Georges Soros : Une « cible » sur tous les continents…
Mardi 4 avril, New-York. Donald Trump doit comparaitre devant tribunal pénal de New York. L’ancien président est inculpé dans une affaire de fraude liée à de l’argent versé en 2016 à une star du porno, Stormy Daniels.
Le milliardaire clame son innocence et assure être victime d’une « chasse aux sorcières » orchestrée par les démocrates du président Joe Biden, qui lui aurait « volé » sa victoire à la présidentielle de 2020. Pour bon nombre des soutiens de l’ancien dirigeant, toute cette affaire est un complot fomenté par un seul homme : Georges Soros.
Un magistrat « choisi et financé par George Soros ».
Les pro Trump l’accusent notamment d’avoir influencé le procureur de Manhattan qui a inculpé leur idôle, Alvin Bragg. Ce magistrat afro-américain classé à gauche est arrivé à la tête du parquet de Manhattan en janvier 2022. Il a aussitôt tenté d’appliquer son programme réformiste et progressiste, notamment pour éviter des peines de prison pour les petits délits pénaux.
George Soros, qui finance des organisations considérées comme progressistes, avait donné un million de dollars à une association, Color of Change, oeuvrant à davantage de diversité dans la magistrature et le système judiciaire américain. De fait, cette organisation avait soutenu la campagne électorale de M. Bragg pour le poste de procureur du parquet de l’État de New York pour la juridiction de Manhattan.
L’appui même indirect de Soros a suffi à ce que Donald Trump, sans aucune preuve du moindre lien direct, accuse le magistrat d’avoir été « choisi et financé par George Soros ». Les élus et partisans républicains les plus acharnés du 45e président des États-Unis (2017-2021), lui aussi milliardaire, ont ainsi agrémenté leurs tweets de raccourcis et de piques tels que Alvin Bragg « soutenu/financé par Soros » quand ce n’était pas « le procureur Soros ».
Des fact checkeurs issus de médias américains ont mis au jour le fait que moins de la moitié de ce million de dollars a été dépensée par Color of Change pour soutenir M. Bragg.
“Soros incarne l’élite maléfique mondialisée”
Juif hongrois né à Budapest en août 1930, George Soros a survécu à l’occupation nazie de son pays et à l’Holocauste, avant de partir aux États-Unis. C’est dans le pays de l’Oncle Sam qu’il va faire fortune dans la finance à partir des années 1970-1980. Il a ensuite spéculé contre la livre et la banque d’Angleterre dans les années 1990.
« Les théories du complot se construisent autour de l’idée qu’il existe de puissantes forces qui échappent à notre contrôle et qui agissent pour le compte d’+élites mondialisées+ afin de cacher la vérité aux peuples », explique à l’AFP Joshua Tucker, codirecteur du Center for Social Media and Politics de la New York University.
« En l’espèce, Soros incarne l’élite maléfique mondialisée », déplore le spécialiste.
Avec une « dangereuse » dose, au sein du « parti républicain, d’antisémitisme contre George Soros », dénonce sur Twitter le groupe juif américain de gauche J Street.
Une cible sur tous les continents
Mais bien avant la comparution de Donald Trump devant la justice américaine en avril, Georges Soros a déjà été la cible de complotistes. Notamment parce qu’il finance depuis longtemps des projets promouvant la transparence et la démocratie. Un engagement qui fait de lui l’épouvantail des groupes extrémistes et de la frange la plus dure du parti républicain aux États-Unis. Le pays est polarisé à l’extrême depuis l’irruption du populiste Donald Trump.
Ces accusations vont bien au-delà des frontières américaines. De l’Europe à l’Asie et à l’Amérique, des influenceurs d’extrême droite sur les réseaux sociaux accusent Soros de financer un « grand remplacement » des Américains blancs par des populations de couleur. Quand le milliardaire n’est pas brocardé pour prétendument favoriser l’immigration, les troubles sociaux et civils, ou le multiculturalisme.
L’intéressé, lui, a déjà été entendu par la justice de plusieurs pays dans différentes affaires. Accusé de corruption, il comparaissait encore très récemment devant un tribunal helvète à Genève en Suisse dans le cadre d’un procès qui l’oppose à un autre milliardaire : Beny Steinlmetz. les deux hommes s’écharpent au sujet d’exploitations minières en Guinée. Si le premier a écopé en première instance de cinq ans d’emprisonnement pour corruption et falsification de documents, le miliardaire hongrois, lui, n’a pour l’heure jamais été condamné.
TV5
Créé le 10 avril 2023 19:06Nous vous proposons aussi
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