Migrants guinéens bloqués au Niger : L’OIM apporte des précisions…

Christopher Gascon, Directeur de l’OIM pour l’Afrique centrale et orientale

GENEVE-5 000 migrants bloqués dont 1 800 sollicitant une aide en dehors des centres de transit, plus de 1 000 retours volontaires reportés à ce jour, l’OIM (organisation internationale pour les migrations) appelle à la mise en place d’un couloir humanitaire pour soutenir les migrants en détresse au Niger.


Pour parler de cette crise et des défis auxquels les humanitaires sont confrontés sur le terrain depuis le coup d’Etat 26 juillet au Niger, Africaguinee.com a interrogé, Aissatou Sy, une des porte-parole de l’OIM. Dans cet entretien, elle confie qu’il y a actuellement 1 742 Guinéens dans les centres de transit de l’OIM au Niger. Elle annonce aussi que des discussions sont en cours avec Conakry pour pouvoir organiser les retours volontaires. Explications.  PS: la photo d’illustration est celle de Christopher Gascon, directeur régional de l’OIM.

AFRICAGUINEE.COM : Votre organisation « OIM » a tiré la sonnette d’alarme sur la situation des migrants bloqués au Niger. Quelle la réalité qui prévaut en ce moment sur le terrain ?

AISSATOU SY : Pour l’instant, nous pouvons souligner que l’OIM accueille actuellement environ 5 000 dans ses sept centres situés le long des routes migratoires au Niger (quatre dans la région d’Agadez et trois dans la région de Niamey).  Les capacités d’accueil des centres sont d’ailleurs dépassées.

La situation actuelle au Niger présente des défis opérationnels qui empêchent le retour rapide des migrants en transit et sous notre assistance. Raison pour laquelle l’OIM a lancé il y a quelques jours et réitéré ce matin (vendredi 1er septembre, ndlr) un appel pour ouvrir un couloir humanitaire qui permettrait d’organiser ces retours. Cette situation risque est d’augmenter le stress des migrants qui ont déjà vécu des situations difficiles. Ce stress peut se traduire par des frustrations ou des tensions au sein du centre.

De plus, 1 400 autres migrants sont en attente d’une assistance et d’une protection en dehors des centres de transit de l’OIM. Nous sommes en train de finaliser un rapport qui sera bientôt public. Le rapport montre que la fermeture des frontières et les restrictions de l’espace aérien ont entrainé des transformations dans les schémas de migration, réduisant les mouvements vers l’extérieur du pays et augmentant les déplacements internes, motivés par le besoin urgent de sécurité individuelle.

Vous appelez à l’ouverture d’un couloir humanitaire hors du Niger afin de réduire la surpopulation dans les centres d’accueil. Ce qui est un gros défi. Comment cela devrait-il se faire alors que le pays est sous embargo ?

Avec la situation actuelle, nous devons travaillons en collaboration avec la communauté internationale et les organisations humanitaires, ainsi que nos missions respectives dans les pays d’origine des migrants, pour plaider pour que les pays d’origine des migrants et le Niger négocient des accords spécifiques qui permettront le passage sécurisé et digne des migrants bloqués. Cette approche multipartite est essentielle pour résoudre ce défi humanitaire urgent.

Quelles conséquences la fermeture des frontières terrestre et aérienne a-t-elle eu dans vos opérations ?

Cette situation pose des défis importants tant pour les migrants que pour les efforts humanitaires.

La fermeture de l’espace aérien du Niger a un impact sur la mobilité et en particulier sur les retours volontaires de l’OIM qui ont vu les mouvements programmés temporairement suspendus alors même que nous cherchons des solutions à cette situation.

Également, la fermeture de l’espace aérien a restreint l’accès aux régions du pays, ce qui pose des difficultés pour atteindre les populations vulnérables ayant besoin d’aide. Le transport des fournitures essentielles, du personnel et des ressources médicales devient plus compliqué et prend plus de temps, ce qui empêche de répondre rapidement aux crises humanitaires.

