Abdoul Sacko : « Le CNRD n’a jamais été de bonne foi.. »

CONAKRY-Les forces vives ont déposé les « armes » face au CNRD ? Qu’est-ce que les dirigeants de ce bloc politique envisagent pour faire aboutir ses revendications face à la junte ? Aboul Sacko, un des responsables de cette plateforme a répondu aux questions d’Africaguinee.com.

AFRICAGUINEE.COM : Vous avez observé plusieurs mois de trêve pour permettre aux élèves de finir leurs examens et aux pèlerins musulmans de revenir sereinement de la Mecque. Mais à date où en êtes-vous dans les tractations pour la satisfaction de vos revendications ?

ABDOUL SACKO : Pour le moment ce qui reste clair, la balle se trouve dans le camp des religieux. Nous ne savons pas quelles sont les difficultés qu’ils éprouvent à date, pour ramener certainement le CNRD à la raison. Le plus important, ce qu’aujourd’hui l’évolution des choses montre que, tout ce que les Forces vives de Guinée ont eu en terme de doutes se confirme. Même ceux avec lesquels le Cnrd a fait un prétendu dialogue, ne peuvent pas nous dire quelle est la situation de la gestion de la transition. En d’autres termes, personne ne sait réellement à quelle date on peut organiser les élections.

Le courage serait pour tout observateur ou tout homme qui aspire à la stabilité politique et économique du pays, c’est de dire le Cnrd n’a jamais eu la bonne foi de dialoguer avec qui que ce soit, à plus forte raison ceux qui ont quand-même eu le courage et le bon sens de choisir, la voie de l’honneur.  C’est-à-dire les forces vives.

Donc une fois encore, la balle est dans le camp des religieux. Je pense qu’il serait mieux de ne pas accepter qu’ils soient jugés d’un mauvais œil par leur volonté de faire mieux. S’ils ne peuvent pas, il serait mieux de dire à l’opinion, oui nous avons la volonté de faire comprendre aux guinéens que le dialogue est la meilleure option possible pour gérer nos différends. Mais nos autorités que nous avons en face, ont leur agenda ailleurs.

Échangez-vous avec les prélats ?

Le contact n’est jamais interrompu avec les religieux.

Vous ont-ils rassurés que les choses évoluent ?

Non. Là, on ne peut pas dire que nous avons des indices ou que les religieux même ont des indicateurs que les choses évoluent. La réalité est que, le CNRD n’a jamais bougé. La réalité est qu’il a essayé depuis toujours, d’instrumentaliser la volonté des religieux en sa faveur dans un agenda caché. Il n’y pas d’indice que les choses bougent. Tant mieux s’il y en a. Mais nous continuons toujours à avoir du respect pour nos religieux que nous comprenons par là comme ceux qui sont entre me marteau et l’enclume. Le marteau du CNRD qui les considère comme des instruments à exploiter, mais aussi l’enclume de leur engagement vis-à-vis des fidèles. Nous les comprenons, mais notre souhait est qu’ils soient respectés comme les religieux par exemple dans d’autres pays, se font respecter.

Quel est l’état des lieux en terme de préparatifs pour la tenue de vos prochains sit-in ?

Ce qui reste clair, notre stratégie a été une stratégie de fourmi sur le terrain. Même les plus sceptiques qui sont avec le CNRD comprennent qu’ils ont été roulés dans la farine. Ce qui est important, c’est cet éveil de conscience du peuple. Notre crainte à date, c’est la canalisation des frustrations chez les populations. Nous ne savons pas où est-ce que le biscuit peut se casser ? Sinon aujourd’hui, nous sommes même interpellés par des gens. On nous dit que la période de trêve leur a permis de comprendre que le CNRD n’a d’agenda que pour ses intérêts, sa vision de gestion du prolongement de son pouvoir après la transition. Le peuple souffre. Mais le CNRD même est planté.

Je ne sais pas quelle est la peur qu’il a aujourd’hui à ouvrir la vanne vers une adhésion des guinéens pour une transition réussie. Quelle casserole le Cnrd trainerait qui lui donne la peur aujourd’hui d’aller vers l’organisation des élections transparentes où les guinéens choisiront librement les hommes et les femmes qui parleront en leurs noms ? On se le demande. Nos stratégies sont en cours.

Quand est-ce que votre prochain mot d’ordre sera-t-il lancé ?

Je pense que la préoccupation qu’on a est la suivante: est-ce que la population attendra que nous lancions le mot d’ordre. Parce que nous voulons vraiment le lancer avec des stratégies qui permettent à ne donner aucune possibilité de justification, d’aucune forme de répression, aucune forme de machination qui consistent à empêcher ces manifestations. Aujourd’hui, c’est la finalisation de ces stratégies qui compte à notre niveau. Sinon, le peuple est prêt.

Que pensez-vous de la manifestation organisée à Kankan en faveur de la junte ?

La réalité est que cela montre à suffisance que le CNRD a un agenda. Il veut vaille que vaille imposer son amour au peuple de Guinée. Il pense aujourd’hui que la jeunesse guinéenne, le citoyen guinéen est un esclave de son ventre et de son intérêt. Pour nous, ce qui est le plus important, les populations qui ne sont pas d’accord aussi avec le CNRD, se lèveront çà et là pour dire, stop à cette situation. Nous en avons marre et nous voulons maintenant se faire diriger par des femmes et des hommes que nous avons choisis de façon libre et à travers des élections transparentes, crédibles et acceptées.

Le CNRD est tombé dans son propre piège. Il s’est fait avaler par sa propre machine qu’il a créée. La machine de la manipulation, du mensonge, de la personnification du pouvoir. Ils sont tombés dans leur propre piège, parce qu’ils n’auront aucune raison désormais de dire à d’autres guinéens qui ne sont pas d’accord avec eux, de ne pas manifester. Donc le deux poids deux mesures a été mis à nu.

 

Dansa Camara DC 

Pour Africaguinee.com 

Créé le 22 août 2023 14:20