chinois, la contrepartie de la Guinée était de 15 milliards GNF. Et tenez bien ! Le montant des 15 milliards GNF n'était pas versé sur un compte spécial. L'Assemblée Nationale n'a qu'un seul compte où tous les montants de subvention sont versés. Ce compte est domicilié à la BCRG. Toutes les recettes et dépenses de l'Assemblée Nationale sont versées sur ce compte où les retraits sont effectués au compte de l'Assemblée Nationale. Donc, on ne saurait dire que monsieur Amadou Damaro Camara a détourné un franc de ce montant », jure maitre Santiba Kouyaté.
La Défense de l’ex chef du Parlement guinéen déplore la communication du parquet spécial qui à ses yeux, écorche l'image de l'inculpé poursuivi pour détournement de deniers publics, corruption et enrichissement illicite.
« Quand le procureur fait de telles interventions, il faudrait poser le problème sous l'angle social. Ceux qui sont en détention ont des familles, des enfants, des épouses et des frères. A chaque sortie du parquet spécial, ce sont ces personnes-là qui sont prise en partie dans des quartiers. Ils sont indexés, stigmatisés et on leur dit votre père a volé l'argent du peuple, votre mari a détourné l'argent du peuple. Ce qui constitue une stigmatisation et une violation du principe de la présomption d'innocence. Chaque intervention du procureur spécial, ce n'est pas d'informer mais plutôt d'intoxiquer. Il faut que cela s'arrête », a averti le pool d'avocat constitué de maître Santiba Kouyaté, maître Souadou Aribot, maître Mohamed Lamine Conté, maître Lancei III Doumbouya et maître Abdoulaye Sidimé.
A suivre…
Siba Engagé
Pour Africaguinee.com
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Créé le 19 juillet 2022 15:44Nous vous proposons aussi
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