La fermeture continue des frontières affecte gravement la vie des migrants bloqués au Niger et les programmes de l’OIM.

Votre organisation a déclaré qu’elle héberge actuellement environ 5 000 migrants dans sept centres. Mais à l’heure actuelle, la capacité de ces centres est dépassée alors que des centaines de migrants attendent de l’aide à l’extérieur. Comment arrivez-vous à faire face à ce défi majeur ?

Dans ses centres de transit pour les migrants vulnérables, l’OIM propose des services essentiels de protection adaptés à l’âge et au genre, notamment l’hébergement, la nourriture, les soins de santé, et un soutien pour le retour volontaire grâce à son Mécanisme de Ressources et de Réponse pour les Migrants (MRRM) pour les migrants bloqués. Actuellement, les opérations de l’OIM sont limitées par un financement restreint, ce qui rend nécessaire une allocation stratégique pour renforcer les services aux migrants dans les centres de transit et soutenir les communautés d’accueil.

Qu’en est-il des autres migrants se trouvant en dehors des centres ?

En ce qui concerne les autres migrants qui se trouvent en dehors des centres, malheureusement, en raison du surpeuplement actuel de ces centres, ils doivent patienter jusqu’à ce qu’une place se libère pour être intégrés. Nous accordons la priorité à l’admission des migrants les plus vulnérables. Dans certains cas, certains migrants se tournent vers d’autres organisations pour obtenir une assistance temporaire en attendant leur intégration dans les centres de transit de l’OIM. Notre objectif demeure de répondre aux besoins de tous les migrants de manière équitable et dans la mesure de nos ressources disponibles.

Est-ce qu’il y a des femmes et des enfants ? Si « oui » comment ces couches vulnérables sont-elles prises en charge par vos services ?

Notre approche est axée sur la protection et le bien-être des migrants les plus vulnérables, y compris les femmes et des enfants. Dans nos centres, nous fournissons des services adaptés à l’âge et au genre et aux besoins spécifiques des individus, notamment des espaces d’hébergement séparés, des installations sanitaires appropriées, une alimentation adéquate, des soins de santé adaptés, ainsi qu’un soutien psychosocial pour les aider à surmonter les traumatismes éventuels liés à leur parcours migratoire.

Quelles sont les besoins urgents auxquels votre organisation est confrontée ?

Veuillez vous référer à notre communiqué publié aujourd’hui (vendredi 1er septembre 2023) : https://www.iom.int/news/iom-calls-urgent-action-prevent-escalation-crises-niger

Il y a combien de guinéens recensés dans vos différents centres ?

Il y a actuellement 1 742 Guinéens dans les centres de transit de l’OIM au Niger.

Les autorités guinéennes ont annoncé un début de rapatriement volontaire en septembre prochain. Dans ce contexte, vous avez mentionné le 18 août dernier citation : « En dix jours, de multiples départs destinés à faciliter le retour volontaire de plus de 1 000 migrants, principalement du Mali et de la République de Guinée, ont été annulés ou reportés ». Pour quelle raison lorsqu’on sait que ces deux pays n’appliquent pas les sanctions de la Cedeao ? 

Parce que même si les frontières avec ces pays sont en théorie ouvertes, l’OIM requiert pour ses opérations :

  • L’implication de compagnies aériennes commerciales internationales utilisés pour les vols de retour volontaire.
  • L’autorisation des autorités nigériennes pour que ces vols spéciaux soient conduits.

D’après vous est-ce que l’échéance annoncée par Conakry pour le début des opérations de retour volontaire est tenable ?

Des discussions sont en cours, et nous espérons pouvoir organiser ces retours dès que nous aurons trouvé des réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés.

Un dernier message…

Nous réitérons l’appel pour l’ouverture d’un couloir humanitaire pour pourvoir organiser le retour sûr et digne des migrants bloqués aux Niger, mais aussi pour pouvoir continuer de fournir une aide humanitaire dans le pays.

Entretien réalisé par Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 2 septembre 2023 20:26

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