L’avocat de Marcel parle : « Il n’y a jamais eu deal entre mon client et Dadis… »

CONAKRY- Le procès des auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009 va certainement connaître un nouveau rebondissement spectaculaire. Le capitaine Marcel Guilavogui, un des suspects clefs dans ce procès a décidé de revenir sur certains de ses déclarations. L’ex garde du corps du capitaine Moussa Dadis Camara promet de dire tout ce qu’il sait des atrocités commises au grand stade de Conakry.


Pourquoi ce revirement spectaculaire ? Qu’est-ce qui pourrait se passer ? Va-t-il enfoncer Dadis Camara ? Alors que certains parlent déjà de « panique » dans le camp de l’ex chef de l’Etat, maitre David Béavogui, l’avocat de Marcel explique les raisons qui ont poussé son client à revenir à la barre. Dans cette interview accordée à Africaguinee.com, M. Béavogui jure qu’il n’y a jamais eu « deal » entre son client et Dadis Camara.

AFRICAGUINEE.COM : Une plainte pour ‘’tentative de chantage’’ a été déposée contre votre client Marcel Guilavogui. Comment a-t-il réagi à cette nouvelle ?

MAÎTRE DAVID BÉAVOGUI : Capitaine Marcel Guilavogui dit qu’il ne se reproche de rien ! Mieux, il précise qu’il n’a jamais tenté de faire chanter le capitaine Moussa Dadis Camara. Sa préoccupation, c’est vraiment les évènements du 28 septembre où des dizaines de Guinéens sont morts, des portés disparus. Pour le moment, il n’a vraiment pas envie de parler d’une infraction tenant à une tentative de chantage.

Moussa Dadis Camara, image d'archive
Dadis Camara

Pourquoi il a refusé de rencontrer les officiers de police judiciaire partis l’entendre à propos de la plainte articulée contre lui ?

Si quelqu’un vous dit qu’il est devant une juridiction criminelle où des faits graves lui sont reprochés, où on attend de lui, une seconde comparution parce qu’il a déjà fait des révélations selon lesquelles il doit comparaitre pour d’autres déclarations certainement contraires à sa première déposition, et qu’on vienne lui dire qu’il a tenté de chanter le Président par rapport à une prétendue menace, il dit qu’il ne se prête pas à ce jeu. Pour lui, si le capitaine Dadis peut lui reprocher quoi que ce soit, alors qu’il soit à l’audience le 10 juillet.

On apprend qu’il aurait décidé de revenir à la barre pour donner une autre version des faits contraire à celle de sa première déposition. Qu’en est-il ?

Le contenu de ses déclarations éventuelles au futur n’est pas du connu du public, ni de son conseil. Il faut attendre qu’il les prononce pour que chacun puisse tirer toute appréciation. Mais ce qu’il faut déplorer, entre deux personnes qui sont poursuivies, c’est de s’arrêter à mi-chemin pour se donner des coups de poings.

Marcel Guilavogui
Marcel Guilavogui

Mais face à cette plainte, comment comptez-vous organiser sa défense ?

Marcel dit que ça c’est un non évènement, alors pourquoi s’organiser pour le défendre ? Cette affaire, ce n’est vraiment pas son problème. Le capitaine Dadis peut conduire sa procédure où il voudra, ce que recherche Marcel c’est comment se défendre et sortir de cette affaire du 28 septembre 2009.

Quelle est la volonté de capitaine Marcel en voulant revenir s’exprimer à la barre ?

Il a toujours voulu revenir à la barre parce que certainement il aurait raté une occasion. Mais on ne peut apprécier le futur, il faut qu’on attende pour éviter de faire des préjugés à ce qu’il va dire.

Si le camp de capitaine de Dadis décide d’aller au bout de la procédure enclenchée contre votre client, que risque-t-il ?

En pareille situation si un prévenu dit qu’il ne comparait pas et ne répond pas aux accusations portées contre lui, ça ne va pas interrompre le bon fonctionnement de la justice. La procédure va suivre son cours normal, certainement s’il ne comparait pas pour se défendre, ce sera une condamnation par défaut. Et nous avocats, nous ne pouvons que donner les conseils au client par rapport aux avantages et inconvénients d’une démarche. Mais si le client maintient sa position, vous ne pouvez que l’assister ou vous désolidariser.

