Baccalauréat : Le parcours atypique de Justin Guilavogui, 1er de la République…

MACENTA-A 21 ans, Justin Guilavogui vient de décrocher son baccalauréat, option Sciences Expérimentales avec brio. Ce jeune qui a entamé ses études au village, a été classé premier de la République. Sa moyenne caracole à 16,92. Elève du groupe scolaire Saint Thérèse de Macenta, Justin Guilavogui a commencé ses études dans son village à Zipovaizia où il décroche l’examen d’entrée en 7ème année. Il poursuit ses études au collège à Balizia, sous-préfecture dont relève son village. Après 4 ans d’études, Justin décroche son BEPC et rejoint la ville de Macenta pour poursuivre les études au Lycée. Logée seul dans cette grande ville sans les parents qui résident au village, le jeune élève s’est fixé pour objectif : Être parmi les 5 premiers de la république. Retour sur le parcours atypique d’un génie sauvé de justesse des affres de l’aventure de l’immigration irrégulière.


« Quand j’ai vu que j’ai été premier de la république, j’étais très content. Je savais que j’allais être parmi les 5 premiers de la République, mais je n’étais pas sûr d’être premier. Bien avant, mes amis me disaient que j’allais être premier, mais je leur disais non, je n’ai pas bien travaillé en mathématiques et sur le plan national on pourrait trouver des gens qui ont mieux travaillé que moi. Mais malgré cela, je n’ai pas perdu espoir », s’est-il réjouit dans un entretien accordé à Africaguinee.com.

C’est un objectif fixé depuis le collège, nous glisse-t-il. « Lorsque je faisais d’abord la 8ème année, mes professeurs m’ont encouragé de me présenter comme candidat libre au brevet. Je n’ai pas accepté et mon papa non plus. Une fois en 10ème année, je comptais être devant mais j’ai été le 3ème de mon centre et 13ème de la préfecture. J’étais très énervé. J’avais dit à mon papa que je vais reprendre le brevet. Mais il m’a dit non, ce n’était pas le moment. Si je dois accomplir quelque chose d’impressionnant, c’est pendant le bac. Donc à partir de la 10ème déjà j’avais cela en tête. Quand je suis venu en 11ème année à Macenta, j’étais seul. C’est moi-même qui préparait le manger pour moi. A la fin de la 12ème année, j’ai eu une personne qui faisait le repas pour moi. J’étais seul avec mes amis », explique-t-il.

C’est en terminal que Justin Guilavogui a été rejoint à Macenta par grande sœur qui venait de terminer sa formation en santé. Chose qui lui a permis de se concentrer d’avantage sur son objectif. La distraction n’est pas son dada.  Ses amis lui reprochaient d’ailleurs ce caractère d’être toujours au « sérieux ».

« Mes amis me disaient que je n’aime pas me distraire. Je leur disais que ce n’est pas ça qui m’a envoyé ici. On pouvait rester à travailler, quand ils sont fatigués, ils partaient se distraire. Mais moi je continuais à bosser et quand je suis fatigué je me repose. De la 12ème passage en terminale, j’ai dit à mon papa que je devais faire les cours de vacances, il m’a soutenu. Je suis allé à Nzérékoré pour les cours de vacances où j’ai eu la chance de travailler avec quelques amis que j’ai rencontrés et aussi certains professeurs qui nous ont encadré notamment en Biologie, Maths, Physique et Chimie. Bien qu’on n’avait pas terminé le programme, au retour à Macenta, j’ai acheté des documents.

A l’école, nous avions commencé dès la rentrée les révisions mais la direction n’avait pas donné son accord. Donc, on était obligé de travailler ensemble avec mes amis. On avait un professeur de Biologie à qui nous avions exposé notre problème de révision. Ce dernier a parlé à ses amis qui ont accepté de travailler avec nous. Ils ont fixé leur prix qu’on payait à chaque fin de mois. Donc on a travaillé comme ça avec les professeurs, je travaillais aussi avec les amis, on pouvait quitter à l’école à 20h. A la maison je travaillais maintenant seul jusqu’à 01h -2h parfois. Ma grande sœur s’énervait  contre moi en disant que je ne me repose pas. Je lui disais non, j’aurai tout le temps de me reposer après les résultats. Donc, j’ai fait des nuits blanches, quand je me sens fatiguer je me repose, parfois si je n’ai pas de fatigue je pouvais rester à travailler jusqu’à 6h et puis je continue à l’école’’, soutient Justin Guilavogui.

