Guinée : Bah Oury soulève des failles dans le budget pluriannuel dévoilé par la junte…

Bah Oury

CONAKRY- Le budget pluriannuel 2024-2026 présenté par le Gouvernement de Transition a été adopté le 16 août 2023 par le Conseil National de la Transition. Il s’agit d’une étape qui marquant le lancement des débats d’orientation budgétaire. Il ressort de ce budget, que les dépenses d’investissement projetées sur la période 2024- 2026 se chiffrent à 47 906,6 Mds GNF. Qu’est-ce qu’il faut comprendre de ce budget ?  Quels atouts disposent le gouvernement pour son déroulement ? Quels pourraient être ses obstacles ? Africaguinee.com a interrogé Bah Oury, l’un des leaders politiques qui a participé aux débats lors de l’adoption de ce budget par le CNT.


AFRICAGUINEE.COM : Quelle lecture faites-vous du programme budgétaire pluriannuel 2024-2026, présenté par le gouvernement de la transition ?

BAH OURY : Dans le fonctionnement normal de l’Etat, il y a des programmes qui peuvent être pluriannuels, d’autres programmations budgétaires peuvent s’étendre sur 5 ans si les réformes et les investissements nécessaires sont relativement lourds. Je pense que dans le cas d’espèce, le fait de faire une programmation budgétaire en ce qui concerne les dépenses d’investissement pour les deux années à venir 2024-2026, c’est une préparation de l’avenir. Cela s’inscrit dans le cadre du fonctionnement normal de l’Etat dont le principe de continuité doit être de rigueur.

Pour certains observateurs, cette programmation ne prévoit pas la part du budget destinée au retour à l’ordre constitutionnel, alors que c’est la principale priorité de la Transition. Qu’en dites-vous ?

Ce n’est pas le budget 2024 qui est en discussion, c’est-à-dire le budget de fonctionnement de l’Etat. C’est plutôt le budget d’investissement 2024-2026 qui a été exposé. Dans le cadre du budget de fonctionnement et des dépenses courantes pour l’année 2024, il va de soi que la Loi de finances qui va être adoptée ou proposée vers à la fin de l’année au mois d’octobre fera état certainement des dépenses liées aux processus électoraux prévue cette année.

Ce qu’on nous a présenté c’est le budget d’investissement, c’est-à-dire, les infrastructures, les grands investissements publics qui nécessitent parfois un, deux, trois ans de travaux, c’est cela qui a été mis en exergue dans le cadre de ce programme pluriannuel.

Que pensez-vous des différentes articulations de ce budget ?

Ce qui est très important, c’est un budget réaliste. Il y a deux facteurs qui ne sont pas pris en compte. Or, ce sont des facteurs positifs pour le futur de la Guinée. La politique concernant le retour des revenus miniers qui a été acté par le gouvernement et le CNRD, qui demandent aux compagnies minières de rapatrier une partie significative de leurs revenus à l’intérieur du pays, ça c’est purement financier. C’est un élément important.

Le deuxième, les retombées éventuelles projetées pour le Simandou ne sont pas prises en compte. D’après les estimations, à partir de 2025 le Simandou peut générer entre 1,5 et 2 milliards de dollars de revenus à la Guinée par an. C’est uniquement le Simandou et ça ce n’est pas pris en compte dans le cadre des recettes budgétaires pour le programme pluriannuel. De ce point de vue, c’est pour dire que ce qui a été présenté par les autorités en ce qui concerne le budget d’investissement 2024-2026, peut être caduque si on prend en compte les deux atouts essentiels que la Guinée possède. Et s’ls sont actualisés, cela veut dire que la Guinée peut faire un bond en avant de manière spectaculaire dans les années à venir.

C’est la raison pour laquelle au lieu d’avoir une gestion à vue, il faut fixer le cap pour ne pas qu’après, dès qu’il y a un afflux de finances, que les gens se permettent de faire n’importent quoi sous prétexte qu’il y a de l’argent, au risque de mettre le pays dans des mauvaises situations pour l’avenir et sacrifier l’avenir des futures.

Quelles sont les contraintes auxquelles pourrait se heurter ce budget pluriannuel ?

Il peut y avoir plusieurs obstacles ou contraintes. D’abord au niveau national, la Guinée doit aller dans le sens de la stabilité. Cela est essentiel pour nous permettre de réaliser les programmes les plus ambitieux pour notre pays. Cela veut dire que le processus de transition doit aller conséquemment et la gestion du pays doit aller dans le sens de l’équilibre et de l’équité pour éviter toute déflagration sociale ou politique. Ça c’est extrêmement important.

Maintenant il y a d’autres facteurs qu’on ne souhaite pas. Parce exemple qu’il y ait des épidémies et autres catastrophes de ce genre. Ça ne dépend pas de nous mais, c’est très important que la société guinéenne se prépare à être beaucoup plus résiliente, à anticiper sur des catastrophes dans le cadre de la santé publique et autres.

Sur la situation externe où il y a les guerres, celles-ci peuvent s’intensifier.  La santé publique doit être pris en compte parce qu’il suffit que le Covid s’intensifie pour que tout s’arrête. Ce sont des contraintes qui ne dépendent pas de nous mais de l’environnement international. On espère que le monde, malgré ces tensions qui existent de par-ci par-là, évoluera dans le sens d’une relative stabilité. Mais quoi qu’il en soit, la guerre d’Ukraine et la situation du monde montrent que les richesses guinéennes prennent une valeur encore beaucoup plus importante que par le passé puisque la géostratégie du monde est en train de changer, et, la Guinée a des parts extrêmement importants si, dans la phase actuelle et dans les années à venir le pays est dirigé avec intelligence, une vision et avec la volonté de bâtir un pays fort qui pourrait être la locomotive de l’Afrique de l’Ouest.

Entretien réalisé par Siddy Koundara DIALLO

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 25 août 2023 14:25

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