Abdoul Kabèlè Camara : « Nous savons déjà ce qu’il y a dans la nouvelle constitution… »
CONAKRY- L’ancien Ministre Abdoul Kabèlè Camara vient de briser le silence ! Cet avocat qui a occupé de hautes fonctions, notamment celle de Ministre délégué à la Défense, s’oppose à toute idée de modification de la Constitution. Maître Kabèlè est également revenu sur ce « fameux » discours du Président Alpha Condé au siège du RPG Arc-en-ciel.
AFRICAGUINEE.COM : Comment réagissez-vous au discours guerrier du président de la République Alpha Condé ce week-end au siège du RPG arc-en-ciel ?
ABDOUL KABELE CAMARA :Cette sortie, dois-je l’avouer est surprenante, elle est excessive, elle est intempestive et inopportune. La ligne de conduite d’un Président de la République en Guinée est fixée dans les limites exclusives de la constitution guinéenne, tout est réglé par cette constitution. Alors, le président de la République à l’occasion de son investiture prête serment en ses termes : « Moi président de la République élu, conformément aux lois, je jure devant le peuple de Guinée et sur mon honneur de respecter et de faire respecter scrupuleusement les dispositions de la constitution, des lois et des décisions de justice, de défendre l’institution constitutionnelle, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale. En cas de parjure, que je subisse les rigueurs de la loi ». C’est le serment que le président de la République élu de Guinée prête en levant la main droite devant le peuple de Guinée et sous la surveillance de Dieu, le tout miséricordieux. Il prête ce serment devant le peuple et Dieu et en cas de parjure, qu’il subisse les rigueurs de la loi, c’est-à-dire s’il arrivait à enfreindre, à passer outre ou à violer une des dispositions de cette constitution, des lois organiques, des lois ordinaires, des règlements, qu’il subisse la rigueur de cette loi.
C’est pour vous dire que ces dispositions sont égales pour tous, que vous soyez chef de l’Etat ou Non, personne ne peut échapper à la loi. La loi s’applique à l’égard de tous. Ce faisant, quand un président de la République descend dans l’arène, va au siège d’un parti politique qui est le parti politique qui l’a présenté à l’élection présidentielle (…), pour faire des déclarations et pour animer des activités politiques au siège de ce parti, viole-t-il notre constitution ou non ? Est-ce que ce fait précis n’est pas contraire aux dispositions de notre constitution de 2010 ? Je ne peux que répondre par l’affirmative. En effet, l’article 30 de notre constitution dit que le président de la République est au-dessus des partis politiques (…), l’article 38 de la même constitution stipule : « la charge de président de la République est incompatible avec l’exercice de toute autre fonction publique ou privée, même élective. Il doit notamment cesser toute responsabilité au sein d’un parti politique ».
C’est pourquoi on parle de la magistrature suprême, gardien de la constitution, de la loi. Il doit cesser toute activité au sein d’un parti et être au-dessus des formations politiques. C’est ce que stipulent les articles 30 et 38 de la constitution guinéenne sur la base et le fondement de laquelle il a été élu. Il a dirigé et il est en train de diriger le pays depuis bientôt dix ans. L’acte que nous avons tous suivi, l’action qui a été posée par le premier magistrat de notre pays (…), c’est déplorable. Plus loin, l’article 47 de cette constitution stipule également « Le président de la république est garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et de la cohésion nationale ». Les déclarations qui ont été faites ce dimanche-là, sont-elles de nature à garantir la cohésion nationale ?
Quand je sais et nous l’avions entendu dire : « Désormais je serais à votre siège en tant que militant, quand je viens ici désormais, ce ne serait plus le chef de l’Etat ce sera Alpha Condé le militant ». C’est extrêmement grave. Mais mieux, il ajoute : « c’est n’est pas le président de la République qui sort, c’est le militant qui va mener la bataille politique(…) ». Encore mieux, le président de la république qui est le premier magistrat s’attaque à des citoyens qui ne font qu’exercer leurs droits, c’est-à-dire la libre opinion, en traitant certains de petits bandits tels que Sanoh de la PCUD. Mais bon Dieu, le président de la république ne doit livrer bataille avec un citoyen. Il est le magistrat suprême et au- dessus de tout le monde. Il n’a plus de rival ici en Guinée, il n’a plus quelqu’un avec lequel il doit batailler (…), il est le père de la Nation. Traiter Monsieur Sanoh de petit bandit est une injure grossière, il atteint par ses mots à l’honneur et à la considération d’un citoyen qui n’a fait qu’exercer son droit, le droit à la liberté, le droit à la libre opinion, le droit à l’exercice des activités sociales. Mieux, il invite de façon subtile à la révolte contre Monsieur Sanoh, puisqu’il déclare dans son discours que « Monsieur Sanoh petit bandit exploite ses travailleurs ».
