La « vie d’enfer » des contractuels à Laaɓa Buruwal: «Nous fendons du bois mort pour…»
TOUGUE-Laaɓa Buruwal est un district situé dans commune rurale de Kollagui, préfecture de Tougué, en Moyenne Guinée. Au beau milieu du village, une école vieillissante de 4 salles est construite. Les murs fissurés. Les enfants de la contrée sont formés là. Mais la vie est dure pour les maitres contractuels plongés dans le désespoir. L’État peinant à honorer ses engagements de payer les arriérés de salaires.
Laaɓa Buruwal fait face à de nombreux défis. Parmi ces défis, il y a celui de l’enseignement. Là, deux enseignants contractuels appuyés par la directrice de l’école entretiennent tous les groupes pédagogiques de l’école élémentaire (de la 1ère à la 6ème). C’est le régime multigrade qui est appliqué. A part la directrice de l’école, les deux autres jeunes enseignants sont contractuels. Ils triment depuis de nombreux mois sans salaires.
Avant, ils étaient pris en charge par la communauté : logement, nourriture, salaire. Ces enseignants ont commencé à vivre une descente aux enfers quand le Gouvernement a annoncé que désormais l’Etat à travers les communes les prendra en charge. Pour amoindrir leur souffrance, les parents d’élèves cotisent 2000 FNG chacun pour les soutenir. Ces contractuels vivent une situation lamentable.
Saliou Kanté se débrouillait à Tougué centre, quand le recrutement des enseignants contractuels a été annoncé. Il s’est fait muter à Laaɓa Buruwal pour enseigner. Il ne s’attendait pas à vivre un tel enfer.
« Nous vivons des réalités difficiles, nous travaillons mais nous ne gagnons rien. Je viens de Tougué centre, je suis là sans aucun moyen de retourner voir la famille. On attend d’être payé avec l’annonce du gouvernement. Le déplacement, les documents qu’ils demandent pour la biométrie tout ça a un coût. Au même moment, je tiens 2 classes à la fois. Aujourd’hui, c’est les parents d’élèves qui cotisent pour nous 2000gnf par élèves. Moi j’ai 83 élèves. De temps en temps, j’ai 166 000gnf mais ce montant n’est pas régulier ce n’est ni par semaine encore moins par mois ça dépend de leur humeur. Le plus souvent ça arrive une fois sur 2 mois.
Avec ça, la directrice achète un peu de riz et les condiments pour nous donner à manger. Depuis 2 mois maintenant, c’est sur ces 2000 là que nous comptons. Les parents d’élèves le font par pitié sinon ce n’est pas une obligation pour eux. Cet argent ne couvre pas assez de jours. Vous ne pouvez pas imaginer : à 13H30, à la fin des cours l’enseignant prend une hache pour aller fendre du bois mort, revendre pour assurer le quotidien du lendemain. S’il y a un besoin de déplacement sur Labé, Kollagui ou Tougué c’est compliqué. Notre vie est dure. Je tiens parce que je n’ai pas le choix » révèle Saliou Kanté.
Mamadou Alpha Baldé, parent d’élève comprend parfaitement bien la réalité que vit les enseignants contractuels dans son village. Avec cette situation, il craint la déscolarisation des enfants.
« Partout où posez l’œil c’est un handicap dans ce village, les enseignants sont insuffisants pour couvrir tout. A côté, tous les autres besoins sociaux de base manquent ici. Même les enseignants qui sont là nous les assistons difficilement à travers nos maigres moyens. Les gens n’ont pas d’argent ici et l’éducation des enfants est un droit. Nous craignons que nos enfants soient comme nous, nous n’avons pas eu la chance d’étudier » craint ce parent d’élève
Aissatou Camara, la directrice de l’école n’est pas dans la même situation que ses deux collègues. La fonctionnaire est attristée par les épreuves difficiles que ses collègues traversent.
« Dans mon école, je suis la seule titulaire et les deux autres sont contractuels. En tant que directrice, je suis en situation de classe. Le nombre d’enseignants est insuffisant, nous avons 6 groupes pédagogiques. Chacun de nous gère deux classes à la fois. De la 1ère en 6eme Année avec 204 élèves », confie la directrice
Alpha Ousmane Bah
Pour africaguinee.com
Tel. (+224) 664 93 45 45
Créé le 27 mai 2023 14:02Nous vous proposons aussi
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