Crise guinéenne : Pourquoi la médiation des religieux a échoué ?

CONAKRY- Le vent d’espoir qu’avait suscité la médiation des religieux vient de s’estomper avec la décision prise par les forces vives de quitter la table de discussions. Ce, après deux mois de négociation infructueuse.


Les messages d’optimisme qui sanctionnaient chaque rencontre au centre islamique de Donka, ne reposaient en réalité sur rien de concret. Le statu quo est resté intact jusqu’au jour où les forces vives ont décidé de claquer la porte, a-t-on constaté.

C’est une décision qui était d’ailleurs attendue. Car les deux protagonistes n’ont pas réussi à faire les concessions nécessaires pour trouver un terrain d’entente. L’objectif de ces discussions préliminaires étaient de favoriser l’ouverture d’un véritable dialogue sur la conduite de la transition, en vue de favoriser un retour à l’ordre constitutionnel apaisé. L’on a assisté hélas à un retour à la case départ. Dès lors que de nouvelles manifestations sont projetées.

En entamant cette médiation, les leaders religieux savaient qu’ils avaient fort à faire. Tellement que les positions étaient tranchées dans les deux camps. Avant de renouer le contact avec la junte, les forces vives avaient agité son arme fatale : les manifestations. Cette entité s’est finalement ravisée pour donner une chance à la médiation sous la houlette des prélats. Une médiation qui n’a pas produit l’effet escompté. Pourquoi a-t-elle échoué ?

Dans la foulée de l’annonce de leur départ de la table des discussions, les forces vives se sont empressées à indexer le coupable. Selon elles, cet « échec est imputable » autorités de la transition, accusées de jouer la montre.

« Nos préalables étaient bien connus à l’avance : levée des contrôles judiciaires, libération des leaders du FNDC, retour des exilés politiques, levée de la suspension des manifestations. Depuis environ deux mois, on a fait du surplace, le Gouvernement n’a pas bougé même d’un iota alors que de l’autre côté il continue de dérouler son agenda tranquillement. Qu’est-ce qui coûtait au Gouvernement de lever les contrôles judiciaires sur les leaders ne serait-ce que ça ?

S’il avait une once de bonne foi, rien ne l’empêchait. Or, nous avons une pression de la base derrière. Vous comprendrez que dans ce cas, on ne peut pas continuer à cautionner ce jeu de dupes. Nous comprenons bien les religieux, ils ont beaucoup fait, mais un moment donné il faut qu’on se prenne au sérieux », confie un acteur des forces vives de Guinée.

Les deux parties ont achoppé autour de ces préalables des semaines durant. Mais au fond, Dr Bernard Goumou qui a juré de faire tout ce qui est de son mieux pour faire bouger les lignes a lui aussi rencontrer des obstacles, nuance une autre source. « Lorsqu’il a voulu prendre les choses en main pour donner une certaine célérité au traitement de certains dossiers judiciaires, on a vu la réaction de Charles Wight. C’est un monsieur qui est imprévisible. Pour éviter un scandale, le Premier ministre a mis balle à terre », analyse un acteur de la société civile.

Pour d’autres acteurs la cause de l’échec de cette médiation est à voir ailleurs. « L’objet de la négociation proprement dite tourne autour des questions judiciaires liées aux activités de la CRIEF. En toute logique, ces genres de discussions ne devraient pas être dans un Etat de droit », tranche Bah Oury.

Focus Africaguinee.com

Créé le 2 mai 2023 19:28

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