Dr Abdourahmane Sikhé Camara parle : « Il y a des mains noires derrière ce préavis de grève… »
CONAKRY- La section syndicale des travailleurs du Secrétariat Général du Gouvernement a publié mardi 29 aout, un préavis de grève censé expirer le 6 septembre 2023. Comment le chef de ce département réagit-il face à cette menace ? Votre quotidien électronique a interrogé le Secrétaire général Gouvernement Abdourahmane Sikhé Camara. INTERVIEW exclusive
AFRICAGUINEE.COM : Quelle est votre réaction par rapport à cette menace de grève annoncée par le secrétaire général de la section syndicale de votre département ?
Abdourahmane Sikhé Camara : Nous sommes surpris d’entendre qu’il y a un préavis de grève qui est lancé. On ne parle de préavis de grève que quand déjà les éventuelles négociations ont échoué. Il n’y aucune négociation préalable.
Un matin, nous apprenons qu’il y a une réunion dite syndicale dans la salle de réunion sans aucun préavis, sans aucune autorisation et aux heures du travail. Nous avons estimé que les choses ne se passent pas comme ça. Nous avons fait venir le secrétaire général de la section syndicale du secrétariat général du gouvernement pour lui faire part de notre étonnement et lui dire que ce qu’il a fait n’est pas normal.
Plus grave, je reçois deux jours après, ce qu’ils appellent mémorandum dans lequel un certain nombre de points de revendications figure parmi lesquels : la gratuité du bus, la régularisation de la situation des stagiaires et le carburant pour tous les travailleurs du SGG. Mais, j’ai dit que ce n’est pas comme ça que fonctionne l’administration. Pour moi, ils auraient pu venir vers moi ou le cabinet qu’on discute, si ça n’aboutissait pas, qu’ils nous envoient un mémorandum d’abord, avant toute réunion du syndicat. Mais là, ils ont inversé la tendance. Le secrétaire général (du syndicat ndlr) a eu un comportement désobligeant, j’ai pris mes responsabilités pour le sanctionner en tant que travailleur et chef section distribution, à la direction du Journal Officiel, pas en tant que syndicaliste.
J’ai informé aussi sa centrale syndicale la CNTG (Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée), qui m’a envoyé une délégation pour venir présenter des excuses par rapport à l’écart de conduite de Sékou Oumou Camara. Ils m’ont demandé de rester tranquille, qu’il viendra lui-même présenter ses excuses. Très difficilement il a accepté de venir, mais il est quand-même venu avec son équipe pour présenter des excuses. Aussi, la centrale syndicale m’a supplié de lever la sanction et qu’ils vont s’impliquer pour résoudre la crise s’il y en a. Je crois qu’il a eu un comportement désobligeant envers sa centrale syndicale mais moi j’ai levé la sanction. Sa centrale a tenu à le rencontrer, mais il a eu des comportements qui n’étaient pas bons.
On a été surpris d’apprendre qu’il y a d’une part, les médias ont été saisis et que sur les réseaux sociaux des articles ont été partagés par rapport un préavis de grève. Aujourd’hui, il a été suspendu par sa centrale syndicale, qui a aussitôt nommé un intérimaire, et je crois que la procédure suit son cours normal pour rétablir les choses dans la bonne règle.
Le secrétaire général vous accuse de n’avoir pas donné suite à leur mémorandum dans lequel figuraient les revendications syndicales, qu’en est-il ?
D’entrée, c’est un mémorandum qui est venu après la réunion syndicale. Un mémorandum vient avant. On répond au mémorandum par écrit ou on les invite à venir échanger. Mais un mémorandum qui arrive deux jours après la tenue d’une réunion n’est pas un mémorandum. Il doit être envoyé avant, on se retrouve, on discute et on essaie de voir comment résoudre les points qui sont soulevés comme des doléances ou revendications.
Qu’en est-il de leurs revendications relatives à l’amélioration de leurs conditions de travail au sein de votre département ?