Par cette attitude, le président renonce complètement à sa posture de président de la république. Et puis, des petits drogués dont il parle ne sont-ils pas des guinéens ? A supposer qu’ils soient drogués (…), qui doit garantir la protection de tous les citoyens ? Il a le devoir de mettre en place un système de nature à les amener à ne plus être drogués. La drogue est destructrice, alors quand vous constatez qu’il y a la drogue dans votre pays vous devez prendre les mesures idoines pour y remédier. Vous, ne vous contentez pas seulement de faire des déclarations parce que tout simplement vous avez été énervés. Vous devez vous battre pour y remédier. Parce que vous avez l’obligation d’assurer la qualité de vie de vos citoyens, et la meilleure qu’il soit. De leur assurer la bonne santé, comme dit-on, « un corps sain dans un esprit sain », c’est ce dont la nation a besoin. Les déclarations faites le dimanche sont totalement contraires aux dispositions de notre constitution. Par cette attitude, le président de la république a violé de façon flagrante, au vu et au su de tous les guinéens notre constitution sur laquelle il a prêté serment. Et là, en aucune façon il ne peut se dérober. C’est une renonciation explicite à sa fonction gouvernementale.
Quelle doit être la réponse de la classe politique face à cette attitude du Président de la République ?
C’est tout d’abord faire le constat que nous sommes en train de faire (…). J’ai toujours exprimé ce que je pense du fond de moi-même, je n’ai jamais utilisé la langue de bois. La vérité est l’apanage de tout le monde, même si elle est divine. Certes que la vérité vexe et elle fâche(…), je n’ai jamais été malveillant ou avoir un esprit malsain vis-à-vis d’une personne âgée, à plus forte raison vis-à-vis d’un président de la république. Je respecte l’institution qu’est le président de la république parce que c’est la magistrature suprême et il n’y a rien au- dessus. Soyez le plus grand savant ou l’homme le plus riche du monde, ou un érudit en Islam ou dans toute autre religion, vous viendrez en face d’un président, vous vous inclinez. Il exerce un attribut divin, celui de commander son peuple. Quand il quitte c’est un autre qui doit venir pas deux (…), mais une fois qu’on est élu, non seulement de son peuple mais de Dieu, dès lors vous devez être dans cette posture et ne jamais la quitter. Il y a des institutions qui sont en place, quand on manque de respect à un président, ces institutions sont là pour régler le problème. Le président de la république ne lève même pas le petit doigt. Quelqu’un insulte le président, il se lève de son fauteuil pour répondre et l’insulter, c’est du jamais vu. Dans aucun pays du monde on n’a vu ça.
Vous avez été très proche du Président de la République en travaillant avec lui pendant plusieurs années comme Ministre de la Défense et de la Sécurité également. Avez-vous été surpris par son attitude ce dimanche au siège du RPG Arc-en-ciel ?
Je puis vous dire droit dans les yeux et au du peuple de Guinée que j’ai respecté l’homme et j’ai été aussi loyal vis-à-vis de l’homme. J’ai respecté l’institution qui l’incarne puisqu’il n’y a rien au-dessus, puisque c’est lui que le peuple de Guinée a choisi et j’ai accepté de travailler à ses côtés. Je me suis engagé de travailler en toute transparence et je lui ai toujours dit la vérité. Si j’avais été à ses côtés ce jour, je lui aurais dit de ne pas aller au siège pour tenir de tels propos. Quand on est à côté d’un chef, il faut savoir lui dire la vérité respectueusement et humblement pour l’empêcher de commettre des erreurs. Il faut anticiper sur ses décisions pour ne pas que des dégâts collatéraux touchent tout le monde.
Beaucoup disent que cette sortie du président est symptomatique au projet de modification de la constitution. Avez-vous la même impression ?
