Genève : Jugé pour viol, l’islamologue Tariq Ramadan acquitté
L’islamologue genevois Tariq Ramadan a été acquitté ce mercredi 24 mai par le Tribunal correctionnel de Genève. Il était accusé d’avoir violé et contraint sexuellement une femme en octobre 2008 dans un hôtel genevois. La Cour a estimé qu’il n’y avait pas de preuve suffisante contre lui.
Tariq Ramadan recevra par ailleurs environ 151’000 francs de l’Etat de Genève en compensation de ses frais d’avocats. En revanche, le tribunal lui a refusé tout paiement d’une indemnité pour tort moral. La partie plaignante a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait faire appel.
A titre liminaire, le Tribunal correctionnel a souligné qu’il ne lui appartenait pas de se prononcer sur la moralité des faits ni sur les enjeux de société actuels. Il a retenu que le récit de la plaignante était globalement constant et détaillé, même si émaillé de certaines contradictions, mais qu’il n’était corroboré par aucun élément matériel.
Les juges ont également souligné que les déclarations figurant à la procédure constituaient des témoignages indirects. Ils ont mis en évidence le risque élevé de confusion et d’altération lié à l’écoulement du temps, soit près de dix ans, mais également à l’importante médiatisation de l’affaire et aux nombreux échanges intervenus entre la plaignante et plusieurs personnes impliquées dans la procédure française.
« Actes sexuels brutaux »
La plaignante, une femme de 57 ans convertie à l’islam, affirme avoir été séquestrée par le prédicateur et soumise par lui à des actes sexuels brutaux, accompagnés de coups et d’insultes. Elle a quitté la salle avant la fin de la lecture du verdict.
Le premier procureur Adrian Holloway avait requis trois ans de prison, dont 18 mois ferme, à l’encontre de l’islamologue. Il a jugé crédible la version de la plaignante. Selon lui, Tariq Ramadan a profité de son aura pour abuser de sa victime et l’a traitée comme un objet.
« Traquenard »
Le théologien, de son côté, a toujours contesté les faits. Il a reconnu avoir rencontré la plaignante, mais a toujours nié avoir eu des relations sexuelles avec elle, évoquant des « caresses ». Durant son procès, il a dit être victime d’une femme éconduite et blessée.
Selon lui, il s’agit d’un « harcèlement » et d’un « traquenard » pour le salir. « Je ne suis pas violent », a-t-il dit devant les juges. Il n’a admis qu’une erreur, celle de ne pas avoir reconnu immédiatement qu’il entretenait des relations extraconjugales.
Quatre accusations en France
« Brigitte » avait porté plainte en avril 2018, alors que Tariq Ramadan était placé en détention provisoire en France, où il est également accusé de viol par quatre femmes et menacé d’un procès pour ces faits similaires, commis entre 2009 et 2016.
Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d’assises et il appartient aux juges d’instruction d’ordonner un procès ou pas. Le dossier français lui a valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018.
RTS
Créé le 25 mai 2023 13:37Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Tariq Ramadan