Aboubacar Soumah : « Nous sommes prêts à suspendre la grève si… »
CONAKRY- Jusqu’où le syndicaliste Aboubacar Soumah est-il prêt à aller dans son bras de fer avec le Gouvernement ? Va-t-il accepter la perche tendue par le ministre de l’emploi et du travail, Damantang Albert Camara ? Face à ces interrogations, le syndicaliste s’est voulu direct et tranchant : la grève ne sera levée que lorsque leurs revendications seront satisfaites. M. Soumah s’est confié en exclusivité à notre rédaction.
AFRICAGUINEE.COM : Quel bilan dressez-vous de la grève en cours que vous déclenchée depuis 12 février 2018 sur toute l’étendue du territoire ?
ABOUBACAR SOUMAH : C'est un bilan largement positif, la grève a été observée de Conakry jusqu'à Yomou, dans toutes les préfectures de la République de Guinée. Le mot d'ordre a été largement suivi par l'ensemble des enseignants et enseignantes de Guinée. Donc je dis vraiment c'est un motif de satisfaction.
On a pourtant l'impression que le mot d'ordre est en train de battre de l'aile. Ne craignez-vous pas d'être désavoué ?
Désavoué par qui ? Écoutez, ce n’est pas moi qui ai lancé le mot d'ordre de grève, ce sont les enseignants qui ont demandé de lancer le mot d'ordre de grève. Donc si les enseignants là abandonnent le combat alors il n’y a pas de problème. Moi je ne suis que leur porte-parole. J'ai été élu comme secrétaire général et donc si eux ils abandonnent, moi aussi j'abandonne. Mais tant qu'ils tiennent moi aussi je tiendrais. Parce qu'en matière syndicale c'est la base qui commande, tant que la base tient moi aussi je tiendrais. Et je ne doute pas encore de l'engagement de la base.
Beaucoup d'observateurs estiment que le moment est mal choisi pour déclencher cette grève étant donné qu’on est dans un contexte de crise postélectorale. Que répondez-vous ?
Ecoutez, nous, nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des travailleurs. Les politiciens eux, ils sont avec leur politique, nous il n’y a pas de mouvement pour nous. C'est une grève qu'on avait suspendu, sinon peut être que la grève aurait pris fin il y a longtemps. Mais compte tenu de l'intervention des religieux, nous avons suspendu la grève en tenant compte de la prière qu'on nous avait faite. Les religieux en demandant de suspendre la grève se sont engagés aussi à faire aboutir nos revendications qui sont de trois points. Donc si ces points n'ont pas été respectés avec le temps moratoire qu'on leur a accordé, et que ce temps moratoire est terminé, rien n'est fait, nous sommes en droit de relancer la grève. Donc c'est ce qui fait qu'on a relancé la grève.
Le Gouvernement se dit favorable à ouvrir un dialogue avec vous, mais à condition que vous parliez d'une même voix avec les autres syndicalistes qui vous ont exclu du SLECG. Cette éventualité est-elle envisageable à ce stade ?
Ils ont tenté cela une première fois. Dans un premier temps quand on suspendait la première grève, ils ont dit de nous mettre en harmonie avec les autres, ce qui a été fait. Donc on s'est mis en harmonie, en suite on a dit qu'on a enterré la hanche de guerre, on a pris les décisions ensemble et ensemble on a signé les mêmes points de revendications qu'on a adressés au Gouvernement. Et c'est entre temps maintenant qu'ils se sont désolidarisés, ils ont pris un autre acte en nous excluant nous autres du syndicat. Donc quand ils ont vu que nous venons vers le congrès, ils se sont désolidarisés sachant très bien qu'ils ne sont plus crédibles aux yeux des enseignants.
Donc nous, on est resté là avec les enseignants, avec la base et si aujourd'hui ils disent qu’il faut être avec eux. Ce n'est plus la peine. On a tenu notre congrès on a élu un bureau exécutif national qui parle aujourd'hui au nom de l'ensemble des enseignants de la République de Guinée. Donc nous on a plus besoin de leur collaboration. Les Sy Savané, leur mandat est expiré, ils ne doivent plus parler au nom des syndicats, c'est fini, ils sont exclus du SLECG, ils ne sont plus avec nous. Mais comme ils sont appuyés par l'Etat, ils n'ont qu'à continuer avec eux. Nous en tout cas nous sommes avec la base et nous avons notre position à nous.
Le nouveau médiateur de la République, Mohamed Saïd Fofana vous a appelé. Sur quoi avez-vous échangé ?
Oui il a voulu s'enquérir de la situation que je lui ai sommairement brossée. Il dit quand il va prendre fonction, il m'adressera une correspondance officielle.
Jusqu'où êtes-vous prêts à aller Monsieur Soumah ?
Jusqu'à la satisfaction des points de revendication. Même si c'est demain, on va lever la grève.
Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 15 février 2018 09:07Nous vous proposons aussi
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