N’Zérékoré : « Ils nous ont humiliés…», dixit le patriarche en colère

N’ZÉRÉKORÉ-Le patriarche de Nzérékoré, Lambert Goïkouya Zogbélémou a brisé le silence pour dénoncer la descente musclée des forces de maintien d’ordre à son domicile en début de semaine. Rencontré chez lui au quartier Nakoyakpala, l’autorité morale de Zaly condamne avec la dernière énergie ce qu’il qualifie d’acte d’humiliation contre sa personne. Il est très en colère contre certains dirigeants des services de défense et de sécurité.


Selon nos informations, c’est dans la matinée du mardi 16 mai que les gendarmes ont fait irruption dans les locaux de la notabilité de Nzérékoré. Pendant cette opération, un conseiller et plusieurs autres personnes auraient été arrêtés et jetés en prison par les forces de l’ordre. Interrogé, le patriarche de Nzérékoré revient sur cette scène rocambolesque.

« Ce jour nous étions en réunion quand nous avons aperçu des agents des forces de l’ordre débarquer dans nos locaux. Ils nous ont sommés de nous coucher par terre. C’est ainsi je leur ai demandé ce qui n’allait pas. Ils ont demandé à ce que toute le monde se couche par terre, c’est là j’ai répliqué en disant que moi je ne me coucherai pas par terre en plus je suis le patron de la maison, je suis chez moi. Je leur ai demandé s’ils avaient besoin de quelqu’un, ils ont dit oui. J’ai demandé est-ce qu’ils ont fait une convocation ils ont répondu par le non. Je leur ai dit que votre manière d’arriver chez moi est déplorable donc si c’est moi vous êtes venu chercher, (j’ai tendu ma main) me voici, menottez-moi.

C’est en ce moment qu’ils ont indexé un de nos conseillers en disant c’est lui. Il s’agissait de Blaise. J’ai demandé à Blaise ce qu’il a fait, lui aussi ne savait réellement pas ce qu’on lui reprochait. Ils ont arrêté Blaise en partant avec lui ils ont emporté aussi notre régistre dans lequel nous faisons des prises de notes pour nos réunions en disant : ‘’voilà c’est dans ça même ils font leur recrutement’’. Ils nous ont fait savoir qu’ils ont reçu l’ordre et que c’est arriver à la gendarmerie que nous aurons toutes les explications », relate le vieux Goïkouya.

Et de poursuivre : ‘’Suite à cet incident j’ai tenté d’appeler le président de la délégation spéciale à plusieurs reprises mais il ne décrochait pas. J’ai donc appelé le préfet qui m’a dit qu’ils étaient dans une réunion et qu’il allait passer après. Quelques instants après le préfet m’a rappelé pour me dire qu’il a besoin de moi. J’ai donc pris deux conseillers pour aller à la préfecture. Arrivé là, j’ai trouvé sur place le procureur, le commandant de la 4e région militaire, le directeur régional de la police, le commandant de la gendarmerie, le maire et le préfet lui-même. Ils ont fait comprendre qu’il s’agissait d’une rencontre pour trouver des moyens par lesquels nous pouvons passer pour le maintien de la paix. Ils ont dit qui veut prendre la parole. Le maire prend la parole pour dire que l’affaire de recrutement dont ils sont en train de parler moi je ne suis pas informé. Le patriarche ne m’a pas fait cas.

Le commandant de la gendarmerie pour sa part a dit qu’il a reçu de l’ordre du procureur. Qu’on lui a demandé de faire l’enquête. En réplique je lui ai dit donc votre enquête c’est sur moi qu’elle est axée ? Je leur ai dit voilà je suis là déjà on peut déjà mettre les menottes sur ma main. Le procureur pour sa part a dit qu’ils ont appris que le patriarche est en train de faire un recrutement. Le commandant de la région militaire quant à lui dit avoir reçu deux jeunes qui sont allés le rencontrer pour lui demander si toutefois leur nom existe sur la liste de recrutement que le patriarche a fait. Le patriarche les aurait dit qu’il allait déposer cette liste chez le commandant’’, précise Lambert Goïkouya Zogbélémou.

Revenant sur la genèse de ce problème, Lambert Goïkouya Zogbélémou confie que tout est parti de la mobilisation des jeunes candidats au récent recrutement dans l’armée chez lui. Ces jeunes qui étaient venus en nombre chez lui ont dénoncé la corruption qui aurait gangrené ce recrutement à Nzérékoré et menacé de manifester pour exprimer leur ras-le-bol. C’est là qu’il a pris l’initiative de s’impliquer pour pouvoir calmer les jeunes.

