Crise guinéenne : Pourquoi la médiation des religieux s’enlise ?
CONAKRY-Plus d’un mois après l’ouverture des pourparlers entre les religieux, le Premier ministre et les forces vives, peu d’avancées allant dans le sens d’un dénouement de la crise ont été enregistrées. L’on a plutôt l’impression que les protagonistes continuent de « jouer au chat et à la souris ». Résultat, la médiation des prélats s’enlise. Pourquoi les lignes peinent-elle à bouger véritablement ? Africaguinee.com a enquêté. Explications.
Les conclaves se succèdent et ressemblent au centre au centre islamique de Donka. Il n’y a toujours pas de fumée blanche qui se dégagent pour sortir de la crise. Les forces vives et le gouvernement se crêpent les chignons autour des préalables, qui feront d’ailleurs l’objet d’un nouveau débat ce mercredi 12 avril 2023. Mais face à l’enlisement, certains membres de l’équipe des médiateurs commencent à se lasser.
« A vrai dire, aucun développement n’a été enregistré. Ce sont les promesses qui ont été faites… », glisse laconiquement un leader religieux actif dans les négociations depuis le début des pourparlers.
Parmi lesdits préalables posés par les forces vives, il y a la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés avec une garantie de non poursuite, la levée des contrôles judiciaires qui planent sur certains acteurs etc. La junte est-elle prête à fléchir ? Il y a des signes qui ne trompent pas. Dr Bernard Goumou se trouve confronté à un blocus interne, d’après un activiste de la société civile. Celui-ci fait remarquer que le Premier ministre qui était souvent accompagné d’une grande délégation auparavant, se présente ces derniers temps au lieu de pourparlers, esseulé.
« Au début il venait avec une forte délégation gouvernementale au processus de négociations. Mais actuellement, il est seul avec son cabinet de la Primature qui participe aux échanges sur les préalables des forces vives », indique un acteur clé des différentes rencontres.
Des bâtons dans les roues de Bernard Goumou ?
Le Premier ministre qui se bat comme un beau diable pour la réussite des négociations, risque de se retrouver seul, sans forces et sans appui de la part de ses pairs, alerte notre interlocuteur. Selon lui, Bernard Goumou affiche un engagement ferme à faire face aux préalables évoqués, mais au sein du gouvernement et du CNRD tous ne seraient pas d’accord.
« Quand Abdoul Sacko a été arrêté, Bernard Goumou était très irrité. Il a demandé pourquoi cette arrestation alors que les négociations avaient débuté ? Quand il est sorti de la salle des négociations, il est allé directement à la gendarmerie. Là, le PM a dit ceci : ‘’c’est quelle sorte de bordel vous êtes en train de faire ? J’ai ouvert les négociations vous êtes en train d’arrêter les gens…’’ C’est ainsi qu’il a ordonné qu’on libère Abdoul Sacko », révèle notre source.
« A la réunion, le Premier ministre nous disait clairement que malgré les obstacles internes, il va se battre pour satisfaire à nos revendications. Mais qu’il nous rassure déjà qu’il y a des revendications qui seront traitées sur la table et d’autres, sous la table. Ceux qui se sont constitués en obstacle, exigent que le cadre de dialogue mis en place par le président soit le cadre juridique pour les forces vives et les membres du CNRD, du gouvernement. Alors que l’une des exigences des forces vives, c’est que le dialogue doit être présidé par la CEDEAO. Mais nous ne sommes pas tellement catégoriques là-dessus », poursuit-elle.
Le cadre de négociations tel qu’il se déroule au centre islamique de Donka, devait être normalisé et le rendre juridique, a suggéré l’activiste de la société civile : « Le fait qu’on se retrouve à Donka pour discuter des préalables des forces vives, nous a convaincus. On est à l’aise dans ce sens… »
Une nouvelle rencontre est prévue ce mercredi 12 avril à 14 heures au centre islamique de Donka entre les différentes parties. Cette rencontre sera cruciale. « Si les lignes ne bougent pas dans le sens souhaité, on envisagera d’autres actions. Il faut qu’on arrête ce jeu d’enfants parce que nos préalables sont connus de tous, et ce, depuis belle lurette », prévient un autre membre des forces vives.
Les yeux sont rivés vers le centre islamique de Donka. « On aurait souhaité obtenir les concessions nécessaires pour aller à l’essentiel. Le Dialogue. Mais si le blocus persiste, après le ramadan ça va barder », avertit un acteur politique.
Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com
Créé le 12 avril 2023 12:13Nous vous proposons aussi
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