Le président en exercice n’a pas encore prononcé le mot qu’il faut, référence faite à une nouvelle constitution, à une révision constitutionnelle ou à des paragraphes ou à des éléments clés de notre constitution. Mais aujourd'hui personne n’est dupe. Vous avez entendu certains du RPG sur les antennes des radios libres et qui ont parlé d’une nouvelle constitution (…), d’autres parlent de révision constitutionnelle. Il y a des indices graves et concordantes de nature à nous amener également à croire qu’un groupe s’est retranché dans un coin d’un bâtiment administratif pour la rédaction d’une soit- disant nouvelle constitution. Ils ont même prévu la possibilité d’éliminer la fonction de premier ministre et de prévoir une vice-présidence. Et également de supprimer toute référence à la durée du mandat du chef de l’Etat de cinq ans et à son renouvellement une seule fois. Ils projettent d’augmenter la durée du mandat à six ans renouvelable une fois, cela fait douze ans.
Des affirmations qui ont été faites ces derniers jours font croire que cette nouvelle constitution va permettre au président de la république d’être candidat une fois encore et d’être candidat une seconde fois. Cela va permettre à l’actuel président d’exercer encore pendant douze ans. Quant à moi et à mon parti le Rassemblement guinéen pour le développement (RGD), et toutes les forces démocratiques progressistes épris de paix, de liberté, soucieux de la consolidation de notre constitution, de la consolidation de notre démocratie par le biais de l’alternance démocratique, nous disons ici et maintenant que nous nous opposons et nous nous opposerons déjà à toute tentative de manipuler la constitution de 2010, de manipuler à souhait la durée du mandat et de changer la constitution maintenant. Nous sommes sous l’égide de la constitution de 2010 (…).
Il faut reconnaitre que si les militaires avaient confisqué le pouvoir, il y aurait eu une guerre civile ici, peut-être pour que l’on revienne à une vraie démocratie. Peut-être que des efforts surhumains allaient être déployés par la communauté internationale, mais ces militaires ont gagné la sagesse pour accepter ce que la communauté internationale a recommandé, ainsi que les acteurs politiques et sociaux de la Guinée. C'est-à-dire la mise en place du CNT (conseil national de la transition). L’ordonnance de mise en place du CNT a été signée par le président Konaté. Ce sont les fils de Guinée dans toutes ses composantes qui se sont retrouvés pour travailler sur cette constitution. Ils auraient pu mettre dans cette constitution à l’époque la limite d’âge minimum et maximum 70 ans. Certains parlent aujourd’hui de présidence, d’élections, ils n’auraient jamais eu l’occasion de se présenter. Parce que frappés par la limite d’âge.
Comme Alpha Condé à l’époque ?
Je n’en sais rien. Je ne dis le nom de personne. Peut-être que d’autres aussi étaient dans la limite. Je sais aussi les pressions qu’on a exercées sur les membres du CNT pour faire sauter ce verrou de limitation de l’âge maximum.
Qui a fait cette pression sur le CNT ?
Je sais que des activistes ont exercé une pression. Le CNT nous a permis de sortir de cette période exceptionnelle. Ce sont des guinéens honnêtes de toutes couches socioprofessionnelles, religieuses qui ont composé le CNT et nous avons applaudi. Ils auraient pu ensemble et de concert avec le CNDD (Conseil National pour la Démocratie et le Développement, Ndlr) maintenir le Pouvoir. Mais comment peut-on aujourd’hui rejeter d’un revers de la main le travail de ces honnêtes citoyens en disant OUI, il n’y a pas eu de référendum. Ils ont exprimé la volonté et le souhait, tout le monde a applaudi et les acteurs politiques sont partis aux élections présidentielles de 2010 grâce à cette constitution. Grâce à cette Constitution le Président en exercice a été élu et il a prêté serment sur la base de cette Constitution. En 2013, il a organisé les élections législatives sur la base de cette Constitution, grâce à cette Constitution, il est allé aux élections en 2015 où il a gagné dès le premier tour. Un Président peut changer de Constitution, mais la manière de faire maintenant est intempestive. Elle est inopportune, c’est la déconsolidation de la démocratie dont on veut se rendre coupable. Pourquoi ? Comment attendre la veille de la fin de son mandat pour se réveiller et dire OUI, il faut une nouvelle Constitution pour que vous ayez tout simplement la possibilité de vous présenter. C’est ce que les juristes appellent la fraude à la LOI. Manipuler la Constitution à des fins stricto-personnelles. C’est une fraude, c’est trahir la volonté du peuple de Guinée que le CNT a reflété à l’époque. C’est toutes les composantes du peuple de Guinée qui ont été représentées au CNT en 2010. On ne peut pas donner un coup de pied à leur travail comme ça comme des malpropres. Ce sont des honnêtes citoyens qui se sont sacrifiés pour le pays. Il faut les respecter.
