L’UFDG, l’UFR, le RPG absents au débat sur la Constitution : Quelles conséquences pour ces trois poids lourds du paysage politique ?

CONAKRY- En Guinée, une autre étape importante a été franchie dans le cadre du retour des civils au pouvoir. Il s’agit de l’organisation du débat d’orientation Constitutionnelle qui s’est tenu du 15 mai au 02 juin 2023, au Conseil national de la transition (CNT).


Ce débat a toutefois connu l’absence des poids lourds du paysage politique guinéen. L’UFDG de Cellou Dalein Diallo, le RPG arc-en-ciel d’Alpha Condé et l’UFR de Sidya Touré ont boycotté cette autre activité majeure de la transition. Or, lors des débats, certaines recommandations formulées par des entités pourraient ne pas être favorables aux leaders de ces partis si toutefois elles étaient retenues. Alors,  faut-il craindre des conséquences politiques pour ces formations? C’est la question que bon nombre d’observateurs se posent.

Interrogé sur la question, le président de l’URDG  (Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée) a tout d’abord regretté l’absence de ces mastodontes de la classe politique guinéenne à ce débat sur la Constitution, censé aboutir à la rédaction de la future loi fondamentale sur laquelle la Guinée marchera pendant les prochaines années.

« C’est regrettable que ces formations politiques qui ont une certaine historicité dans le paysage politique national se soient abstenus à participer au débat d’orientation Constitutionnelle. Mais c’est leur position. Tout ce que je peux dire, ce que plusieurs de leurs cadres n’ont guère apprécié cette attitude. Je pense qu’au-delà des contingences de la vie politique, la participation au débat d’orientation constitutionnelle, c’est un pari pour l’avenir, pour dessiner les contours de la future société de la Guinée. S’abstenir de donner son point de vue en tirant les leçons des expériences ça traduit un manque flagrant de générosité », analyse Bah Oury.

Bien que des recommandations tendant à reconfigurer le paysage politique guinéen ont été faites lors de ces débats, le leader de l’UDRG pense que la Constitution trace les grandes lignes de ce que la Guinée doit être dans les prochaines années. Et, la Constitution qui sera proposée au référendum concerne l’action future après la transition politique. Ça ne concerne pas la période de la transition actuelle.

« Ce ne n’est pas par une décision administrative qu’on pourra dire qu’il y a un, deux ou trois partis politiques en République de Guinée. Il y aura des mesures pratiques tendant à favoriser le regroupement des partis politiques en bloc. De ce point de vue, le multipartisme intégral tel que nous l’avons jusqu’à présent sera beaucoup plus modéré parce que le processus politique et celui électoral, le mode d’organisation au niveau de l’Assemblée nationale doit favoriser le regroupement selon des blocs politiques à travers des groupes parlementaires. Il y aura même des incitations budgétaires pour aller dans le sens de favoriser l’émergence de blocs politiques forts, et, dans le futur, ces blocs vont affiner leur identité politique, leur personnalité très sage, structurera le paysage politique de la Guinée pour les prochaines décennies », ajoute Bah Oury.

En tant qu’institution politique, le président de l’UDRG ne pense pas que ces formations politiques, sur le plan juridique aient quelque chose à craindre pour leur existence.

« Par contre, sur le poids électoral, la perception de l’opinion vis-à-vis de certains partis politique déterminera leur poids dans les prochaines élections. Je pense que ce qui se fait actuellement ne sera pas sans conséquences majeures », a prédit Bah Oury.

Pour Ibrahima Sanoh, activiste et enseignant chercheur, l’absence de ces poids lourds de la classe politique à ce débat peut avoir des conséquences sur d’abord la légitimation de la future Constitution qui va être faite par la suite.

« Je suppose si le rédacteur ou le constituant s’inspire de ce que les participants ont pu dire lors de ce débat, ils feront un travail de synthèse, c’est comme s’ils font des résolutions et quand on en tient compte comme ça, le grand problème c’est la légitimation de ce qui va sortir. Ces partis absents sont à mes yeux les plus importants quand on prend les poids électoraux des élections passées. Si eux n’ont envoyé aucun délégué, ils ont refusé de s’exprimer sur ces questions, c’est sûr que ce qui va être dit ne serait pas émancipé de légitimité », avertit l’enseignant chercheur.

De l’autre côté, ajoute Ibrahima Sanoh, pour les partis qui n’ont pas pris part au débat, ça peut avoir un effet néfaste au cas où des résolutions qui ne soient pas à leut goût sont adoptées.

« D’un côté le travail pourrait ne pas être légitime vu le poids des entités qui se sont refusé d’y aller, de l’autre côté au cas où la Constitution était élaborée et qu’elle était en place, elle s’imposerait à tout le monde. Il peut y avoir des articles qui ne sont pas à leur goût ou des dispositions qui ne leur sont pas favorables », analyse Ibrahima Sanoh, activiste et enseignant chercheur.

Si une Constitution est issue dans ces conditions, elle représente quoi ?  « Elle n’est pas légitime. Même le référendum dans ces conditions, les autres vont boycotter, s’ils boycottent, ils sont les plus importants et une Constitution que vous allez adopter par référendum à minima où le taux d’abstention risque d’être historiquement le plus élevé, ça veut dire que le texte n’est pas légitime, il faut tout reprendre et on aura perdu en temps. Qui sait, si les résolutions qui sont là, prises par des partis qui ne sont pas les plus importants, qui voudraient que quelques-uns soient exclus pour leur faire la part, si cela est fait, c’est la paix qui peut être menacée », analyse notre interlocuteur.

Certains ajoutent tout de même un bémol face à ces craintes. Car selon eux, toutes ces formations politiques ont auparavant envoyé aux autorités de la transition leurs propositions dans des mémorandum.

« Plus d’une fois, nous avons adressé des mémorandums à la junte. Des propositions sont faites sur toutes les questions essentielles qui doivent régir la vie politique et sociale du pays. Ce débat à nos yeux n’est qu’une farce pour nous détourner de l’essentiel « , explique un acteur des forces vives,  la coalition à laquelle sont affiliés le RPG arc-en-ciel,  l’UFDG et l’UFR.

Pour le président de l’UFD (Union des Forces Démocratiques) la question qui préoccupe les partis qui n’ont pas pris part à ce débat, ce sont les garanties à mettre en place pour sortir définitivement la Guinée de ces régimes successifs qui  »piétinent et violent impudemment tous les textes constitutionnels ».

« Pour tout vous dire, nous avons la conviction que le texte qui sortira laborieusement de ce CNT ne sera qu’une Constitution sur mesure, avec des habillages cosmétiques qui ne résoudront aucun des graves problèmes qui préoccupent l’écrasante majorité du pauvre peuple de Guinée, confronté à un éternel recommencement ou à de faux départs constants. Ce ne sera qu’un texte de pure forme, exclusivement destiné à garantir la réalisation des objectifs ultimes du CNRD », a déclaré Mamadou Bâ Baadiko.

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28   

 

Créé le 6 juin 2023 11:52

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