Selon nos informations, les deux capitaines (Moussa Dadis et Marcel Guilavogui) auraient fait un deal, qui consisterait à ce que Marcel donne une version couvrant Dadis lors du procès en contrepartie d’une maison que ce dernier devrait lui offrir. Qu’en est-il ?

Il n’y a jamais eu deal entre le capitaine Dadis et Marcel. D’abord, capitaine Dadis n’a jamais rencontré Marcel. Depuis son retour d’exil, entre eux il n’y a pas de fréquentation, c’est juste de la salutation. Tout le monde fuyait Marcel, c’est à ces derniers temps qu’il a commencé à regarder les gens dans les yeux sinon Marcel était le criminel né dans ce procès, c’était comme une peste et même pour ‘’l’opinion’’. Alors dire qu’il y a eu entente entre eux, non, il n’y en a jamais eu.

Je pense d’ailleurs ce qui a abouti à la révolte de Marcel, c’est parce qu’il estime être abandonné, isolé, et pourtant tout ça il s’est battu pour le président (Dadis). C’est un peu là le fondement de sa révolte. On peut présager que ce qu’il va dire c’est en défaveur du capitaine, c’est certainement ce que Dadis a compris et il a pris le devant avec ses avocats. Mais dire que Marcel avait eu une promesse que le capitaine n’a pas honoré, ce n’est pas du tout vrai.

D’abord les dix ans que Dadis a passés hors du pays en attendant l’ouverture du procès, il ne s’est jamais rencontré avec Marcel et à son retour, à la maison centrale, Marcel, tout le monde le fuit parce que certains pensent qu’en le fréquentant, ils seraient considérés comme son complice. Mais avec toutes les batailles judiciaires qu’il y a eu ces derniers temps, Marcel pouvait lever la tête et regarder les gens.

Vous dites que le capitaine Marcel est isolé, abandonné, mais par qui ?

Marcel est frustré, disons-nous la vérité. Vous imaginez ! dix ans de détention préventive, il perd son enfant, bref il a tout perdu. Il s’est sacrifié pour tout le monde et à un moment donné on l’accable de tout. Donc, quelque part vous trouvez une raison de dire qu’il va sortir pour dire tout ce qu’il sait dans cette affaire que cela soit en faveur ou en défaveur d’une des parties au procès. Je pense que ça sera pour lui une sorte de liberté.

Le chef du CNDD, Moussa Dadis Camara, entouré de sa garde rapprochée, image d'archive
Le chef du CNDD, Moussa Dadis Camara, entouré de sa garde rapprochée, image d’archive

Plus d’un mois que le procès de 28 septembre 2009 est à l’arrêt après son ouverture en septembre 2022, comment votre client vit cette situation. Est-ce que son moral n’est pas affecté par tout cela ?

Marcel a le moral au beau fixe. Je l’ai rencontré ce vendredi 30 juin 2023, j’ai trouvé un homme confiant. Je lisais dans ses yeux l’espoir de se tirer d’affaires.

Est-ce que selon vous, votre client est innocent dans ce dossier du 28 septembre ?

L’appréciation revient au magistrat. Ce qu’il faut craindre dans cette affaire c’est la condamnation d’un innocent. Nous nous n’étions pas là-bas (stade du 28 septembre et alentours en 2009), vous non plus, et aujourd’hui on est en train de juger sur la base des pièces qu’on a trouvées dans le dossier, des déclarations que les gens tiennent à la barre, n’est-ce pas là un travail très complexe ? C’est difficile, car chacun tire le drap de son côté, c’est très complexe mais on ne peut pas présager déjà la décision du juge ou la culpabilité des uns et des autres. Il faut attendre la fin des débats pour se prononcer, pour le moment je ne peux pas dire mordicus que mon client est innocent ou non.

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 3 juillet 2023 10:26

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