Cette question de troisième mandat est une grosse montagne qui pointe à l’horizon, elle nous arrive, c’est visible, ne fermons pas les yeux, ne croisons pas les bras, parce que si fermons les yeux, nous devenons complices de ceux-là qui veulent faire la manipulation, si nous nous rendons complices de ceux qui veulent seulement travailler pour leur besoin personnel, pour préserver leur poste, si nous croisons les bras c’est l’avenir de cette jeunesse, hommes et femmes, qui va être hypothéqué parce que la montagne va nous écraser tous. Mieux vaux prévenir que guérir. Je lance l’alerte à tous les guinéens épris de paix, de justice, de vérité, aimant leur pays. Quand on aime son pays on ne manipule pas la Constitution sur laquelle vous avez juré de respecter et de faire respecter, vous ne descendez pas dans l’arène.
Cette Constitution a toujours été violée. Voyez les dispositions de l’article 50 qui dit : « Le président de la République prononce une fois par an devant l’Assemblée Nationale un message sur l’état de la Nation ». Avez-vous une fois le Président de la République devant l’Assemblée nationale prononcer un message sur l’état de la Nation ?
Ayant été son ministre de la Défense, l’avez-vous interpelé ?
Je pose une question. C’est trop facile. C’est lui qui est chargé de respecter la Constitution et de la faire respecter. Je ne suis pas habilité à l’interpeller pour qu’il fasse ce qu’il doit faire. C’est l’Assemblée Nationale qui devait le faire. Pourquoi ont-ils fermé les yeux là-dessus ? Vous êtes des journalistes avant-gardistes, vous avez mené le combat pour la liberté ici. Ne prenez jamais de raccourcis, restez dans la logique de la consolidation de notre démocratie et de notre constitution. Je ne dis pas que notre Constitution ne peut pas être changée ; Mais c’est un processus. Au lieu de se cacher pour élaborer une Constitution en cachette avec des gens, pourquoi le président de la république n’a-t-il pas pris un décret depuis fort longtemps nommer un haut cadre du pays indépendant, intègre pour lui dire nous vous faisons confiance, choisissez des cadres guinéens intègres, je mettrai les fonds à votre disposition pour une large concertation sur un changement de Constitution. Mettre les cartes sur table. Qui allait dire NON ? Personne. C’est ça le jeu démocratique, c’est ça la bonne intention, c’est de là où découle la bonne foi. Mais pourquoi se cacher ? Nous savons déjà ce qu’il y a dans la nouvelle constitution.
Avez eu la mouture ?
Je vous dis que nous savons. Et nous savons quels sont les gens qui sont en train de travailler. Nous savons que l’argent circule à l’intérieur du pays.
Citez-nous des noms ?
Je ne cite personne, mais vous verrez. Nous savons déjà. C’est pour dire à ceux-là qui sont en train de travailler dans l’ombre, nous savons le travail qu’ils sont en train de faire.
Selon vous quelle est la thérapie qu’il faut pour éviter que cette montagne de troisième mandat n’explose sur la tête des guinéens ?
Le Président de la République, je l’ai suivi depuis ma tendre enfance et quand j’étais encore étudiant, il venait à Dakar, il nous réunissait. Je l’ai toujours respecté. Je souhaite pour lui un bel avenir, une belle sortie de la Présidence de la République. Je souhaite qu’il sorte grandi à la fin de son mandat, en respectant le peuple de Guinée et sa volonté, en respectant le serment qu’il a prêté, renoncer à toute tentative de se présenter pour la troisième fois. Comme il le déclarait hier : « je serai le Nelson Mandela de la Guinée ». Qu’il fasse comme Mandela dont toute l’Afrique est encore amoureux aujourd’hui. Un président de la République doit travailler de manière à ce qu’il soit respecté de son vivant. Qu’il soit regretté pour les biens faits qu’il a accompli lorsqu’il était au Pouvoir.
