Ousmane Gaoual Diallo révèle : ‘’Sidya Touré, Cellou Dalein…échangent régulièrement avec le Président’’

CONAKRY- Que compte faire le Gouvernement de transition pour lever l’obstacle financier lié à l’exécution du chronogramme de la Transition ? Les autorités de la transition sont-elles prêtes à faire des fléchissements supplémentaires pour renouer le dialogue ? Se dirige-t-on vers une décrispation de la crise politique ? Peut-être ! Selon Ousmane Gaoual Diallo les principaux leaders politiques -Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et autres-, maintiennent le contact avec le Président de la Transition. Le porte-parole du Gouvernement a répondu aux questions d’Africaguinee.com.


AFRICAGUINEE.COM : La mise en œuvre du chronogramme de la transition rencontre des difficultés relatives à la mobilisation des fonds. Selon vous pourquoi les partenaires techniques et financiers rechignent ?

OUSMANE GAOUAL DIALLO : Je n’en sais rien. Mais les gens font des interprétations biaisées de notre communication. On ne demande pas de l’argent à la CEDEAO comme les gens le prétendent.

Mais vous sollicitez des appuis techniques non ?

Oui mais l’appui technique coûte de l’argent.  Qui doit supporter ? Lorsque la CEDEAO déploie des experts techniques ici qui doit supporter leur déplacement ? Qui doit supporter leurs émoluments, leurs activités ici ? Nous, dans l’accord qu’on a avec la CEDEAO, elle s’est engagée à prendre en charges ces coûts, car c’est évalué. Après il y a des coûts financiers qui reposent sur la Guinée, voyez dans notre budget, ce qui a été fait, plus 400 milliards de francs guinées ont été dégagés cette année pour faire face à ces activités-là dans notre budget, et la communauté internationale aussi s’était engagée à nous appuyer, pourquoi elle ne le fait pas ? Je ne sais pas.

Pendant ce temps, ils nous ont exigé un calendrier plutôt contraignant, donc les engagements devraient suivre pour faire en sorte que les choses avancent dans le délai. Nous nous sommes dans cet esprit-là, nous mettons tout en œuvre pour être dans ce canevas-là. C’est pourquoi nous invitons régulièrement les partenaires techniques financiers, la Cédéao, pour dire : attention, c’est un accord bipartite qu’on a et que c’est important que chaque partie joue sa partition pour faire en sorte que les choses se déroulent dans le bon sens.

Si les choses n’évoluent pas à ce niveau, est-ce qu’il y a une autre option que vous envisagez parce qu’à la fin c’est aussi une question d’autonomie ?

Ce n’est pas une question que d’autonomie. Si c’était cela, on aurait clôturé toute de suite. Nous on était engagé pour dire 3 ans parce qu’il faut mobiliser les ressources financières, il faut faire beaucoup d’autres choses, c’est une contrainte. Et cette contrainte, on ne la mène pas comme ça par la volonté de dire c’est notre obligation. Sinon on aurait dit à la CEDEAO, on n’a rien à faire de vous, c’est une question d’autonomie. Mais le problème, il y a des interdépendances entre les Etats, les problèmes de la Guinée interpellent la CEDEAO, s’il y a un problème qui dérape ici, ça peut avoir des conséquences dans la sous-région. Ces interdépendances-là sont réelles, c’est pourquoi il faut faire en sorte que et la communauté internationale, les acteurs nationaux puissent s’accorder sur un rythme et les moyens à mettre en œuvre pour aller de l’avant. Il n’y a pas de pays qui évolue en vase clos.

Je repose ma question : Quelle approche envisagez-vous si cet obstacle n’est pas levé ?

S’il y a des difficultés ou obstacles on les lèvera en trouvant des solutions en ce moment-là, suivant le contexte et la nature des problèmes. Il n’y a pas de tabous dans ça. Si cela devait arriver pour dire qu’on ne peut pas te tenir, les gens prendraient conscience pour dire qu’on ne peut pas et tout le monde serait là pour témoigner et dire que ce n’est pas un manque de volonté. S’il y a une catastrophe sanitaire, comme le Covid et qui fait que les activités s’arrêtent pendant six (6) mois, sept (7) mois, vous allez faire quoi ? Est-ce que le recensement de la population sera possible en ce moment ? Un obstacle de ce genre qui arrive, on ne fera que constater. Donc, cela dépend du problème qui va être posé, l’obstacle qui est devant nous. Et en ce moment-là, on va prendre nos dispositions en accord avec les partenaires engagés auprès de nous.

A tort ou à raison, beaucoup d’acteurs politiques craignent un glissement de calendrier. Qu’en pensez-vous ?

