Culture de la pomme de terre à Timbi Madina : Moussa Para Diallo dit tout…

TIMBI MADINA-La culture de la pomme de terre a encore de beaux jours à Timbi-Madina. Depuis plus de 30 ans, cette commune rurale s’est fortement développée dans cette filière. Lors de la précédente campagne agricole, une production record a été enregistrée. Quel a été le secret des paysans ? Quels sont les objectifs de la prochaine campagne ? Africaguinee.com a interrogé Moussa Para Diallo, le président de la fédération des paysans du Foutah Djallon.


AFRICAGUINEE.COM : Timbi Madina est dans la production de la pomme de terre depuis 30 ans maintenant. Cette année elle a enregistré une production record. Comment l’expliquez-vous ?

MOUSSA PARA DIALLO : Il faut dire que cette année, il y a eu un concours de circonstances qui a fait que la production a bien marché. D’abord, c’est la qualité des intrants, ensuite les paysans sont sortis très tôt. A cela s’ajoute l’appui de l’Etat dans la mobilisation des tracteurs, suivie des moyens financiers de l’Etat. Même si c’est à crédit, la banque a pu nous aider à obtenir les semences en quantité suffisante pour tous. L’engrais aussi l’Etat a mis à disposition : toutes ces conditions réunies ont permis d’avoir un record dans la récolte. Évidemment, ce n’est pas facile, vous savez que jusqu’à présent en Guinée, on vend aux tas, donc vouloir donner une estimation juste est difficile. Disons jusque-là, on n’était pas accompagné. Cette année on a senti un véritable accompagnement. Il y a quelqu’un derrière qui nous pousse. Ça c’est très intéressant, si on continue bien sûr et que ça ne soit pas un feu de paille. Mais ce que je vois et les discussions que j’ai avec le gouvernement à travers le ministre de l’agriculture, il est prêt à mouiller le maillot pour les organisations paysannes dans toutes les régions de la Guinée. C’est un bon début.

Moussa Para Diallo

Cet accompagnement de l’Etat avait une condition : rendre le prix du kilogramme de pomme de terre accessible à tous. Le prix du kilos ne devait excéder 7000gnf/kilo de janvier à Juillet 2023. Est-ce que cet engagement a été respecté ?

On avait conclu aussi que les femmes vendeuses allaient échanger le kilo à 6000 Gnf, selon les informations qui me reviennent, ce prix est maintenu sur le marché de Conakry depuis le mois de ramadan au moment où le besoin était énorme. Mais tout est en tas comme je vous le dis. D’autres avantages, avec la production record nous avons pu pénétrer beaucoup de marchés cette année. Ça se vérifie avec les femmes vendeuses de pomme de terre. Celles qui vendaient jusqu’à 25 tonnes par semaine ont pu aller jusqu’à 100 et 125 tonnes au moment des besoins forts. Si une femme vend jusqu’à 125 tonnes, il faut comprendre qu’il y a eu une forte production. A côté, la commercialisation tourne.  La distribution est allée dans de nouvelles zones de consommation qui ont contribué à l’ouverture de la vente. Si avec l’état actuel des choses, le kilo est vendu à 6000 Gnf à Conakry, peut-être à 7000 l’an prochain, ça sera moins encore si de nouveau on a le soutien du gouvernement à travers le ministère de l’agriculture et de l’élevage.

Un champ de pomme de terre
Un champ de pomme de terre

Je pense que c’est déjà lancé parce qu’à ce que je sache, le ministre de l’agriculture nous a demandé le besoin des paysans pour qu’on cultive un peu plus. Ce n’est pas un cadeau mais c’est une bonne chose. Pour la prochaine campagne, il y a des gens qui ont besoin de la couverture intégrale, d’autres ont besoin de tracteurs, une catégorie des motoculteurs. C’est déjà en traitement au niveau du FODA. Je suis certain que c’est sur la bonne voie parce que tout le monde a été interpellé sur la nature de la commande de chacun. C’est une première, il faut féliciter ceux qui s’occupent de ce dossier là et remercier les initiateurs. C’est du jamais vu en tout cas de mon côté. J’ai un peu d’expériences à ce niveau. C’est pour vous dire que c’est un beau boulot.

En dépit des efforts, une triste réalité persiste encore. C’est le problème d’accès dans les zones de production. N’est-ce pas un handicap ?

Je ne dirais pas non plus que tout est rose, mais les pistes sont là. Mais il faut avouer que c’est très dur pour les producteurs surtout quand il s’agit de sortir les récoltes des champs. Ça c’est un handicap majeur mais en toute chose il faut un bon départ. Ce départ est là. Mais il faut rappeler les gens à leur responsabilité. C’est-à-dire que les producteurs doivent se mettre à la production non pas à la spéculation. Avec les commerçantes aujourd’hui, nous avons une trentaine de femmes dans les marchés de Conakry pour distribuer çà et là, la production. C’est une production de qualité que nous avons faite cette année. C’est intéressant. C’est comme ça qu’il faut démarrer quelque chose dans notre pays. Au lieu de se mettre à critiquer partout, voyons les points faibles pour les remplacer par des points forts.

