Guinée : Passes d’armes entre le diplomate Troy Fitrell et Dr Morissanda Kouyaté

CONAKRY-Le chef de la diplomatie guinéenne ne tolère visiblement qu’on donne des leçons aux autorités guinéennes sur la conduite de la transition.

A l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance des Etats-Unis (4 juillet), Dr Morissanda Kouyaté l’a une nouvelle fois démontré.

Dans son discours de circonstance, l’Ambassadeur Troy Damian Fitrell a ouvert une petite parenthèse sur la transition en cours en Guinée que son pays soutient à hauteur de 15 millions de dollars.

« Dès le premier jour de mon mandat, j’ai promis que les États-Unis soutiendraient les guinéens dans le processus du retour à la démocratie. Je réitère cette promesse. L’ambassade des États-Unis travaille de concert avec le Gouvernement et le peuple guinéen sur le retour à l’ordre constitutionnel. A ce titre, nous investissons plus de 15 millions de dollars dans le programme visant à soutenir le calendrier de la transition », a lancé le diplomate américain qui a pointé aussi certaines valeurs de la démocratie qui selon lui requiert une large inclusivité.

« La démocratie est un processus laborieux, cela est encore plus évident aujourd’hui que jamais. Elle est rendue plus facile lorsque tout le monde y prend part. C’est cela la démocratie. Ce n’est pas facile pour les États qui travaillent encore pour le parfaire…Alors que nous célébrons l’indépendance Américaine, célébrons aussi le brillant avenir qui nous attend ici (en Guinée), un avenir démocratique et pacifique créé par tous les Guinéens pour tous les Guinéens », a indiqué Troy Damian Fitrell.

Une pique qui a fait tilt dans les oreilles du ministre guinéen des affaires étrangères, alors que le processus de dialogue engagé par les autorités de la transition souffre d’un manque d’inclusivité, selon de nombreux observateurs.

« Ici, comme chez vous aux États-Unis, nous connaissons la valeur de la liberté et d’indépendance », a rétorqué Dr Morissanda Kouyaté qui a rappelé que les USA ont toujours été présents aux côtés de la Guinée depuis son indépendance en 1958. Toutefois selon lui, la transition en cours en Guinée ne débouchera pas sur une démocratie prêt-à-porter parce qu’elle (démocratie) n’existe nulle part au monde.

« Nous célébrons 247 années de constructions patientes souvent tumultueuses, mais inexorablement progressive de la démocratie américaine, qui malgré sa maturité et sa force frémit souvent et vacille aussi souvent. Nous sommes convaincus que vous comprenez que la transition en cours en Guinée ne débouchera pas sur une démocratie prêt-à-porter. Parce que simplement la démocratie prêt-à-porter n’existe nulle part dans le monde. La démocratie ou plutôt les démocraties se construisent brique par brique par la volonté des peuples et celle de leurs dirigeants vertueux », a martelé le chef de la diplomatie guinéenne, indiquant que l’actuel dirigeant Guinéen est passionné à « faire participer tous les guinéens à la Refondation de l’Etat, à travers un dialogue inclusif et permanent ».

Ce n’est pas la première fois qu’il y ait des « passes d’armes » entre la représentation diplomatique américaine en Guinée et les autorités de la transition. En avril dernier lorsque l’ambassade des États-Unis a lancé un compte à rebours sur les 24 mois fixés pour le retour des civils au Pouvoir, le gouvernement guinéen avait énergiquement réagi.

« C’est avec surprise que nous avons découvert sur le site de l’ambassade des Etats-Unis en Guinée, un compte à rebours vers la fin de la transition en Guinée. Je voudrais dire clairement qu’autant les Etats-Unis d’Amérique sont le maître des horloges pour les activités décidées par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, autant la République de Guinée est le maître des horloges pour les activités décidées par le gouvernement guinéen », avait sèchement répliqué Dr Morissanda Kouyaté.

Le chef de la diplomatie guinéenne avait fait une comparaison hilarante de ce compte à rebours qui avait par la suite été retiré sur le site de l’ambassade.  « Ce compte à rebours donne l’image d’un surveillant de classe veillant sur des élèves en examen. Ce qui est évidemment inacceptable pour un pays jaloux de sa souveraineté et de son indépendance comme la République de Guinée», avait-il martelé.

Focus Africaguinee.com

Créé le 8 juillet 2023 17:36