Conakry : la détresse de Cellou, victime du troisième mandat

CONAKRY- Âgé de 56 ans, Mamadou Cellou Diallo est l’une des victimes des violences postélectorales de la présidentielle de 2020, un scrutin controversé au bout duquel l’ex président Alpha Condé avait décroché au forceps son troisième mandat contesté. Au moins cinquante morts avaient été répertoriés dans le sillage de la contestation contre les résultats.


Cette victime avait reçu une balle chez lui à Bambéto, le 21 octobre 2020, au lendemain de l’élection présidentielle. Ce père de famille est aujourd’hui complètement paralysé. Rencontré ce jeudi 13 avril 2023, Mamadou Cellou Diallo relate sa peine. Alors que l’audition des victimes du régime déchu a commencé, M. Diallo ne peut pas se déplacer pour aller vers les enquêteurs. Il lance un appel à l’aide et réclame justice pour toutes les victimes de ces violences.

« C’est le 21 octobre 2020, aux environs de 16h que des policiers se sont introduits dans notre concession à Bambéto et m’ont tiré dessus. Dès qu’ils ont ouvert le feu, j’ai senti la balle dans ma cuisse. Soudain, je suis tombé sur place. Je n’étais pas la seule victime ce jour. Une de nos voisines avait également été touchée par balle à l’abdomen. Après avoir tiré sur elle, les policiers ont arrêté son mari. Le monsieur était couché dans sa chambre où ils sont allés le cueillir. Ils l’ont fait passer devant sa femme qui agonisait à terre et moi qui étais couché à côté.

Quand ils l’ont sorti dehors, ils lui ont demandé de salir ses mains afin qu’ils puissent dire qu’il faisait partie des gens qui jetaient des cailloux sur la route. Le monsieur a carrément refusé. C’est ainsi qu’on l’a embarqué pour l’amener au commissariat de police de Bonfi. Quand les policiers ont quitté, ma femme est sortie de la maison pour appeler des secours. Les gens sont venus, on nous a transporté à l’hôpital. Ce jour, difficilement on a pu arriver à Ignace Deen puisqu’il y avait beaucoup des barrages, c’est des bérets rouges qui étaient sur la route.

Arrivés à l’hôpital Ignace Deen, on a trouvé le même problème. Il y avait des agents qui étaient postés à toutes les entrées et empêchaient les blessés d’avoir accès à l’hôpital.  Difficilement nous avons pu entrer aux urgences afin d’avoir les premiers soins. Ce jour, les forces de sécurité entraient même dans l’enceinte de l’hôpital pour arrêter . A un moment donné, on n’acceptait même pas que les blessés aient accès. Tout le monde était traumatisé.

Le mercredi, puisque les arrestations continuaient, on a quitté l’hôpital pour rentrer chez mon neveux Thierno Soulayemane à Démoudoula. C’est ainsi que toute la famille s’est mobilisée et a cotisé pour ma prise en charge. Le jeudi on m’a amené à Bonfi dans une clinique. Le lendemain, vendredi 23 octobre 2020, on m’a opéré », relate cette victime des violences post-électorales de la présidentielle de 2020.

« Depuis ce jour jusqu’aujourd’hui, je ne peux rien faire, même pour me mettre à l’aise, je ne peux pas aller dans les toilettes.  Je fais tout là où je suis couché. C’est ma femme qui m’aide. Je souffre énormément, je ne peux pas me lever ni m’arrêter. Je ne peux pas non plier mon pied encore moins remuer mes orteils.

Mais grâce à Dieu, tous les membres de ma famille s’occupent très bien de moi. Je les remercie infiniment d’où qu’ils se trouvent à travers le monde. Parce que c’est grâce à eux que suis là jusqu’à présent. C’est eux qui me nourrissent, me logent, me soignent…depuis le 21 octobre 2020 », a lancé Mamadou Cellou Diallo qui demande « justice pour toutes les victimes de cette barbarie ».

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : 00224 666 134 023

Créé le 14 avril 2023 15:51

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