Je ne me permettrai jamais de lui manquer du respect, j’ai un profond respect pour les anciens. Ceux-là qui pensent qu’il faut qu’il aille à ceci ou à cela, ils sont en train de le tromper. Un sondage nous a permis de savoir que ça ne prospérera pas. Le peuple de Guinée dans son entièreté refuse un troisième mandat. C’est dans le cœur de tous les guinéens qui veulent la consolidation de l’alternance démocratique. Faire le contraire, c’est organiser la déconsolidation de la démocratie et de l’alternance démocratique. C’est extrêmement grave. Je souhaite pour le Président demain à son passage à tel endroit que les gens puissent se regrouper pour l’applaudir.
Vous avez été un de ses proches collaborateurs. On se demande encore ce qui a réellement été à l’origine de votre divorce. Est-ce que c’est cette question de troisième mandant que vous avez senti venir ?
Ecoutez, il n’y a pas eu divorce entre lui et moi. Je suis un homme de Loi dont je suis respectueux. Le président de la République a une mission, il a des prérogatives. Quand il est élu, il choisit son premier ministre, lequel lui propose un Gouvernement., le président accepte. Quand il veut changer de Gouvernement, il ne demande à personne, il demande à son premier ministre de déposer sa démission. Il prend un décret nommant un autre premier ministre. Personne ne peut lui demander pourquoi il l’a fait. Ce sont des prérogatives du Président de la République, il peut enlever qui il veut, quand il veut, comme il veut.
Moi je suis avocat, je ne suis pas dans le Gouvernement aujourd’hui, je suis dans mon cabinet. Je ne suis pas de ceux qui quittent le Gouvernement et qui rejoignent tout de suite un parti d’opposition pour traiter le Président de la république de tous les noms. Je ne le ferai jamais, je n’ai pas été éduqué dans ce sens. J’ai la dignité de ma fonction originelle, je suis un ancien magistrat des cours et tribunaux reconverti au barreau après les délais légaux pour être avocat. Je ne me permettrais jamais de violer ma conscience professionnelle ou de tomber dans des inepties. Restez tranquille, mois je suis serein et j’ai la conscience tranquille.
Vous avez pourtant déclaré avoir accueilli votre départ du gouvernement comme un ouf de soulagement…
Vous êtes en train d’extrapoler. J’ai dit le jour de la passation, après avoir remercié le Président de la république pour une première fois parce qu’il m’a choisi parmi tant de guinéens, je l’ai remercié une seconde fois parce qu’en me déchargeant de mes fonctions gouvernementales, il m’invitait implicitement à explorer une autre voie. Celle que je suis en train de suivre aujourd’hui : le rassemblement guinéen pour le développement et l’issue de laquelle je pourrai m’écrier avec les guinéens épris de paix, de justice, de liberté mon pays ma fierté.
Croyez-vous à la possibilité de tenir des législatives cette année et la présidentielle en 2020 ?
C’est un faux problème. Tous ces subterfuges là conduisent à des glissements pour des intérêts purement personnels. La Loi a prévu la date de l’organisation de toutes les élections (présidentielle, législatives, communale). La loi a mis en place une CENI qui doit être doté de ressources financières et matérielles suffisantes pour organiser les élections à date (…) L’Etat devrait être en mesure de mettre les fonds nécessaires, le matériel nécessaire, prendre les dispositions nécessaires pour que les élections soient organisées à date fixe. Gouverner c’est prévoir. Voyez un peu le décret par lequel on a prorogé la durée de mandat des députés. Est-ce que c’est la première fois ? La Guinée est championne en prorogation de mandat puis qu’on ferme les yeux, on fait tout à des fins politiques. Le RGD au pouvoir demain, toutes les élections seront organisées à date.
D’ailleurs dans la nouvelle Constitution, c’est cette éventualité qu’ils sont en train d’envisager. Nous savons tout ce qu’ils sont en train de faire. Qu’ils renoncent à ce subterfuge, à cette gymnastique intellectuelle qui n’honore pas la Guinée et les guinéens. Je vous remercie.
Interview réalisée par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 311 112
Créé le 28 mars 2019 12:21Nous vous proposons aussi
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