Par rapport à la gratuité des bus, tout est négociable. Aucune porte n’est pas fermée. Lorsqu’il (Sékou Oumou Camara ndlr) venait d’être élu, je les ai reçus en leur disant deux choses : je souhaiterais avoir avec le syndicat ‘’maison’’ une relation de collaboration constructive qu’une relation de contestation destructrice, et que ma porte était grandement ouverte. Mieux, nous avons eu de bonne relation jusque-là, quand il y a des affaires sociales je prends de ma poche pour donner, quand il y a des fêtes nationales, je contribue au carburant et ça s’est toujours bien passé. Il serait revenu vers moi pour quoi que ce soit, le problème allait être géré à l’interne avant de porter le problème à la place publique alors qu’il n’y aucune négociation préalable, aucune demande d’autorisation pour la tenue d’une réunion, et ils vont sur les réseaux sociaux pour afficher un préavis de grève et ça va dans tous les sens.
Alors, en ce qui concerne le bus, en ma connaissance aucun bus n’est gratuit dans l’administration guinéenne à quelques rares exceptions près. Nous ne sommes pas un département sectoriel. Nous sommes un département transversal, de souveraineté qui n’a pas de poche de recettes. Les bus, avec des modiques sommes, c’est pour permettre d’avoir du carburant et pour pouvoir entretenir le bus. Lorsqu’on parle de primes de carburant, il n’y a pas de primes de carburant, ça n’existe pas. Sur chaque bulletin de paie, il y a un volet transport qui est marqué qui est correspond à 200 000 Gnf et quelques. De ce côté-là ils ont passé à côté. Ça peut se négocier pour qu’on puisse de temps en temps ou même contribuer dans la mesure du possible d’être satisfait. Lorsqu’il s’agit de la demande, de la doléance ou de la revendication relative à la régularisation des stagiaires, c’est aussi négociable. Mais la fonction publique est celle qui, en principe, gère ce volet selon des procédures qui peuvent être mise en place. Nous sommes en ce moment en train de procéder à un certain assainissement, un enrôlement pour régulariser un certain nombre de situations.
Lorsqu’on parle de la gratuité des bus, ça ce n’est pas évident immédiatement, ça peut se négocier dans le temps. Les stagiaires pourquoi pas résoudre le problème ? Mais quand au carburant, il faut savoir que ce n’est pas l’argent qu’on distribue en réalité. Ce sont des cartes qui sont chargées par des stations d’essences pour celles et ceux qui disposent de véhicules de fonction et c’est limité à un certain nombre de cadre et de travailleurs. C’est le cabinet et ce sont les directions. Donc il n’y a pas à proprement parler des revendications qu’on peut qualifier de raisonnable, légitimes.
C’est vrai, il nous est arrivé de donner, par générosité le carburant même à des chefs de servie d’appui, c’est un geste de générosité, ce n’est pas un droit. On l’a fait une ou deux fois mais ça ne peut pas forcément continuer. Moi je me bats aujourd’hui pour que les conditions des travailleurs du SGG soient améliorées qualitativement et, dans le temps. Mais si on va faire directement un préavis de grève, aller sur les réseaux sociaux, ce n’est pas la peine.
Quelles sont les démarches que vous comptez entreprendre pour résoudre tout de même la crise ?
J’ai déjà pris des contacts à la fois à la fonction publique mais également avec les autres départements sectoriels pour qu’ensemble qu’on puisse trouver une solution pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. On est venu trouver une situation, il y a une vingtaine de stagiaires ici, dont j’ai la liste, pour qu’on puisse voir ce qu’il y a lieu de faire. Pas plus tard qu’hier en réunion de cabinet, bien avant j’ai interpellé Mme la cheffe de cabinet en général, la direction des ressources humaines, pour qu’on puisse avoir la situation des stagiaires et trouver une solution les concernant. Ça déjà été abordé il y a plusieurs mois.
Mais ce que vous devriez comprendre, il y a des mains noires derrière (ce mouvement de préavis de grève ndlr) ou en dessous. C’est-à-dire des personnes qui sont dans de la complotite au sein du département même ou peut-être même en dehors, pour quelle raison ? Dieu seul le sait. Mais ils sont manipulés, certainement.
Ce qu’il faut retenir, c’est un préavis, il n’y a pas de grève pour le moment, mais ça rentre dans ce qu’on appelle en droit social ou droit du travail une grève illicite si ça devrait aller dans ce sens.
NB : Lors de notre entretien, le ministre, entouré de certains cadres de son département, nous a montré une copie de suspension du syndicaliste Sékou Oumou Camara par la Fédération Syndicale Professionnelle de l’Administration Générale.
Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 664 72 76 28
Créé le 31 août 2023 20:03Nous vous proposons aussi
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