Le mouvement syndical met la pression sur la junte : « Il faut que les négociations s’ouvrent rapidement… »

CONAKRY- Ce 20 avril 2023, le Mouvement Syndical Guinéen composé de onze centrales, a déposé une plateforme revendicative sur la table des autorités de transition. Les leaders syndicaux exigent la revalorisation de la valeur monétaire du point d’indice à hauteur de 100% pour toutes les catégories des fonctionnaires et pensionnés, la majoration des indemnités de logement et de transport de 500 000 FG chacune, la fixation de la prime de départ à la retraite de 2 mois à douze mois et faire le paiement à temps de ladite pension, la facilitation de l’obtention des documents administratifs biométriques et revoir à la baisse les prix de la carte grise et de permis de conduire des engins roulants.


Qu’est-ce qui motive réellement cette revendication ? Quelles sont les attentes des syndicalistes vis-à-vis de la junte au pouvoir ? A quand le début des négociations proprement dites ?

Pour répondre à toutes ces interrogations, Africaguinee.com a interrogé le président de la commission de négociation nationale syndicaliste du mouvement. Interview.

AFRICAGUINEE.COM : Le mouvement syndical guinéen vient de transmettre au Gouvernement une plateforme revendicative axée sur cinq points. Qu’est-ce qui a motivé cette action ?

ABDOULAYE BARRY : C’est dans le cadre du respect du protocole d’accord qu’on a signé au mois d’avril 2022 avec le Gouvernement. Les négociations salariales devraient reprendre en avril 20. Donc, c’est dans ce sens que nous avons déposé la plateforme revendicative. Nous avons été reçus par le ministre du Travail (Julien Yombouno ndlr) et les cadres de la fonction publique qui nous ont demandé de leur accorder du temps afin qu’ils puissent se référer au premier ministre pour avoir un mandat de discuter officiellement avec nous. Donc, c’est ce que nous attendons pour aller autour de la table des négociations.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis des autorités de la transition ?

Nous attendons à ce que ces points soient appliqués parce que les travailleurs de tous les secteurs souffrent actuellement. Depuis plusieurs années, il n’y a pas eu une augmentation salariale que ce soit dans le secteur public ou privé. Ça ne va pas du tout ! C’est pourquoi nous avons demandé une augmentation salariale en faveur des fonctionnaires et des retraités du point d’indice à hauteur de 100%. Exemple : pour les fonctionnaires qui ont un salaire de base de 800.000 Gnf, ils doivent percevoir 1. 600 000 Gnf. Nous avons demandé également que tous les travailleurs du secteur privé aujourd’hui puissent avoir 70% d’augmentation sur leur salaire de base.

Nous avons tenu en compte des travailleurs qui sont à la retraite dans le secteur privé au niveau de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale qui sont payés aujourd’hui à 11% sur le salaire brut, nous voyons ça très petit. Et nous voulons que cela soit payé au moins à 50% parce que les fonctionnaires sont payés aujourd’hui à 80% de leur dernier salaire. Donc nous avons demandé à ce que tous ces points là soient revus.

L’autre point, c’est l’obtention des documents administratifs biométriques des travailleurs, notamment la carte d’identité nationale. Les travailleurs souffrent. Il faut que l’Etat les accompagnent, l’Etat peut donner gratuitement ces cartes d’identité nationales. Pourquoi l’Etat ne peut pas revoir les prix des plaques d’immatriculation ? Aujourd’hui on ne peut pas revendre une plaque d’immatriculation à deux millions Gnf pendant qu’un travailleur n’a pas deux millions Gnf comme salaire. Où est la justice sociale dans ça ? C’est pourquoi nous avons demandé à ce que tout cela soit revu à la baisse pour soulager les travailleurs guinéens.

Est-ce qu’on vous a donné une date pour l’ouverture des négociations ?

Ils nous ont demandé de leur donner le temps au plus tard le 15 mai. Mais nous avons automatiquement rejeté cette proposition. On a dit que nous ne sommes pas d’accord, il faut que les négociations s’ouvrent rapidement pendant ce mois d’avril même si c’est la première séance pour qu’on puisse au moins respecter le protocole d’accord qu’on avait signé.

Peut-on s’attendre à une grève si vous n’êtes pas entendus ?

On n’est pas arrivé à ce niveau d’abord parce que nous sommes des syndicalistes et nous n’aimons pas se projeter dans ‘’si’’. Mais ce qui reste claire, en matière de syndicalisme c’est les travailleurs qui décident. Nous allons rendre compte au fur et à mesure aux travailleurs de la situation des négociations. Aujourd’hui, nous avons mis en place une commission de négociation nationale syndicaliste que je préside. Donc, nous allons faire le compte rendu de chaque négociation à nos secrétaires généraux des différentes centrales et aussi nous allons appeler des assemblées générales pour faire le compte rendu aux travailleurs. Maintenant, c’est aux travailleurs d’apprécier et d’en décider en conséquence.

Nous demandons à l’ensemble des travailleurs (euses) de rester sereins, soudés et mobilisés pour l’intérêt de cette plateforme revendicative. Ce qui est important aujourd’hui c’est d’unir le mouvement syndical guinéen autour d’une unité d’action syndicale allant dans le sens de l’intérêt des travailleurs. Qu’ils comptent sur le mouvement syndical guinéen parce qu’ensemble nous pourrons arriver au bout du tunnel. En plus, évitons la division à tous les niveaux pour qu’on puisse obtenir une victoire pour l’intérêt des travailleurs(euses) guinéens.

Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 666 134 023

Créé le 25 avril 2023 11:01

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