Ça c’est légitime, la Guinée est un pays de suspicions, c’est normal. Est-ce que depuis 65 ans on a construit un Etat qui rassure et qui convainc les citoyens ? Non, nous sommes en train de faire quelque chose qui n’a pas été fait depuis l’indépendance. Les acteurs politiques des régimes d’antan, ils savent, ils étaient les responsables d’ici, est-ce que dans leur gouvernance antérieure ils ont créé les conditions de confiance nécessaire entre l’Etat et les Citoyens ? Non. C’est pour ça qu’il y a régulièrement des suspicions, des doutes, des remises en cause, des questionnements. C’est légitime. C’est notre pays qui est ainsi fait depuis l’indépendance, mais il faut faire ce travail, rassurer, convaincre.

On a l’impression que les craintes ne se limitent pas seulement au plan national. Il y a également des partenaires qui sont dans la même position ?

Je ne suis pas en train de dire que ça se limite au plan national, c’est qu’on n’a pas pu construire pour les Guinéens, on ne pourrait le faire pour l’étranger. Depuis 65 ans, est-ce que la Guinée s’est distinguée par des gens qui rassurent la communauté nationale et internationale ?  Non, c’est un travail nouveau qui est en train de commencer. Nous sommes un pays où l’Etat n’a jamais créé les conditions pour rassurer ni la communauté nationale ou internationale. C’est ça aussi l’inquiétude, mais c’est notre héritage.

Mais est-ce que vous rassurez tout de même que le délai sera tenu ?

J’ai déjà parlé de ça. On n’en a plus besoin. Ce qu’on a posé sur la table, on ne va pas sortir et crier pour que les gens le voient, ça n’a aucun sens. Ce qu’on peut, c’est dire ce qu’on fait. Si les gens croient, tant mieux, s’ils ne croient pas, l’histoire est train de se dérouler ils verront si c’est qu’on a dit c’est du concret ou pas. Il n’y a rien à dire pour rassurer, on ne peut dire que c’est qu’on fait. On n’a pas les moyens de rassurer plus que ça. Les gens qui ont des doutes peuvent s’inviter autour de la table pour être des acteurs aussi pour voir.

Mais comment lorsqu’on sait que les forces vives exigent toujours des gages ?

C’est leur problème. L’Etat ne peut que tendre la main mais il ne peut pas obliger les gens. Si le pays vous intéresse, vous venez autour de la table de dialogue, vous posez vos problèmes. Quelque soit le problème, même si vous constatez vous-même qu’il n’y a pas de solutions, et c’est autour de la table qu’il faut rester pour trouver la solution. Mais si ce qui vous intéresse c’est de dire : ‘’ non, ces gens-là sont mauvais, allons au clash’’, alors après le clash vous venez, ça n’a pas de sens. Les gens qui n’ont pas envie de venir je les comprends, ceux qui veulent venir autour de la table sont là, ceux qu’ils ne veulent pas, on les écoute.

Est-ce que ce n’est pas l’un des facteurs qui amène les partenaires à être réticents par rapport à leur appui technique et financier au processus ?

Tant mieux. Si c’est pour ça qu’ils ne veulent pas, alors ils ne mettront pas les moyens, parce que les gens n’ont pas envie de venir, et ça ce n’est pas notre problème. Je ne vois pas du tout un seul partenaire privilégier un politique ou un groupe de partis politiques au détriment de notre pays. La Guinée, de ce point de vue-là, n’aurait pas bénéficié ni de l’attention de la Banque mondiale, du FMI qui sont des partenaires très stratégiques qui apportent un soutien, une assistance technique et financière à notre pays. Depuis le 5 septembre, cela n’a pas manqué. Si c’était donc à cause des partis politiques ces partenaires ne seraient pas à notre chevet.

Mais là, il s’agit des moyens spécifiques liés au déroulement du chronogramme de la transition…

Je veux dire qu’ils nous assistent pour des questions qui nous intéressent, qui sont posées sur la table ; il s’agit du développement, de l’assistance technique et financière pour faire en sorte que la Guinée puisse avancer. Et dans cette assistance financière, une partie règle les problèmes de logistique liés à la transition. Il y a des partenaires qui s’activent, mais ce n’est pas aussi facile les décaissements. Quand un responsable de l’union européenne dit que cette institution s’engage à mettre tel montant, il faut un an pour que ça arrive, ce n’est pas automatiquement. Entre l’annonce et le décaissement, il y a toujours un écart.

En ce qui concerne les revendications des forces vives, voulez-vous dire que la page est tournée ?