 

 

« Maintenant en ce qui concerne cette affaire de recrutement, je leur ai expliqué que c’est bien moi que des centaines de jeunes qui partaient jusqu’à 700 personnes sont venus rencontrer une fois à mon domicile. Ces jeunes sont venus très en colère pour me voir en disant vous êtes le papa de tout le monde ici. Nous avons fait le concours de recrutement d’intégration dans l’armée on a fait tous les tests jusqu’au test écrit, voilà qu’ils nous ont mis à l’écart pour prendre leurs connaissances, leurs enfants pour les intégrer à notre place. Vu qu’ils étaient assez en colère et qu’ils menaçaient de marcher pour revendiquer, je les ai calmé et je leur ai dit : si vous avez des preuves, allez y faire votre liste et choisissez 3 représentants parmi vous qui vont venir me voir, ensemble nous irons rencontrer le commandant, c’est lui qui est mieux placé pour expliquer le processus de recrutement. Mais je les ai dissuadé de prendre l’option des manifestations en leur disant que nous ne voulons pas d’attroupement. Donc c’est seulement avec les 3 représentants qui devaient venir pour mener ces démarches.

Après cette conversation les jeunes m’ont compris ils sont allés faire la liste ils sont venus déposer à mon niveau avec une revendication dans laquelle ils dénoncent la fraude qui a miné le recrutement dans la région. Dans la revendication, ils ont même mis quelques preuves par rapport aux personnes qui auraient remplacé d’autres qui ont été admises à ce test à Nzérékoré. J’ai donc envoyé deux de mes conseillers pour aller rencontrer le commandant de la quatrième région militaire. C’était pour prendre rendez-vous avec lui. Arrivé sur les lieux mes conseillers ont tout fait, ils n’ont pas eu accès. Ils sont revenus me faire le compte-rendu, à mon tour j’ai appelé le préfet. Il s’est déplacé pour venir me voir à la maison. Je lui ai expliqué tout ce qui s’est passé. Je lui ai même présenté la liste. Il m’a dit juste après là qu’il allait aller rencontrer le commandant. Je ne sais plus ce qui s’est passé, après c’est la gendarmerie qui débarque chez moi. Mais la manière est trop déplorable. Moi-même je suis un ancien agent de maintien d’ordre mais ce qu’ils ont fait ici là je n’ai pas l’habitude de voir ça », déplore le colonel à la retraite.

Suite à l’opération des forces de l’ordre au domicile du patriarche, des personnes ont été interpelées dont un conseiller. Ces personnes seraient libérées après avoir passé une nuit en prison. Le patriarche de Nzérékoré condamne avec la dernière énergie cet agissement.

‘’J’ai demandé au préfet de libérer notre conseiller et les personnes qu’ils ont interpellé. Il y a des enfants qui ont été arrêtés dans une prestation où ces derniers faisaient la saisie. Ils ont même ramassé les ordinateurs dans la prestation mais ils nous ont fait comprendre qu’ils ont libéré ces personnes et restitué les ordinateurs qu’ils avaient pris.

C’était une conspiration contre moi. Tous parlent le même langage contre moi c’est une manière de me ridiculiser, ils se sont moqués de moi. Après la rencontre le commandant régional de la gendarmerie a dit au procureur on a déjà vu vers où le vent est en train de souffler. On continue l’enquête ou bien on s’arrête là parce que si l’enquête continue je dois arrêter le patriarche. Le procureur n’a pas répondu. Ça veut dire qu’il veut qu’on continue. Mais je lui demande d’arrêter. S’ils ne sont pas venus ici pour faire la paix, nous avons compris.

Je demande à la population de Nzérékoré de se calmer c’est vrai que la dignité du patriarche a été touchée. Mais je demande à tout le monde de se calmer. Ce que nous voulons leur dire, ils m’ont humilié mais si nous sommes dans la vérité il faudrait que leur hiérarchie leur montre que ce qu’ils ont fait, ce n’est pas bien et qu’ils ont très mal fait’’, martèle Lambert Goïkouya Zogbélémou, patriarche de Nzérékoré.

A suivre…

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant régional d’Africaguinee.om

A Nzérékoré

Créé le 20 mai 2023 16:01

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