Saikou Yaya Barry : ‘’Nous allons continuer le combat…’’
CONKARY- Saikou Yaya Barry, secrétaire Exécutif du parti Union des Forces Républicaines (UFR) est le seul acteur politique qui était cité parmi les trois mis en cause des faits de ‘’ participation délictueuse à un regroupement, complicité de destructions d’édifices publics et privés, complicité de coups et blessures’’. Tout comme Oumar Sylla alias Foniké Mengué et Ibrahima Diallo, il a été acquitté par le tribunal de première instance de Dixinn ce mardi 13 juin 2023. En dehors du pays pour des raisons de santé depuis plusieurs mois, l’ex député de la 8ème législature s’est confié Africaguinee.com. C’est un homme déterminé à poursuivre le combat qui a répondu à nos questions. Entretien Exclusif.
AFRICAGUINEE.COM : Comment réagissez-vous face à la décision rendue ce mardi 13 juin 2023 vous acquittant des charges de « participation délictueuse à un attroupement et complicité de destruction d’édifices et coups et blessures volontaires » ?
SSAIKOU YAYA BARRY : Il faut dire que ce n’est pas encore fini parce que le parquet a interjeté appel. Mais déjà, il faut saluer le courage du magistrat qui a rendu cette décision. On n’a rien fait. Moi j’ai été arrêté pour mon opinion. Je dis ce que je pense, quand ça ne va pas dans mon pays. Il faudrait bien que des voix s’élèvent pour dire que ça ne marche pas comme ça. C’est dans cet objectif de me faire taire qu’ils m’ont arrêté. Je ne suis ni coordinateur du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) ni membre du FNDC mais je suis dans l’esprit du FNDC.
Mais est-ce que le fait que l’UFR soit la branche politique du FNDC ne vous fait pas complice ?
Non ! Attention ! Il faut faire la part des choses. Le FNDC branche politique est différent du FNDC qui coordonne et appelle aux manifestations. C’est différent.
Alors, dans ce cas de manifestation du 28 juillet 2022, c’est FNDC société civile qui avait appelé à manifester et j’ai demandé à tout citoyen qui n’est pas d’accord de participer à cette manifestation, y compris moi-même parce que je ne suis pas d’accord avec la démarche suivie par les autorités de la transition. Donc, je suis dans l’esprit du FNDC.
Comment s’était passé votre arrestation ?
J’ai arrêté manu militari et mis en prison. Il y a des dommages qui m’ont été causés. C’est 15 pickups qui sont allés me chercher chez moi comme si j’étais un malfrat. Ils sont allés me prendre au niveau de ma ceinture, sans chaussures, me faire monter dans un pickup et m’embarquer devant mes petits enfants qui sont traumatisés jusque maintenant. Avoir 15 pickups dans un quartier, barricader tout et se regrouper autour de ma maison, c’était vraiment traumatisant. Je suis un citoyen, on pouvait me convoquer pour avoir des éclaircissements. Ils (les services de sécurité) connaissent chez moi, c’était la bonne méthode, mais la dictature va avec ça.
Est-ce que malgré tout vous avez une certaine satisfaction après ce non-lieu ?
Aujourd’hui je me dis qu’il y a des juges qui restent indépendant. Je commençais à perdre espoir de ce qu’on appelle justice en Guinée. Mais je pense qu’il y a des juges encore qui tiennent à leur serment, qui agissent conséquemment à la loi. C’est le plus important.
Donc, ce qui est fait est déjà appréciable, ça prouve à suffisance que nous sommes innocents sur cette question et qu’aujourd’hui même s’ils ont interjeté appel, nos avocats travailleront sur cette question. Nous pensons vraiment être innocents dans cette affaire. Ceux qui doivent aller en prison, c’est ceux-là qui ont tué les enfants. Malheureusement il n’y a pas d’enquêtes sur ces questions-là, c’est regrettable.
Nous sentons un parquet aux ordres plus que l’armée même. Ils (magistrats du parquet) obéissent sans réfléchir sur des questions alors qu’ils ne sont pas obligés d’agir de la sorte. Ils ne sont pas obligés de mettre des pères de famille en prison pour des humeurs des chefs, ça c’est regrettable.
Nous allons continuer le combat. Nous demandons à la justice d’être au service de la population et de faire en sorte que le droit soit dit. On ne peut pas accéder à une démocratie sans une bonne justice. On ne peut pas parler du respect des droits de l’homme sans une bonne justice. C’est un pilier fondamental pour le vivre ensemble. Si la justice ne joue pas son rôle, il va sans dire que nous serons comme dans une jungle et ça sera dangereux pour tout le monde y compris ceux-là qui sont juges aujourd’hui.
Est-ce qu’avec ce verdict, si votre santé vous permet, on peut s’attendre au retour de Saykou Yaya Barry dans un temps proche ?
Bon, là je suis en train de me traiter, il reste une autre intervention qui doit être faite. Je me prépare pour aller la faire.
Ces derniers mois vous avez traversé des moments compliqués. Des soucis de santé et politiques. Comment avez-vous vécu tout cela ?
Je continue à me traiter, c’est beaucoup de moyens. Heureusement que j’ai un leader qui se soucie des hommes avec lesquels il travaille, je vous informe que nous sommes à 73 milles euros (près 700 millions de francs guinéens) dépensés sur ma personne et ce n’est pas fini. Le président Sidya Touré a eu la bonne volonté de me soutenir, il n’était pas ou n’est pas obligé. Il a été de bonne foi pour aider un de ses collaborateurs, à ce titre-là, nous devons le remercier et grâce à Dieu tout se passe bien jusque-là.
Votre leader Sidya Touré, puisque vous êtes en contact, est-ce qu’on peut savoir à quand son retour ?
Le président de l’UFR va bien, il est en Côte d’Ivoire. Nous essayons de voir clair comment les choses vont évoluer. Je précise que c’est les structures du parti qi ont décidé qu’il quitte le pays pour le moment, quand les mêmes structures décideront, il rentrera.
Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 664 72 76 28
Créé le 14 juin 2023 09:54Nous vous proposons aussi
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