Issu d’une famille de 9 enfants dont il est le 6ème, Justin Guilavogui a commencé les études en 2007 en compagnie de ses frères. 3 ans après, son papa le rétrograde pour reprendre la 1ère année. Selon son témoignage, depuis il a toujours été premier de sa classe. Les réseaux sociaux ne le préoccupent pas. Il s’est privé d’ailleurs d’avoir un téléphone androïde pour ne pas être distrait dans ses études.

« J’ai commencé les études en 2007, je partais à l’école avec mes grandes sœurs et mes frères. A l’époque, j’étais toujours parmi les 10 premiers, je n’étais pas premier. Mais au passage pour la 4ème année, c’était en 2010, mon papa m’a rétrogradé, il dit je dois reprendre. Ça m’a fait mal, j’ai accepté, j’ai travaillé. Quand j’ai repris le cycle à zéro, j’ai toujours été premier jusqu’à ce qu’on soit venu à l’examen blanc de la 6ème année. J’ai été classé premier de ma sous-préfecture. A l’examen réelle, j’ai été 3ème.  Nous sommes venus au collège, j’ai toujours été premier jusqu’en 10ème année où j’ai été 3ème de mon centre. Je suis venu à Macenta pour le lycée, j’ai toujours été premier de ma classe et 2ème, 3ème de l’établissement Saint Thérèse.

Quand je faisais la 11ème année, j’étais avec des amis pendant les vacances, nous sommes allés vers Siguiri dans l’objectif de nous rendre en aventure. Arrivés à Siguiri, un parent m’a bloqué. Il m’a dit de retourner. Donc, j’ai décidé de travailler finalement là-bas pendant les vacances. Donc j’ai travaillé avec un grand frère, le peu d’argent que j’avais eu, au retour, j’ai acheté des documents pour la 12ème avec lesquels je révisais. Je n’ai pas de téléphone androïde, j’avais un compte facebook dans le téléphone de mon ami qu’il avait créé en mon nom, je me suis connecté une à deux fois, après je me suis déconnecté. Avoir un téléphone androïde n’a pas été mon objectif, puisque je me suis dit que le téléphone androïde n’allait pas me conduire à bon port. Je me suis dit que ça pouvait me désorienter de mon objectif. Si non l’argent que j’avais gagné à Siguiri, ils m’ont dit d’acheter un téléphone pour faciliter mes recherches, j’ai dit non. J’ai préféré plutôt acheter des documents avec lesquels j’ai travaillé », confie le bachelier.

Le nouvel étudiant rêve faire la médecine depuis bas âge à l’image de son oncle paternel qui l’a toujours encouragé dans les études à travers des petits cadeaux. Il manque de mots pour remercier ses parents qui, selon lui ont tout donné pour le soutenir pendant son cursus scolaire.

« Depuis que je faisais l’école primaire, il y a le grand frère de mon papa qui était médecin. A chaque fois, il venait me faire des cadeaux quand on faisait le classement. Donc, je disais que je veux devenir comme lui. C’est arrivé au lycée que je me suis décidé de faire la médecine. Je me suis dit que je devais avoir une moyenne minimum de 14. Je travaillais pour ça. Maintenant là, mon vœu c’est d’être gynécologue. Je ne sais pas comment remercier mes parents, je ne fais que demander aux gens de m’aider à les remercier. D’abord ils m’ont donné toute l’opportunité d’étudier, ils m’ont scolarisé également, ils m’ont soutenu. Quand j’ai besoin de quelque chose, ils fournissent tous les efforts pour me les donner. Ils ont tout fait pour moi », témoigne Justin Guilavogui.

 

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant régional d’Africaguinee.com

A Nzérékoré.

Tél : (00224) 628 80 17 43

Créé le 17 juillet 2023 10:18

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