Lansana Kouyaté parle : « le dialogue doit continuer pour la paix en Guinée…»

CONAKRY-Dans un entretien accordé ce samedi 20 mai 2023 à Africaguinee.com et dont l’intégralité sera publiée ultérieurement, l’ancien Premier Ministre Lansana Kouyaté s’est exprimé la crise actuelle que traverse la Guinée.
Avec le leader du parti de l’espoir pour le développement national (PEDN) nous avons abordé les sujets brûlant de l’actualité : manifestations de rue, réquisition de l’armée, le brouillage de l’internet, ses relations avec le CNRD. Dans cet extrait, nous vous proposons la lecture de l’ancien Premier ministre sur la réquisition de l’armée.


AFRICAGUINEE.COM : La Guinée connait un regain de tension avec en toile de fond la reprise des manifestations. Selon vous comment sortir de cette crise ?

LANSANA KOUYATÉ : Tout pays passe par des moments d’accalmie, de tranquillité, de paix, mais aussi par des moments de tumultes. Aucun pays n’échappe à ça. Quand on en arrive à ça, il faut simplement trouver les ressources pour amener tout le monde ensemble, de s’asseoir autour de la table. Des pays ont été ainsi éprouvés. Exemple : les Etats-Unis qui se trouvent être aujourd’hui la première puissance mondiale, ont connu une déchirure que rares sont des pays l’ont connu. La guerre de sécession a divisé entièrement les USA. Jusqu’à ce jour, cette guerre laisse des traces, des exclusions et autres.

La Guinée a connu une succession des transitions militaires et au moins un passage aussi une situation civile qui n’a pas respecté l’ordre constitutionnel, c’était en 2020. Maintenant que nous sommes dans une transition, oui tout ce qui se passe peut inquiéter, mais moi je suis moins inquiet. Parce que j’ai mesuré la volonté de ceux que nous avons comme équipe de transition, le CNRD de faire deux choses à la fois. Premièrement, cultiver l’humanisme par rapport aux vaincus. Parce le président renversé (Alpha Condé ndlr) n’a pas fait un seul jour de prison. Ce qui est rare dans un pays où il y a eu un coup d’Etat.

Le président renversé (Alpha Condé, ndlr) était pratiquement dans les mêmes locaux au palais Mohamed V avec le président de la transition. On l’a laissé partir à Dubaï pour des soins, après il est revenu, on l’a logé chez son épouse, il est resté là-bas et il recevait les siens. Quand des contradictions apparemment sont nées parmi les interprétations ou les positionnements de ceux qui sont proches de lui, finalement l’affluence chez lui s’est amoindrie peut-être par son propre vouloir, je n’en sais rien. Mais toujours est-il que dans ça, il est resté dans cette situation lorsque son état de santé apparemment s’est détérioré et on l’a encore envoyé en Turquie. Ça c’est une façon civilisée de traiter un vaincu. On n’a même pas vu ça chez les pays qui parfois apprennent aux autres la civilisation. Ici ça été un coup d’Etat civilisé.

Lansana Kouyaté, président du PEDN

En plus, on n’a pas bondi sur ses ministres pour les foutre en prison, on leur a demandé de déposer leurs passeports, ils l’ont fait et la justice va s’en occuper, ce qui est fait. Il y a eu également la tenue du procès du drame du 28 septembre 2009. Qui pouvait imaginer en peu de temps que ceux qui n’ont pas été jugés pendant 14 ans allaient être jugés ici ? Encore sur le plan des infrastructures, il faut le reconnaitre, mais quand on le dit surtout quand ça vient de moi, les gens ont tendance à dire il est l’homme de… je ne suis l’homme de personne. Nous sommes l’homme de la vérité. Il y a des rues maintenant à Conakry qui ressemblent à des rues d’une ville. La lutte contre la corruption, la CRIEF a été créée mais soumettons-nous aux règles de la République. C’est difficile à dire, je n’aime pas la loi disent certains mais je préfère m’y soumettre pour que tout le monde la respecte. Donc, les crises qui se vivent face à un tel enjeu, à un tel changement sont des crises qui ne sont spasmodiques, c’est comme des spasmes.

Selon vous qu’est-ce qu’il faut pour éviter l’enlisement ?

Ce qu’il faut, ce que nous espérons du CNRD et de la transition. Ils sont venus donner 10 opérations, ça c’est leur baptême pratiquement. Tous les partis politiques ont adhéré à ça, ils ont fait une charte et tous les partis politiques ont adhéré à ça, le CNT a été mis en place. Je crois qu’aujourd’hui que le CNRD doit toujours aller dans la bonne direction. Chaque fois qu’il y a des problèmes, il y en aura, on ne bâtit pas de telles choses, on ne s’engage pas dans telles actions, sans qu’il n’y ait des problèmes, mais sachons raison gardée. N’allons pas jusqu’à jeter le bébé avec l’eau du bain, il faut que nous sachions que le prix à payer à chaque fois que ces contradictions se posent que ce soit entre ceux qui sont dehors (Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré ndlr), c’est d’aller au dialogue. Nous nous étions du dialogue et nous avions dit que le dialogue doit continuer pour la paix de la Guinée et ce dialogue doit continuer même après la transition.

Ces derniers jours, les guinéens sont confronté à une situation inédite : La restriction de l’accès aux réseaux sociaux et des certains médias en ligne. Qu’en dites-vous ?

Le travail des journalistes est de chercher ce qui est vrai. Si les journalistes trouvent que c’est comme ça et qu’ils le prouvent alors que je crois que les autorités eux-mêmes vont en tenir compte. Mais il ne peut pas y avoir une telle marche sans qu’il n’y ait des accrochages par fois, des disfonctionnements. Tout cela se gère. Mais en Guinée dès le premier pas hésitant, on pense que c’est la catastrophe, ne tombons pas dans le catastrophique.

L’autre chose c’est le problème de Sabari FM dont l’émetteur a été dérobé nuitamment et de FIM Fm dont la fréquence est brouillée. Ces deux médias accusent tous les autorités d’en être responsables. Qu’en pensez-vous ?

Ils (Sabari FM et FIM Fm ndlr) n’ont qu’à saisir la justice, elle dira le droit. C’est une justice je vous le rappelle ce à quoi on était habitué ici, cette justice de maintenant a déjà condamné des policiers et je pense un gendarme suite à la mort des certains manifestants.
Ces derniers jours le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation a réquisitionné l’armée pour appuyer la police et la gendarmerie dans le maintien d’ordre lors des manifestations.

Pensez-vous que militariser l’Axe en cette période est la solution pour mettre fin aux manifestations de rue ?

Ce n’est pas la solution idéale mais retenez ceci : je connais suffisamment l’histoire des Nations et de la Démocratie. Quand la Grande Bretagne faisait sa première révolution en 1641 où le Roi Charles 1er a été tué, les anglais étaient rentrés dans le changement républicain. Ça n’a duré que 9 mois. Il y a eu beaucoup d’exactions. Je crois qu’ils se sont ressaisis.

A un moment donné, ils ont mis en place une Constitution. Les gens ne savent même pas que la Grande Bretagne, l’Arabie Saoudite, l’Israël et d’autres pays sont encore dans l’esprit traditionnaliste de la Constitution. Donc, honnêtement la vie est un ensemble. Je crois que la Guinée, tout ce qu’on vit aujourd’hui se conjuguera au passé quand les guinéens seront plus heureux.

Interview réalisée par Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 666 134 023

Créé le 22 mai 2023 15:32

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