Avec cet élan pensez-vous que l’objectif est à portée de main ?

Nous sommes déjà dans cet élan, c’est comme ça qu’on pourra trouver une solution à l’alimentation de la population. On le faisait avant avec des prêts au niveau des banques primaires avec un taux élevé de remboursement à hauteur de 11,12 ,13 voire 15%. Aujourd’hui c’est une négociation avec un fonds qui nous a permis d’avoir les intrants. L’appui de l’Etat n’est pas un don, c’est vrai mais le taux de remboursement est de seulement 5%. C’est là que c’est intéressant. L’année prochaine encore je ne dis pas qu’on va doubler, mais on va ajouter le tiers des commandes pour booster davantage la production. Par ricochet on va négocier davantage avec les commerçantes pour que plus de marchés soient touchés à Conakry et à l’intérieur du pays. A côté nous allons discuter avec le ministre de l’Agriculture pour que nous ayons les moyens encore pour que ça démarre bien un peu partout à travers le pays.

Image d'illustration

Regardez aujourd’hui le kilo de pomme de terre à 6000 Gnf. C’est un soulagement ! Même ça, je trouve que c’est un peu cher. Je sais que les producteurs vont me condamner parce que certains voudraient spéculer. Juste il faut ramener le kilogramme de pomme de terre à son juste prix pour que tout le monde soit consommateur au moment de la production. On n’aura pas toute l’année pour un début parce qu’on n’a pas de chambres froides partout, nous n’avons pas de grandes superficies cultivables. Ce n’est qu’un début, espérons tout de même que les uns et les autres se mettront à la tâche pour produire plus. Comme je l’ai dit, nous allons encore échanger avec le gouvernement pour le stockage parce que si nous n’avons pas un lieu de stockage de grande capacité toutes les récoltes vont pourrir, nous avons déjà réparé l’ancienne chambre froide à travers ce crédit de l’Etat. Le froid est là, vous avez vu l’engouement au niveau de ces chambres remplies de récoltes. La récolte s’est faite un peu partout, la commercialisation continue.

N’avez-vous pas des craintes en voyant ces quantités importantes stockées dans les chambres froides si n’arrive pas à tout écouler avant la prochaine récolte ?

Vous savez, j’aime bien les difficultés. C’est quand il y a des difficultés qu’on cherche à résoudre les problèmes. Je pense que les autres pays se sont développés comme ça, il faut qu’on accepte, les difficultés sont liées à toute activité, c’est là que nous avons besoin d’accompagnement. Pour relayer déjà le message auprès des consommateurs, des décideurs, des opérateurs économiques pour que désormais les produits guinéens soient vendus sur le marché guinéen, c’est des produits de qualité. C’est vrai, on aura quelques difficultés mais soyez rassurés qu’on va se rabattre. Le ministre de l’agriculture est notre porte-parole auprès du gouvernement pour trouver la solution à nos problèmes.

Un agriculteur dans son stock de récolte

Nous l’avons vu ouvert au dialogue aux discussions pour trouver une solution aux problèmes dans le monde paysan. Il faut aussi qu’on soit tolérant, on va surmonter les problèmes petit à petit. D’ailleurs, nous sommes à une phase très importante. Sinon, à un moment qui pourrait imaginer que le kilo de pomme de terre allait être vendu autour de 6000 Gnf à Conakry ? Certains disaient que c’est du bluff mais la réalité a été vécue, il suffit que chacun joue son rôle pour qu’on soit au rendez-vous.

Des produits importés comme des frites surgelés, les œufs compliquent la tâche aux producteurs locaux. Comment vous remontez la pente ?

C’est vrai, à un moment des femmes sont venues me voir afin qu’on demande à l’Etat de bloquer l’importation des frites surgelés. J’ai écouté attentivement pour dire écoutez on ne va s’aventurer dans ça, ayons confiance à nos productions et soyons prêts pour être compétitif sur le marché. Donc, avec la qualité de production ; nous avons écoulé sans problème. Il ne faut pas s’occuper de son problème et celui des autres, je pense aujourd’hui ces femmes ne se plaignent de rien. Nous n’avons pas ouvert un front avec l’intervention du gouvernement, la qualité de nos productions ont suffi pour faire notre publicité auprès des consommateurs. Les gens ont toujours fait recours à nos sacs de pomme de terre loin du contenu venu dans des cartons ou des emballages. La production naturelle suffit à tout.

Des producteurs de pomme de terre dans leur champ

Les femmes se sont bien battues sur le marché avec les sacs de pomme de terre, aujourd’hui la surgélation de la pomme de terre n’est pas à l’ordre du jour à Conakry. Tout ce qui est consommation, c’est la pomme de terre locale. Elle est de qualité jamais traitée par un produit chimique, elle n’est pas importée ou surgelée mais sortie du directement du champ. C’est ce que consomment les guinéens partout en Guinée. La consommation locale diminue les maladies contrairement à la consommation importée. Personne ne sait avec quel produit chimique on conserve intacte ces aliments ou frites importées. Ayons confiance à ce que nous faisons, ayons confiance aux produits locaux, nous vivrons bien et en bonne santé

Interview réalisée Par Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 28 mai 2023 16:33

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