CRIEF/Affaire 15 milliards Gnf : Kim, le magnat taïwanais de l’immobilier fait le « grand déballage »…
CONAKRY- Poursuivi avec Amadou Damaro Camara, Michel Kamano et Zeinab Camara pour des faits présumés de « détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment des capitaux », l’investisseur Taïwanais Cheng Jiin-Suey alias Kim a comparu ce jeudi 8 juin 2023 devant la chambre de jugement de la CRIEF (Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières).
Le magnat de l’immobilier Taïwanais, accusé dans l’affaire du détournement présumé des 15 milliards GNF, destinés à l’aménagement du site où doit être construit le nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma a donné sa part de vérité.
A la barre, Cheng Jiin-Suey alias Kim a admis avoir reçu 1 milliard 800 millions Gnf dans les mains du feu Lounceny Camara pour sa prestation. L’investisseur Taiwanais dit avoir été « harcelé » par Lounceny Camara pour obtenir des rétrocommissions dans le marché…gré à gré.
« Pour faire les travaux d’aménagement du site du nouveau siège de l’assemblée nationale (au centre directionnel de Koloma, ndlr), on nous a demandé de faire un devis et de le déposer. Ce que nous avons fait mais nous avions attendu pendant longtemps sans réponse. C’est seulement lorsque la délégation chinoise des bailleurs de fonds alloués à la construction de l’Assemblée nationale a annoncé son voyage en Guinée pour s’assurer de la disponibilité et de l’aménagement correct du site que les députés (de la 9ème législature ndlr) sont venus me demander si nous pouvions réaliser rapidement les travaux et à crédit. Nous leur avons répondu favorablement et nous avons effectué les travaux. Pour être payés, nous avons attendu pendant longtemps. Ensuite, on m’a appelé un jour pour me dire qu’une personne viendrait nous payer par chèque et c’était Lounceny Camara qui est venu me remettre le chèque » a expliqué Kim, propriétaire des imposantes tours jumelles de Kakimbo, une prouesse infrastructurelle réalisée sous le régime d’Alpha Condé.
Poursuivant son explication, il précise qu’il s’agissait d’un chèque de 900 millions de francs guinéens. « Nous étions seuls lorsqu’il me l’a remis en dehors des heures de travail. Quand il m’a remis le chèque, il m’a aussi demandé ce qu’il pouvait obtenir en retour de cette transaction c’est-à-dire sa commission. Je lui ai clairement dit que non, il n’y avait pas de commission dans cette affaire. J’étais mal à l’aise et puisqu’il insistait, alors je suis sorti pour appeler Michel Kamano (le premier questeur de la 9ème législature ndlr), mais il n’a pas répondu. Ensuite, j’ai appelé Damaro Camara (le président de l’assemblée nationale ndlr) pour lui expliquer la situation. Je lui ai dit : « le monsieur que tu m’as envoyé me demande ce qu’il peut obtenir ». Sa réponse a été claire : « non, il n’y a pas de commission dans ce marché. Tu dois lui dire cela ». Je suis retourné vers Lounceny Camara et je lui ai expliqué ce que Damaro Camara m’a dit. C’est en ce moment qu’il est parti.
Pour la dernière fois, Lounceny Camara est revenu pour me remettre un deuxième chèque de 900 millions Gnf et m’a demandé la même chose que pour la première fois. Mais je lui ai répété qu’il n’y avait pas de commission dans cette affaire. Mais cette fois-ci, il a commencé à parler de ses problèmes personnels. Il m’a dit qu’il devait se rendre chez lui à Macenta et m’a demandé si je pouvais l’aider à avoir de l’argent. Comme d’habitude, j’ai téléphoné à Monsieur Damaro Camara pour lui dire que Monsieur Lounceny Camara insistait toujours. Il a réitéré qu’il n’y avait pas de commission en disant « S’il te parle de problèmes personnels, c’est entre vous, mais pour ce marché, tu n’es pas obligé de lui donner quelque chose ». Et Amadou Damaro a ajouté que « si vous avez quelque chose de personnel entre vous, cela ne me concerne pas. Ce n’est pas mon affaire ». Mais Lounceny Camara insistait toujours pour recevoir quelque chose. Il me demandait au moins 30 millions pour pouvoir voyager. Au début, je n’avais pas l’intention de le faire mais lorsqu’il a insisté, je lui ai donné 20 millions, en lui précisant que je n’avais pas l’obligation de lui donner quoi que ce soit. Et je lui ai dit que si je faisais quelque chose, cela n’engageait que moi. C’était une aide personnelle. Je lui ai donné les 20 millions parce que j’ai eu pitié de lui », a ajouté Cheng Jiin-Suey alias Kim à la barre.
Nous y reviendrons !
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : 00224 666 134 023
Créé le 9 juin 2023 05:00Nous vous proposons aussi
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étiquettes: CRIEF, Crimes économiques