On ne peut pas tourner la page du dialogue. Les forces vives, si elles cherchent le dialogue, c’est actuel, mais on ne reviendra pas sur le calendrier des élections. On ne reviendra pas sur l’engagement qu’on a pris avec la CEDEAO sur la durée de la transition, ça c’est derrière nous. Maintenant il y a des sujets qui sont en cours sur lesquels on peut dialoguer. La porte est toujours ouverte, c’est quand ils veulent et sur les sujets sur lesquels on peut discuter. Mais ça ne sert à rien de dire ‘’on va aller au dialogue’’, et qu’on refuse de venir. On a entendu des débats que certains ont faits sur les médias. Ce qui est sûr, si les propositions sont pertinentes et objectives sont faites, on en tiendra compte. On est à l’écoute des guinéens. Si une bonne proposition vient d’un compatriote, on la prend et on essaie de la mettre en œuvre. On ne s’enferme pas. Si ce que vous dites est objectif et y va dans l’intérêt de la Guinée, nous en tenons compte.

Est-ce que certains acteurs politiques le font dans les coulisses ?

Bien sûr, beaucoup le font. Les principaux leaders, beaucoup échangent avec le président de la transition.

Sur quels sujets ?

Ils parlent de tout. Ils l’appellent régulièrement, ils échangent. Ils auraient pu dire ça à leurs militants, qu’ils échangent avec le président, le premier ministre mais qu’ils ne sont pas d’accord sur certains sujets mais qu’il y a le contact. Ce que vous faites en coulisse, mais venez le faire autour de la table du dialogue. Tout cela montre que même s’ils ne sont pas d’accord mais ils dialoguent. Quand vous dites à vos militants, ‘’ oui je l’appelle’’, nous échangeons, mais sur tel point on n’est pas d’accord, ça apaise.

Voulez-vous dire que Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et autres parlent avec le colonel Mamadi Doumbouya ?

Tous, autant qu’ils sont. Ils parlent avec certains membres du gouvernement, certains avec le président. C’est comme ça. Qu’est-ce que vous voulez ? On est entre Guinéens.

Mais ça peut paraître quand-même surprenant…

Non, pas du tout. Il n’y a aucune surprise, c’est vous qui en faites un tabou. Il n’y a aucun leader politique qui ne parle pas avec les autorités de Conakry, il n’y en a pas. Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, les principaux leaders de la société civile, ça ne veut pas dire qu’ils sont d’accord, mais ils échangent.

Alors pourquoi autant de difficultés pour rétablir le dialogue ?

C’est par ce que ces leaders ne sont pas transparents. C’est parce qu’ils font croire le contraire aux citoyens alors que ça aurait été plus simple de dire que ‘’ j’ai appelé le président de la République colonel Mamadi Doumbouya, j’ai appelé le premier ministre Dr Bernard Goumou, j’ai dit ceci on n’est pas d’accord sur ça, mais on a échangé’’. Ça arrive partout.  Il y a eu des tensions fortes la Russie et les Etats-Unis, vous entendez le président américain dire que ‘’j’ai appelé mon homologue Russe, on a échangé et je maintiens ma position’’. On sait qu’il n’y a pas un mur entre les deux mais il y a une communication, c’est cet exercice que nos acteurs politiques devraient adopter et être clairs avec leurs militants. Cela permet aux militants de comprendre que bien qu’il y a des divergences entre les gens, mais ils se parlent.

A leur niveau il n’y a pas de crise. Il n’y a personne d’entre eux qui peut dire le contraire. Ils parlent avec les membres du gouvernement, les autorités actuelles. Il y a pleins de jeunes acteurs politiques avec lesquels nous parlons. Bien sûr sur certains sujets nous ne sommes pas d’accord. Mais lorsqu’on conçoit la politique avec l’idée si on n’est pas d’accord avec quelqu’un il devient votre ennemi, ça c’est une conception ancienne et barbare qui ne marche pas en réalité.

Il faut que les acteurs réussissent à créer un mécanisme pour rassurer les concitoyens qu’il y a toujours une fenêtre d’échange et de dialogue entre les acteurs politiques et ce n’est pas un tabou. Quand le Rpg gouvernait le pays, même au pire des crises il y avait du dialogue au plus haut niveau. Cellou Dalein me l’a dit, il échangeait avec Alpha mais ils n’étaient pas d’accord. Nous qui étions les moyens informés, on pensait que c’est du tabou mais en réalité c’en est pas le cas. Même au temps du général Lansana Conté ça se passait comme ça.

Mais lorsque le leader échange avec le président ou le premier ministre, le mieux, c’est que lors de l’assemblée générale, c’est de venir le dire aux militants. Cela permet de faire comprendre à ceux-ci que ce ne sont pas des ennemis. Nous avons des divergences, mais nous échangeons, c’est une très belle manière de contribuer à l’éducation de nos concitoyens.

A suivre…

Interview réalisée par Aboubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 4 août 2023 11:49

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